Chroniqueurs, journalistes, éditorialistes, commentateurs, bref, tous ceux qui suivent de près la scène du hockey de la LNH, entrent maintenant dans une semaine qui risque d’être des plus fertiles..
D’abord, on confirmera la venue d’une nouvelle équipe le 22 juin, une 31, qui sera installée non pas à Québec, mais à Las Vegas. Et le soir où les Québécois fêteront Saint-Jean-Baptiste, tous les bonzes de la LNH seront réunis sur la patinoire des Sabres de Buffalo, couverte de contre-plaqué, pour la séance de repêchage amateur 2016.
Un peu comme à chaque saison, on nous promet de l’action… mais cette année, de l’action, il y en aura. Beaucoup d’hommes de hockey travaillant dans les équipes de la LNH estiment que la séance de repêchage de Buffalo sera fertile en mouvements de personnel.
D’abord puisqu’il s’agira de l’occasion pour les Maple Leafs de sélectionner un joueur d’exception, Auston Matthews, qui devrait transformer cette formation. Mais aussi parce que les sept équipes canadiennes, dont le Canadien, seront groupées parmi les 12 premiers échelons du repêchage lors du début de la première ronde vendredi soir.
C’est connu, les attentes sont élevées dans ces sept villes canadiennes. Les insuccès des derniers mois amèneront une certaine pression chez les dirigeants de ces équipes situées au nord de la frontière canado-américaine.
À Montréal, on le sait, Marc Bergevin jouera probablement un des plus gros matchs de sa carrière. La dernière saison fut tellement décevante que les partisans s’attendent à voir leur directeur général bouger. Le CH bénéficie d’une carte intéressante, soit la 9 sélection. Pour les recruteurs de la LNH, un choix dans le top 10 fait saliver.
Maintenant, le CH se trouve à la croisée des chemins avec un groupe de joueurs-clés, comme Price, Subban et Pacioretty, qui seront bientôt à l’aube de la trentaine. Ces joueurs se retrouvent dans leur « prime », la fameuse « fenêtre. » C’est là où Marc Bergevin doit tirer les bonnes cartes pour ajouter autour de ces trois joueurs des éléments qui sauront faire du Canadien une équipe menaçante pour ses adversaires directs l’an prochain.
Lors de son bilan de fin d’année, Bergevin fut peu bavard, mais on le comprend, car personne n’aime dévoiler son jeu à l’avance. Par contre, à travers les autres villes du circuit Bettman, d’autres sont beaucoup plus bavards; le Canadien est actif, il parle et tentera de bouger.
Quelques options s’offriront au Tricolore. D’abord, puisque pour une rare fois, un Québécois est répertorié parmi les 5 premiers espoirs, cela vaut la peine d’y jeter un œil. L’ailier gauche Pierre-Luc Dubois, à 6’3’’, 300 livres, et possédant les qualités d’un joueur intelligent, déterminé et combatif, fait saliver certains recruteurs du Tricolore. Cependant, le Canadien devra faire quelques bonds devant s’il souhaite vraiment mettre la main sur le jeune Dubois.
Prenons pour acquis qu’Auston Matthews pourrait se retrouver à Toronto et que les Finlandais Laine et Puljujarvi seront les sélections de Winnipeg et Colombus. Des équipes comme Edmonton, Vancouver et Calgary seront aux aguets si le jeune Dubois est disponible quand elles parleront. Là où ça devient intéressant pour ce trio est que les insuccès ont amené des attentes. Au Canada, c’est dans l’immédiat qu’on veut gagner.
Les Oilers ont déjà annoncé leurs couleurs : ils seraient prêts à troquer ce choix pour améliorer leur équipe et participer aux séries. Et même s’ils furent très discrets jusqu’à présent, il ne faut pas sous-estimer les ambitions des Flames et des Canucks pour atteindre le plus rapidement possible les séries.
