Même si le président Donald Trump a décidé, le 6 mars, de suspendre jusqu’au 2 avril les tarifs douaniers supplémentaires de 25 % sur le bois d’œuvre, qui devaient être entrés en vigueur le 4 mars, les entreprises forestières du Nord-du-Québec vivent dans un climat d’incertitude constant. Car rien n’est terminé et tout peut être possible.
Cette suspension des tarifs douaniers du 6 mars touchent les produits incluent dans l’Accord Canada-États-Unis-Mexique (ACEUM) dont les produits du bois, incluant le bois d’œuvre.
Ne pas baisser la garde
Frédéric Verreault, directeur exécutif, développement corporatif chez Chantiers Chibougamau, affirme en entrevue qu’il est important de ne pas baisser la garde pendant cette « tempête de tarifs », selon sa propre expression. « Je le dis depuis le début, il faut garder la tête froide et se baser sur des faits pour avoir une juste lecture de ce qui se passe et ne pas être déstabilisé. Le retrait de ces 25 % additionnels de tarifs douaniers nous donne un sursis. Il va falloir qu’il y ait un jour une fin à tout ça et ne pas avoir cette épée de Damoclès au-dessus de nos têtes constamment. »
Surveiller l’évolution de la situation
L’entreprise Barrette-Chapais demeure, quant à elle, plus prudente dans ses commentaires sur cette situation que vit également l’entreprise, tout comme d’ailleurs de nombreuses entreprises québécoises.
Questionné sur ce que l’on détermine maintenant comme une guerre commerciale entre les États-Unis et le Canada, le directeur général de Barrette-Chapais, Yann Sellin, nous a écrit le 4 mars dernier que « l’entrée en vigueur des tarif américains date de 24 heures et nous voulons voir comment cela va évoluer avant de formuler des commentaires. »
Il faut savoir que l’imposition de ces nouveaux tarifs douaniers s’ajoutent aux 14,5 % de tarif déjà en vigueur sur les produits forestiers portant le niveau d’imposition de tarifs à 39,5 %. Ces tarifs pourraient avoir encore plus d’impacts sur le marché du bois d ’œuvre au Québec et au Canada.
Une gestion pour s’y préparer
Chantiers Chibougamau a mis en place « pas mal de personnes » dédiées à la gestion de la mise en place des tarifs douaniers pour l’entreprise. « Une décision qui permet à celle-ci de bien se préparer à ce qui s’en vient », affirme Frédéric Verreault.
« Nous avons du personnel dédié à la gestion de la mise en place des tarifs douaniers. On parle de documents informatiques pour passer les douanes, de méthodes de calcul des taxes par exemple. Je dirais que cette équipe a formé un noyau très important et solide depuis plusieurs jours. »
Des partenaires américains collaboratifs
Il souligne que l’équipe des ventes de Chantiers Chibougamau a contacté chacun de leurs clients américains notamment depuis le début du mois de mars.
« Tout ça est un travail colossal de préparation et une véritable course contre la montre en plus ou moins 48 heures (entre le 4 et le 6 mars). Bien sûr, on souhaite que ces tarifs douaniers ne reviennent pas, mais il faut se préparer. L’équipe des ventes a constaté, en discutant avec leurs clients américains, que ceux-ci sont toujours dans une approche conciliante et collaborative. Ils ont besoin de nos matériaux », souligne Frédéric Verreault.
Ce dernier ajoute « qu’il n’y a eu aucune hostilité ou confrontation ressenties lors de ces discussions avec les clients américains et qu’il y avait une belle dynamique de partenaire, ce qui réduit le niveau d’inquiétude et augmente encore plus la qualité des liens d’affaires. Mais nous demeurons fermes sur cette nouvelle imposition de tarifs douaniers : nous ne paierons pas pour ces tarifs. »
Déjà des impacts
Ce qui dérange Frédéric Verreault, et qu’il trouve particulièrement désagréable, ce sont les impacts que toute cette situation génère sur le plan humain chez Chantiers Chibougamau, notamment pour les travailleurs et travailleuses qui se sont joints à l’équipe de Chantiers Chibougamau à la suite du rachat des actifs québécois d’Interfor.
« Je trouve ça vraiment désagréable sur le plan humain, pour les employé.es de Val-d’Or et Matagami à qui nous n’offrons pas la sérénité souhaitée. Il va falloir que l’on retourne à la planche à dessin au cours des prochains jours malgré ce climat d’incertitude qui nous plonge dans un tel brouillard », conclut monsieur Verreault.