Régis Simard à la Chambre des Communes

Le directeur général de la Table jamésienne de concertation minière, Régis Simard. (Courtoisie TJCM)

Devant le Comité permanent des ressources naturelles, le directeur général de la Table jamésienne de concertation minière, Régis Simard, a plaidé pour une seconde transformation des minéraux au Nord et pour la présence d’un gazoduc afin d’y faciliter le développement industriel.

M. Simard participait le 25 septembre au lancement de l’étude sur le développement des minéraux critiques au Canada du comité, présidé par le député libéral de Winnipeg-Sud, Terry Duguid.
Le directeur général de la Table jamésienne de concertation minière (TJCM) a repris devant le comité et ses témoins un discours qu’il martèle depuis nombre d’années, c’est-à-dire les bénéfices économiques et environnementaux d’une seconde transformation locale des minéraux critiques.

« Nous avons clairement démontré que les économies en couts de transport et des émissions de GES peuvent atteindre jusqu’à 1 milliard de dollars en moins de 10 ans pour les projets de lithium sur le territoire de la Baie-James », a affirmé M. Simard. « Ces économies permettraient d’amortir les couts de construction d’une usine de deuxième transformation à proximité de la ressource, contrairement à la vision actuelle du gouvernement du Québec, qui priorise Bécancour. Nos études ont démontré aussi que, sans deuxième transformation, très peu de projets de minéraux critiques ont une potentialité économique positive. »

Corridor national et gaz naturel

M. Martel a également souligné l’importance d’un gazoduc pour le développement industriel de la Baie-James, un gazoduc faisant partie du corridor national de transport nordique.
Le corridor national de transport nordique relierait trois côtes par des réseaux de transport routier et ferroviaire, de pipelines et d’électricité, avec des connections au sud. En juin 2017, un comité sénatorial analysait positivement le projet et recommandait qu’on poursuive son étude. L’École de politiques publiques de l’Université de Calgary a consulté les citoyens de Chibougamau et Chapais par Zoom le 15 septembre 2022.

On en a peu entendu parler du corridor depuis mais, le 30 septembre dernier, le journaliste d’Ici Radio-Canada, Thomas Gerbet, rapportait que le projet est à l’étude à Ottawa et à Québec.

Le développement industriel

Un gazoduc passant par le Nord ne doit pas servir qu’à exporter du gaz naturel, fait valoir Régis Simard; une proportion significative doit être utilisée pour le développement industriel du territoire nordique. « Il faut faire comprendre aux populations que c’est très bénéfique pour le développement industriel, dit-il. Une proportion pourrait servir au traitement métallurgique du lithium, du fer (fonte de haute qualité), du titane et du vanadium.

Le député conservateur de Chicoutimi, Richard Martel, a questionné M. Simard sur la prétendue impossibilité de transformer dans le Nord, en l’absence d’infrastructures sur place.
« Les avantages économiques et environnementaux d’une seconde transformation sur place sont immenses, a réitéré le directeur de la TJCM. […] C’est aussi une possibilité historique de développer notre territoire nordique. […] Le Canada s’est développé avec sa voie ferrée le long de la frontière américaine. Ce contexte ne favorise pas le développement du territoire nordique et nos capacités d’exportation . […] Les pays scandinaves ont développé leur territoire. Il faut habiter son territoire. »

Richard Martel a aussi questionné sur les impacts des règlementations dédoublées en matière d’environnement sur la compétitivité du Québec minier. « On en entend souvent parler, a admis M. Simard. Ça touche notre compétitivité. Il y a six projets de lithium avancés sur le territoire de la Baie-James, mais nous sommes en compétition avec le monde entier. Par exemple, en Amérique du Sud, Exxon Mobile développe une technologie pour extraire la saumure des puits de pétrole. Il faut être conscient de la compétition à laquelle on fait face. Les délais environnementaux sont un enjeu important, la qualité des joueurs corporatifs aussi. On a des lacunes dans notre capacité d’attirer des joueurs d’envergure. »

Un consortium de terres rares

Parmi les différents invités du comité se trouvaient Lisa Riley et Cindy Valence, respectivement présidente et directrice générale de Vital Metals et vice-présidente, Développement durable et affaires gouvernementales de Commerce Resources Corp.

Les deux femmes sont membres du Consortium canadien des terres rares; ces dernières, parmi lesquelles le scandium, l’yttrium, font partie des minéraux critiques. Lisa Riley et Cindy Valence disent avoir approché plusieurs ministères fédéraux afin de solliciter du financement pour leur projet qui englobe l’innovation, la recherche et développement et un projet pilote.
Mme Riley déplore que le Consortium n’entre dans aucune case des programmes de financement fédéral. « Nous sommes dans un bon timing pour les terres rares, a souligné Mme Riley, c’est important de ne pas manquer le bateau. »

Le Consortium veut accélérer le développement des terres rares, a ajouté sa collègue de Commerce Resources Corp, qui développe un projet au Nunavik. « Ça diminuerait notre dépendance à la Chine », a dit Mme Valence.

Elle a également déploré l’absence de concertation dans l’industrie des minéraux critiques. « Un projet comme celui de Commerce ne peut à lui seul développer toutes les infrastructures qui vont aider à développer le Nord-du-Québec, a-t-elle spécifié. On se demande tous comment trouver des façons d’installer des infrastructures qui soient au bénéfice de tous. Et ensuite, rien ne se passe, personne ne prend le leadership pour mobiliser les entreprises et les mettre autour d’une table. »

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