L’Enquête québécoise sur la santé des jeunes du secondaire 2022-2023 note que les jeunes du Nord-du-Québec ne rencontrent pas les recommandations de la Direction de la santé publique au niveau du sommeil. L’une des causes pourraient être une augmentation des cas de jeunes souffrant de détresse psychologique ou ayant un diagnostic d’anxiété.
Questionné sur le fait que le pourcentage des jeunes du secondaire qui n’aient pas atteint ces recommandations, le Centre régional de la santé et des services sociaux (CRSSS) de la Baie-James mentionne avoir fait certaines observations. Ce pourcentage a bondi de 32 % à 52 % en six ans seulement alors que, pour l’ensemble du Québec, il est passé de 34 % à 48 %,
Appelé à commenter les résultats de l’enquête de l’Institut de la statistique du Québec réalisée à la demande du ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS), auprès de 70 825 jeunes dans 483 écoles du Québec, le CRSSS de la Baie-James mentionne comme première raison l’utilisation accrue des écrans pour les temps de loisirs avec leur lumière bleue, perturbant la production de la mélatonine. « Toutefois, il est difficile de corroborer cette hypothèse dans le Nord-du-Québec, car des données sur le temps d’écran n’ont pas été collectées en 2016-2017 parmi les jeunes du secondaire du moins via l’enquête de 2016-2017 », explique pour le CRSSS de la Baie-James, Julie Pelletier, adjointe à la présidente-directrice générale, relations médias, communications et affaires juridiques.
Anxiété et dépression chez les jeunes
La seconde cause expliquant cette hausse importante est une observation faite par le CRSSS de la Baie-James. « On observe dans la région, une augmentation importante en six ans des jeunes ayant un niveau élevé de détresse psychologique et un diagnostic d’anxiété ou de dépression. Cette détérioration de la santé mentale pourrait être tributaire de plusieurs facteurs, dont la pandémie, les feux de forêt, la consommation de substances psychoactives, etc. » Elle ajoute que « la détresse et les symptômes anxieux/humeur sont souvent liés à un manque de sommeil et ce manque de sommeil peut même exacerber les symptômes de détresse et d’anxiété et vice-versa. »
Consommation de substances
Le CRSSS de la Baie-James pointe également une autre raison : celle de la consommation, « par une proportion non négligeable de jeunes », de substances psychoactives telles que l’alcool, le tabac et les drogues. Selon les données recueillies lors de l’enquête, 22 % des jeunes du Nord-du-Québec consomment de l’alcool de façon excessive, alors que 25 % de ceux-ci utilisent la cigarette électronique. La polyconsommation d’alcool et de drogues seraient aussi en cause alors que 23 % des jeunes présentent cette polyconsommation d’alcool et de drogues.
« L’effet stimulant de ces substances peut perturber le sommeil. Toutefois, une autre raison pourrait être les changements socioéconomiques, notamment un emploi du temps plus chargé alors que 72 % de nos jeunes occupent un travail en parallèle à l’école. Tout cela pourrait aussi contribuer à réduire leur temps de sommeil. »
Au niveau provincial
L’enquête de l’ISQ révèle qu’au niveau provincial, la proportion d’élèves qui fument la cigarette a baissé significativement au cours des trois éditions de l’enquête, passant de 11 % en 2010-2011 à 5 % en 2016-2017, puis à 2,3 % en 2022-2023. Toutefois, la proportion de jeunes qui ont utilisé la cigarette électronique au cours des 30 jours précédant l’enquête a augmenté de 11 % à 16 %.
Quant à la consommation d’alcool, elle mentionne que la proportion d’élèves qui ont consommé de l’alcool au cours des 12 mois précédant l’enquête est en baisse, passant de 60 % en 2010-2011 à 47 % en 2022-2023.
Finalement, la proportion de jeunes ayant consommé des drogues en général au cours des 12 mois précédant l’enquête a diminué entre 2010 (26 %) et 2023 (18 %)
Ces données proviennent de l’Enquête québécoise sur la santé des jeunes du secondaire 2022-2023 disponible en ligne.
La Direction de la santé publique du CRSSS de la Baie-James élabore et déploie un plan d’action visant la prévention des impacts négatifs notamment des temps d’écran de loisirs sur la santé et la promotion d’une utilisation numérique équilibrée chez les enfants. Il s’agit d’une priorité pour l’organisation selon les propos de Julie Pelletier.


