Depuis que les inspecteurs du ministère des Ressources naturelles et des Forêts (MRNF) ont donné plusieurs avis de prise de possession à des propriétaires de maison de Chibougamau parce qu’ils empiètent sur les terres publiques, toutes les démarches administratives qui ont été faites se sont avérées vaines. Une mobilisation citoyenne est en train de s’organiser.
Ève Boucher est une des propriétaires touchés par cette mesure d’éviction qu’elle juge injuste. Elle doit, d’ici le printemps, enlever sa remise sur dalle de béton, son spa, une partie de la galerie et sa clôture. Même si elle est propriétaire depuis peu, la maison et l’utilisation du terrain, elles, remontent à sa construction en 1981. Depuis le mois de juin, elle a commencé à faire des démarches auprès de la Ville. Tout ce qu’elle souhaite, c’est de se mettre aux normes. Malgré la bonne collaboration des employés municipaux, elle a vite compris qu’ils ne pourraient pas l’aider. Par la suite, elle se tourne vers le ministère et contacte la personne responsable comme le mentionne la lettre qu’elle a reçue. « L’envoi nous demandait de contacter la personne responsable pour prendre des arrangements, afin que chaque dossier soit traité individuellement avec équité. » C’est à ce moment qu’elle apprend qu’il n’y a pas beaucoup d’entente à prendre puisque le MRNF ne vend pas et ne loue pas de terrains.
« Nous ne parlons pas d’un camp de chasse dans le bois; nous parlons d’une maison dans une ville. » Elle est consciente que ça peut être problématique en forêt, dans les ZEC, mais il y a une différence. Les parcelles de terrain qui sont en litige ne sont pas exploitables. Ce n’est pas un refuge pour les animaux. Il n’y a pas d’espèces rares. Elle ne voit aucune bonne raison. « C’est en plein centre-ville. Jamais le ministère va pouvoir exploiter ça, voyons. Il n’y a aucune bonne raison, à part une raison politique. »
Du côté du député d’Ungava, Denis Lamothe, elle cite : « Notre député était super ouvert à nous donner un coup de main au début, mais dès qu’il a compris que la décision était gouvernementale, plus rien. La Ville ne peut aider, le député non plus, les citoyens sont seuls contre le ministère, c’est ce qu’il faut comprendre. »
Elle a continué ses démarches en demandant par voie d’accès à l’information les règles internes du ministère concernant les empiètements et, contrairement à ce qui est dit à la population, la cession de terre, c’est non, et ce, sans exception. Il faut mentionner qu’il n’y a pas non plus de jurisprudence dans de tels cas. Les municipalités qu’elle a contactées n’ont pas sur leur territoire des parcelles de terrain qui appartiennent au MRNF. Elle se tourne maintenant vers le comité de cas d’exception qui peut être formé à la demande du directeur régional du MRNF, malgré que les gens du ministère lui aient déjà dit qu’elle n’aurait pas gain de cause.
Mme Boucher est en train de monter un groupe de citoyens et de trouver un cabinet d’avocats pour les représenter. Les premières démarches ont été compliquées puisque plusieurs avocats de la région représentent le MRNF dans différents dossiers. Donc ils ne peuvent prendre la cause. Elle a réussi, malgré tout, à trouver un cabinet de l’extérieur qui est intéressé à les représenter. Elle lance d’ailleurs une invitation à tout propriétaire touché par le dossier et, qui aimerait faire partie du regroupement, à la contacter via la page Facebook du groupe « Groupe initiative juridique Chibougamau-MRNF. » Une rencontre aura lieu bientôt pour la suite des évènements. Malgré tous ses efforts, si le dossier n’avance pas, elle devra démolir ses installations au plus tard le 1 juin 2025.