Le 14 mai dernier, la Société d’histoire de la Baie-James a convié les citoyens à un voyage dans le passé à travers une exposition-photo et une soirée de discussions consacrées à l’histoire de la célèbre 3e Rue de Chibougamau, mieux connue sous le nom de « La Main ». Une occasion unique de raviver les souvenirs, de partager des anecdotes, et de mesurer le chemin parcouru par cette artère emblématique du nord québécois.
Une vingtaine de personnes se sont réunies mercredi soir au Centre d’études collégiales de Chibougamau pour un véritable voyage dans le temps. Organisé par la Société d’histoire de la Baie-James (SHBJ), l’évènement intitulé « La Main » de Chibougamau a permis aux participants de revisiter l’histoire de la mythique 3e Rue, cœur historique et social de la ville.
Au programme : la découverte d’une exposition de 22 photographies historiques datées entre les années 50 et 80, toutes issues des archives de la SHBJ ou offertes par des résidents. Ces clichés ont réveillé de nombreux souvenirs parmi les spectateurs, dont plusieurs ont contribué au développement de Chibougamau ou y ont grandi. Les échanges ont fusé entre les générations, dans une ambiance conviviale : les ainés racontant leurs souvenirs aux plus jeunes, souvent émus de revoir des lieux aujourd’hui transformés.
L’histoire de la 3e Rue est intimement liée à celle de Chibougamau. À ses débuts, ce n’était qu’une simple piste d’atterrissage, utilisée par le pionnier Scotty Stevenson. Mais avec l’arrivée massive de prospecteurs venus exploiter les filons de cuivre et d’or, le secteur s’organise rapidement. La rue se transforme peu à peu en cœur battant de la ville naissante : on y ouvre une épicerie qui servira de lieu pour la toute première messe, puis s’installent les premiers commerces et banques, indispensables pour les travailleurs miniers et leurs familles.
L’effervescence ne tarde pas à s’imposer. Un hôtel abritant le bureau de télégraphe incarne une certaine modernité, même si les routes demeurent encore non asphaltées. Bientôt, d’autres établissements voient le jour : plusieurs hôtels, une salle de quilles, quelques cafés, des restaurants, de multiples barbiers et même des cinémas qui deviennent un rendez-vous hebdomadaire pour les plus jeunes. La 3e Rue s’impose alors comme un véritable lieu de vie, de travail et de rencontres, où l’on se rassemble pour célébrer et, parfois, où l’on débat aussi.
« Ça fêtait à Chibougamau. Semble-t-il qu’il y avait plus de monde la nuit que le jour sur la 3e Rue. C’est le lieu aussi des controverses à Chibougamau, notamment pour la construction du centre d’achats (…) », soulignait Margot Genty, présentatrice de la soirée.
De piste d’atterrissage à artère commerciale animée, la transformation est fulgurante et profondément marquante dans la mémoire collective chibougamoise.
Au fil des années, la 3e Rue évolue. D’une artère dominée par les hôtels, elle devient un lieu de commerces mouvants, mais aussi de fête. Selon certains, elle comptait davantage de vie nocturne que diurne !
La soirée s’est conclue par un quiz ludique préparé par la SHBJ : photos d’hier et d’aujourd’hui, anecdotes et questions sur l’histoire locale. Un bel exercice de mémoire collective et de transmission, où les souvenirs personnels ont rejoint les archives pour faire vivre, encore un peu, la légende de « La Main » du Nord.
(Article rédigé par Morgane Gauvin)