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Un territoire minuscule 40 fois plus riche qu’Aiguebelle

Cockpit typique de King Air B100. La vaste majorité des avions King Air en activité au Québec ont été fabriqués dans les années 1970 et sont des candidats pour des mises à jour avioniques importantes.

Un véritable réservoir de biodiversité de seulement 5 km2, mais encore plus riche que le Parc national d’Aiguebelle, se cacherait à l’ouest de Lebel-sur-Quévillon. Des passionnés de botanique souhaitent maintenant en faire une zone de conservation.

En compagnie de quelques collègues et amis, le botaniste Pierre Martineau, enseignant retraité du Cégep de l’Abitibi-Témiscamingue, a consacré 10 ans à explorer la tourbière Cikwanikaci, dont le nom, d’origine algonquine, signifie «divisée en réseau par le vent». Lorsqu’il en parle, c’est avec une intense passion.

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Plus riche qu’Aiguebelle

M. Martineau n’hésite d’ailleurs pas à qualifier Cikwanikaci de plus riche tourbière du Québec. Toutes proportions gardées, sa richesse végétale dépasserait même celle du Parc national d’Aiguebelle.

«À Aiguebelle, on retrouve de 405 à 410 espèces différentes sur une superficie de 270 km2. Cela correspond à une densité de 1,5 espèce par kilomètre carré. À Cikwanikaci, on parle d’une densité de 43 espèces sur la même superficie. Quant aux plantes carnivores, c’est l’endroit le plus riche en ce type de végétaux au Québec et peut-être même en Amérique du Nord», a signalé le botaniste.

Tous les stades d’évolution en simultané

Cikwanikaci se distinguerait également des autres tourbières en ceci qu’elle en présente tous les stades d’évolution en simultané.

«Une tourbière, c’est comme un organisme vivant: elle débute par un lac, qui est progressivement envahi par la végétation jusqu’à laisser place à une forêt d’épinettes noires, a expliqué Pierre Martineau. Pour diverses raisons, Cikwanikaci n’a pas évolué partout de la même manière. C’est donc l’endroit par excellence au Québec pour étudier l’évolution d’une tourbière.»

Une richesse perpétuelle

Selon le botaniste, la grande richesse de Cikwanikaci proviendrait de la nature particulière du territoire où elle est logée. Elle est en effet posée sur un lit d’argile. Les minéraux continuent donc de remontent constamment à la surface. De plus, elle subirait une inondation à tous les 10 ans environ.

«Les eaux boueuses qui affluent alors viennent ajouter des minéraux supplémentaires, a indiqué M. Martineau. Cela veut dire que depuis la dernière glaciation, il y a 8500 ans, la tourbière aurait été naturellement fertilisée environ 850 fois! À moins d’un changement dans le cycle de l’eau, elle va donc toujours conserver sa richesse.»

Quatre plantes rares

Cikwanikaci héberge quatre plantes rares susceptibles de recevoir une protection légale. La première est l’aréthuse bulbeuse, une orchidée printanière. On en retrouve plus de 1000 individus dans la tourbière, ce qui en fait un des plus importants groupements au Québec.

Les deux suivantes sont des plantes carnivores. Il s’agit du droséra à feuilles linéaires et de l’utriculaire à scapes géminés. La première est présente dans la tourbière en deux petites colonies d’une cinquantaine d’individus chacune. La seconde, une plante filamenteuse qui flotte plus ou moins librement dans l’eau, forme plusieurs colonies de centaines d’individus.

Enfin, on retrouve une vingtaine d’éléocharides de Robbins, une plante qui se réduit à une tige triangulaire de 40 à 50 cm de hauteur avec quelques feuilles allongées très étroites et un épi très discret. Non seulement elle est très rare dans tout le Québec, mais la population de Cikwanikaci pousse à plus de 300 km au nord de son aire de distribution traditionnelle. C’est aussi le seul peuplement répertorié à pousser dans une tourbière sur sphaigne.

Aucun statut de conservation

En dépit de son caractère botanique unique, Cikwanikaci n’est actuellement protégée d’aucune manière. Un état que Pierre Martineau et une poignée de compagnons aimerait bien voir modifié.

«On ne désespère pas, mais dans le contexte actuel, il est très difficile de conférer un statut de conservation à quelque portion de territoire que ce soit, a commenté le botaniste. On se rassure en se disant qu’à court et moyen terme, la tourbière se protège elle-même. Le sol est trop mou et il y a trop d’eau pour que ça intéresse l’industrie forestière. Mais quand la valeur du bois va monter, quelqu’un trouvera sans doute le moyen d’y aller. D’où l’importance d’agir maintenant pour protéger le territoire.»

Un territoire d’accès très difficile

Située à une trentaine de kilomètres à l’ouest de Lebel-sur-Quévillon, la tourbière Cikwanikaci est située dans un secteur difficile d’accès. Il faut d’abord emprunter une route forestière, puis naviguer sur une rivière pendant environ une demi-heure pour ensuite marcher 45 minutes dans un couvert boisé à l’aide d’une boussole. Le sol est pour sa part trop spongieux et humide pour y accueillir des tentes.

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