La mairesse de Chibougamau, Manon Cyr, a adressé une lettre à Maïté Blanchette-Vézina, ministre des Ressources naturelles et des Forêts. Elle demande l’intervention de celle-ci dans le dossier de la régularisation des terres publiques qui ceinturent la ville de Chibougamau et qui touchent plusieurs résidents.
Il faut se rappeler que, lors de la séance du conseil du mois de novembre, une trentaine de représentants d’un groupe citoyen avaient demandé l’aide de la Ville dans ce dossier de menace de prise de possession de la part du MRNF au sujet de parcelles de terrain débordant sur les terres de l’État. À ce moment, malgré certaines représentations auprès des autorités pour voir si des arrangements étaient possibles, la Ville n’avait pas de solution. En séance municipale, elle a avoué que cette situation tracassait le conseil municipal et, après réflexion, ils ont décidé d’interpeler la ministre responsable au dossier en espérant qu’elle pourrait y intervenir.
« Nous pensons encore que c’est une gestion qui doit être faite par le ministère », nous a avoué Mme Cyr. Mais après avoir écouté les interventions des citoyens au mois de novembre et compris leur enjeu, toute l’équipe du conseil s’est demandé : « Comment on peut les aider? Il y a quand même des aberrations dans ce dossier. » Cependant, elle est claire : ce n’est pas à la Ville de régler le dossier, mais il peut simplement dire à la ministre : « Il me semble qu’il y a quelque chose à faire, que la situation est particulière. »
La situation de la ville de Chibougamau qui est entourée de terres publiques ne se retrouve pas ailleurs que dans le Nord-du-Québec. Selon la mairesse, la loi n’est pas adaptée à la situation de sa ville et de ses citoyens.
Gros bon sens
Dans sa lettre, la mairesse dépeint le portrait atypique de Chibougamau, sans excuser le fait que des propriétaires ont outrepassé au fil des années les frontières de leur terrain. Elle comprend mal la position du ministère qui exige que les terres publiques soient libérées de toute occupation avant que l’acquisition ne devienne possible. « Pour notre municipalité, ce sont deux visions qui s’opposent et le « gros bon sens » n’est pas au rendez-vous ! J’ai peine à croire que nous ne puissions arriver à solutionner cet enjeu de manière plus constructive. »
Elle souligne aussi que les irrégularités ne datent pas d’hier, ce qui a pu laisser croire avec les années que la situation n’était pas un problème et qu’il y avait une certaine tolérance. « Ce laisser-aller des gouvernements précédents est au cœur du problème, selon nous. »
Un autre point soulevé dans la lettre est le désir de la région de faire face au déclin démographique. « La question de l’attractivité de notre municipalité est absolument cruciale si l’on souhaite augmenter la population. Nous déployons des efforts colossaux pour améliorer la qualité de vie de nos citoyens et la situation à laquelle nous faisons actuellement face vient assurément plomber ceux-ci. »
Une rencontre avec la ministre Blanchette-Vézina devrait avoir lieu lors de la prochaine visite de la mairesse à Québec dans les prochaines semaines et le sujet sera surement discuté.
Du côté du groupe d’initiative Juridique Chibougamau qui regroupe les propriétaires qui sont visés par des avis de prise de possession, Ève Boucher, qui a créé le groupe, s’est dite très contente de cette lettre et de l’intervention de la Ville. Elle a hâte de voir les prochains développements.
Le groupe n’a toujours pas eu de retour à une missive envoyée avant les fêtes aux autorités dans le dossier. Un recours collectif est aussi en préparation et les 224 propriétaires touchés peuvent en faire partie.