Les dix premiers espoirs répertoriés cette année seront des joueurs de qualité. Mais il y aura aussi, en raison d’un plafond salarial qui n’a pas augmenté au goût des directeurs généraux, quelques joueurs-clés dans les équipes aux prises avec des problèmes de conformité avec le plafond.
L’autre variable intéressante qui ajoutera du piquant à la séance, est que l’arrivée les Black Knights de Las Vegas, forcera une bonne partie des équipes à déjà planifier le repêchage d’expansion. Un repêchage, qui selon la formule adoptée il y a quelques semaines, fournira des joueurs intéressants à cette nouvelle équipe. Déjà, Marc Bergevin devra y penser. Il devra planifier et organiser son équipe en fonction de ce qu’il devrait être obligé de laisser aller en vue de cette séance de repêchage d’expansion, qui aura lieu dans un an.
Le championnat des Penguins de Pittsburgh aura aussi des répercussions intéressantes vendredi soir, sur le parquet, à Buffalo. Les champions de la Coupe Stanley ont bridé un alignement gagnant en faisant quelques transactions assez audacieuses, qui les ont menés au succès. Même le très mal-aimé et surpayé Phil Kessel, a démontré qu’il est possible qu’un risque paye. En ce sens, Marc Bergevin, qui a souvent déçu les amateurs québécois en expliquant qu’il était presque impossible de réaliser des transactions, se retrouve maintenant dans une situation où il devra livrer.
Les Penguins – avec le directeur général Jim Rutherford dont la cote avait considérablement baissé au cours de ces dernières années en Caroline – ont réussi à améliorer leur équipe en ajoutant les bonnes pièces aux bons endroits. Noud avons souvent parlé de caractère chez le Canadien. À titre d’exemple, on a beaucoup parlé de Phil Kessel et de Nick Bonino lors des séries à Pittsburgh, mais on n’a pas souvent souligné l’impact de Patrick Hornqvist avec les Penguins, un joueur qui a enfin permis à Sidney Crosby de s’épanouir à nouveau. Le Canadien doit trouver son Patrick Hornqvist.
Un règlement permet aussi aux directeurs généraux d’entamer des pourparlers préliminaires avec de possibles agents libres. Des joueurs qui vraisemblablement ne signeront plus d’entente avec leur équipe actuelle. Dans cette liste, le Canadien trouvera-t-il son compte?
Des patineurs comme Troy Brouwer des Blues de St-Louis, David Backes, le capitane de cette même équipe, Milan Lucic, encore avec les Kings, et Kyle Okposo, représenteront les prises les plus convoitées le 1 juillet.
C’est connu, si Marc Bergevin s’intéresse à l’un deux, la réalité du Canadien c’est : payer un peu plus et donner plus d’années que leurs compétiteurs. Malheureusement, dans l’entourage de l’équipe, tous savent que les insuccès de l’an dernier éloigneront le Canadien du champ d’intérêt de certains joueurs autonomes. Par contre, des joueurs comme Brouwer et Lucic, qui peut représenter un risque un peu plus élevé, pourraient changer la face du Canadien.
Le premier choix du Canadien, 9 au total, constitue aussi une monnaie d’échange intéressante. Le Canadien peut sauter quelques étapes en monnayant ce choix pour acquérir un patineur capable de les aider dans le présent. Même si le jeune Dubois représenterait une acquisition attrayante, le Canadien a besoin d’un joueur à son meilleur, et maintenant. Il faut éviter que la fameuse fenêtre, c’est-à-dire l’opportunité que représente le trio Subban-Pacioretty-Price, d’accéder à un championnat, se ferme sans que Marc Bergevin ait pu maximiser.
La dernière saison a laissé un gout amer, pas seulement chez les partisans. La haute direction de l’équipe, donc le propriétaire Geoff Molson, s’attend à beaucoup mieux, et les gens concernés en ont été informés implicitement. C’est pour cela qu’il sera intéressant de voir, arrivé au 9 échelon vendredi soir, si le CH aura toujours ce fameux choix en main.
