La propriétaire de Nordvape à Chibougamau considère que le gouvernement Legault a adopté la mauvaise cible en interdisant, il y a un an, la vente de produits de vapotage avec des saveurs. Une mesure qui lui fait perdre entre 15 000 $ et 18 000 $ de revenu par semaine. Elle soutient qu’une règlementation visant à réduire le pourcentage de nicotine donnerait de meilleurs résultats.
« Legault, en procédant de cette façon, a incité beaucoup de consommateurs du Québec à s’approvisionner en ligne, auprès de commerces de l’Ontario et d’autres provinces du Canada, comme la Colombie-Britannique et l’Alberta », affirme la propriétaire.
Elle soutient qu’au Québec, depuis l’interdiction de vendre des produits avec saveur, plus d’une centaine d’entre eux ont fait faillite. « Avant cette loi, nous étions 400 boutiques de vapoteuses qui rapportaient au gouvernement 482 M$ de revenus. Toutes les boutiques de vapotage au Québec préparent un pied de nez au gouvernement. »
« C’est malheureux mais, du même coup, un ménage a été fait parmi ceux qui opéraient dans ce secteur d’activités. Plusieurs boutiques vendaient du liquide synthétique à 50 mg de nicotine, même si c’était interdit depuis quelques années. De plus, il était prouvé que certains produits en provenance des États-Unis où s’approvisionnaient ces commerçants étaient toxiques pour la santé », ajoute-t-elle.
La propriétaire qui disposait, avant cette loi, d’une superficie de 2 000 pieds carrés uniquement pour les articles de vapoteuse a ajouté des vêtements à son offre de produits pour être en mesure de continuer à opérer.
« Je n’ai pas M. Legault en estime. Ce serait mieux qu’il ne soit pas en face de moi. C’est certain qu’il n’aimerait pas mes propos. »
Régulariser le degré de nicotine
Nathalie Richard est d’avis que le gouvernement devrait plutôt régulariser le degré de nicotine que l’on retrouve dans ces produits de vapotage. « Encore aujourd’hui, on dénombre plusieurs adultes et de jeunes adolescents qui sont intoxiqués à la nicotine avec l’utilisation de vapoteuses. Un carton de cigarettes contient sept paquets qui procurent 2 265 inhalations au total. Lorsque des gens se procurent deux vapoteuses par semaine qui contiennent 4 000 inhalations, il y a beaucoup plus d’incidence sur la santé qu’avec la cigarette. »
« À partir de ce constat, je pense que les gouvernements de Québec et du Canada sont dans le champ. Les élus devraient demander aux propriétaires de boutiques de vapotage de conscientiser les consommateurs. Moi, je l’ai toujours fait. Toutes les personnes qui étaient hautement intoxiquées à la nicotine et qui désiraient se faire sevrer, je les ai aidés. Ils consomment maintenant des liquides avec 3 mg ou 6 mg et c’est suffisant. Avec ce degré de nicotine, les gens vapotent vraiment moins qu’auparavant. Il ne faut pas oublier qu’une cigarette contient 21 mg de nicotine », commente-t-elle.
La CQST en demande plus
Pendant ce temps, le conseil québécois sur le tabac et la santé (CQTS) en demande plus. Un an après l’entrée en vigueur de l’interdiction des saveurs, le CQTS lance un appel urgent pour poursuivre les efforts de sensibilisation et renforcer les mesures de prévention contre les risques associés au vapotage.
« Bien que l’interdiction des saveurs ait eu un effet dissuasif sur l’initiation au vapotage, une nouvelle génération demeure néanmoins dépendante à la nicotine, posant ainsi de nouveaux défis. Face aux contournements persistants de la loi par certains commerçants et au libre accès aux produits aromatisés provenant d’autres provinces, le CQTS appelle à une augmentation des ressources pour les inspections et une interdiction fédérale des saveurs », explique Nicolas Mathieu, stagiaire en affaires publiques pour l’organisme.