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Une benne en équilibre précaire a tué le travailleur de Bachelor

Une benne en équilibre précaire et une méthode de travail improvisée ont provoqué l’accident de travail qui a entraîné la mort d’Yves Poudrier, le 9 août 2015 à la mine Lac Bachelor de Desmaraisville, selon la CNESST.

Voilà ce qui résume les conclusions de l’enquête de la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité au travail (l’ancienne CSST devenue la CNESST), conclusions dévoilées mardi matin à Val-d’Or.

Rappelons que M. Poudrier a été mortellement coincé entre la benne et le châssis d’une auto-pelleteuse sur roues qu’il s’affairait à assembler dans l’atelier mécanique de la mine Lac Bachelor, propriété de Ressources Métanor.

«Lors de l’opération d’assemblage de l’auto-pelleteuse, le travailleur s’est positionné entre la benne qui était bloquée en position levée et le châssis de l’équipement pour y effectuer des travaux, a relaté Steve McCann, inspecteur pour la CNESST.

«La benne (qui pesait 1260 livres) n’était pas maintenue en place par un dispositif de retenue mécanique, et soudainement, elle a débloqué et descendu vers le châssis pour coincer mortellement le travailleur, qui a été compressé par une force de 3500 Newtons (unité de mesure combinant le poids et la vitesse). En comparaison, un bras humain peut générer environ 200 Newtons», a précisé M. McCann.

Simulations

Les agents de la CNESST ont dû effectuer des simulations et avoir recours à des experts durant leur enquête pour déterminer les causes de l’accident, d’autant plus qu’il n’y avait aucun témoin de l’événement.

«La benne en équilibre précaire et une méthode de travail improvisée, qui a fait en sorte que le travailleur s’est positionné dans la zone d’abaissement de la benne, sont les deux causes retenues pour expliquer l’événement», a indiqué Steve McCann.

Cet accident, comme bien d’autres, aurait facilement pu être évité avec un peu plus de vigilance. «Tous les accidents sont évitables, avec l’application de mesures préventives, de la formation et une bonne gestion des risques», a signalé M. McCann.

Correctifs exigés

À la suite de cet accident mortel, la CNESST a interdit tout travail de maintenance, d’ajustement ou de réparation dans la zone d’abaissement de la benne pour les auto-pelleteuses sur roues de la mine Lac Bachelor.

La CNESST a ensuite exigé de l’employeur qu’une procédure de travail sécuritaire pour les travaux sur ces machines soit élaborée. «L’entreprise s’étant conformée à cette exigence, les travaux ont pu reprendre. Si on retire la benne de l’auto-pelleteuse pour faire les travaux, on élimine le danger à la source», a fait remarquer Ghislain Vallée, directeur en santé et sécurité pour la CNESST.

Deux accidents mortels en six ans

Pour la mine Lac Bachelor, il s’agissait d’un deuxième accident mortel en l’espace de six ans. On se rappelle qu’en octobre 2009, trois travailleurs étaient morts noyés quand la cage les faisant descendre dans la mine avait été submergée. Un procès pour négligence criminelle est d’ailleurs prévu en septembre contre Ressources Métanor, propriétaire de la mine.

Devra-t-on mettre Lac Bachelor sous plus haute surveillance? «Ce sont deux événements complètement différents, a nuancé Ghislain Vallée, de la CNESST. Et on n’est pas dans une situation où on parle de blâme (pour l’accident de 2015). Toutes les mines souterraines du Québec sont visitées une fois par mois pour s’assurer du bon fonctionnement de la sécurité», a-t-il signifié.

À l’amende

Comme le prévoit la loi, la CNESST imposera à Ressources Métanor une amende variant de 1613 à 3225 $, puisque l’accident mortel causé par la benne en équilibre précaire était une première offense en semblable matière à la mine Lac Bachelor. «Et l’amende peut monter jusqu’à 12 899 $ en cas de récidive pour une même infraction», a indiqué Ghislain Vallée.

Suivis de l’enquête

Pour éviter qu’un tel accident ne se répète, la CNESST informera les diverses organisations de sécurité dans les mines et associations liées au monde minier des conclusions de l’enquête afin qu’elles sensibilisent leurs membres. De plus, le ministère de l’Éducation, dans le cadre de son partenariat avec la CNESST, diffusera le rapport d’enquête dans les établissements de formation concernés.

 

 

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