P.K. fait encore parler de lui
Il existe encore quelques bruits de coulisses provenant des quatre coins de la LNH concernant l’avenir de P.K. Subban à Montréal.
Il serait de notoriété publique que le joueur-vedette du Canadien pourrait activer une clause de non-échange à son lucratif contrat en juillet prochain. Serait-ce sérieux? Honnêtement, je ne souhaite pas voir P.K. quitter Montréal, c’est un joyau, surtout sur la patinoire et presque autant en dehors. Un jeune homme avec lequel il n’est pas toujours facile de vivre, mais un compétiteur né. Même si ça ne plaît pas au public d’entendre ou de lire ces mots, il est du devoir de Bergevin de s’informer de la valeur de Subban auprès de ses collègues directeurs généraux. Cependant, la lourdeur du contrat de Subban élimine bien des possibilités.
Le départ de Patrick Roy a créé un gouffre sans précédent dans l’organisation. Même si Subban ne revendique pas les mêmes accomplissements que Patrick Roy à l’époque, quand on fait ce genre de transaction, il ne faut surtout pas se tromper. Le départ de Roy a coûté des millions aux propriétaires du Canadien. Je ne crois pas qu’il y ait une volonté réelle de la part de la direction du CH de se départir de P.K. Il reste une pièce maîtresse du casse-tête, mais sait-on jamais, Bergevin va continuer d’écouter.
Quelle finale!
Les Penguins de Pittsburgh ont littéralement propulsé leur jeu vers les grands sommets lors de la grande finale. La marque des équipes championnes. Conduits par un Sidney Crosby inspiré et un jeune gardien de but surdoué, les Penguins ont paralysés les joueurs des Sharks. Les Thornton, Marleau, Pavelski et compagnie ont malheureusement plafonné lorsque la finale s’est mise en branle.
L’entraîneur gagnant, Mike Sullivan, n’a peut-être pas reçu le crédit qu’il méritait. Il a su dès son arrivée en cours de saison travailler avec doigté, surtout avec Crosby. En début d’année, sous Mike Johnston, lors de notre passage à Pittsburgh, Crosby semblait désabusé, il filait un mauvais coton. Certains confiaient qu’il aurait eu besoin d’un changement d’air. Ce fut tellement sérieux que certaines équipes se seraient informées de la réelle disponibilité du capitaine. Imaginez le cours des événements changés si Crosby avait quitté Pittsburgh. Au lieu de ça, il a soulevé une troisième Coupe et le trophée remis au joueur le plus utile.
Sullivan, relégué à un rôle de soutien derrière le coloré John Tortorella, a su utiliser toute son expérience et son doigté. Pour convaincre Crosby qu’il pouvait encore gagner avec cette équipe. Il fut également un des seuls coachs capables de toucher les bons boutons et de faire fonctionner l’énigmatique Phil Kessel.
Au cours des séries, il a également résisté à l’envie de ramener le vétéran Marc-André Fleury devant le filet, qui avait gagné auparavant, et il est resté fidèle au jeune Murray, qui les a conduits à la victoire. Sullivan a payé cher son retour à un poste d’entraîneur-chef, mais il a fait les choses brillamment.
Un peu comme Brian Leetch à l’époque, Kristopher Letang semble soulever toujours des questions lorsque des hommes de hockey évaluent son jeu par rapport à ses confrères élites de la LNH. Cette Coupe et son apport au championnat des Penguins, le placent encore une fois parmi les meilleurs de sa profession, indépendamment du fait qu’il ne soit pas un choix populaire lorsque vient le temps de constituer une brigade élite chez les défenseurs. Il prouve encore une fois, comme Leetch, que même s’il soulève quelques questions, il fait partie d’une horde de joueurs d’exception, un compétiteur dont les amateurs québécois peuvent être fiers.
Marc-Édouard Vlasic sera à la Coupe du monde, mais Letang a soulevé la Coupe Stanley. Ce sera son petit clin d’œil à Mike Babcock.