La PDG du Centre régional de santé et des services sociaux de la Baie-James (CRSSSBJ), Nathalie Boisvert, estime qu’en accélérant la cadence, le temps perdu pour les services et les opérations pourra être rattrapé.
« On va être capables de se reprendre au niveau de la salle d’opération, c’est notre hypothèse, avance Mme Boisvert. Notre personnel a regardé les listes électives et on pense d’être capables de reprendre la machine sans trop de difficultés. Il y a quatre chirurgies en attente de l’an passé qui dépassent les délais convenus avec le ministère de la Santé. »
« L’interniste va peut-être avoir plus de difficultés à reprendre sa semaine d’absence, ajoute-t-elle, parce qu’il avait quand même une liste d’attente. Nos autres spécialistes [ORL, etc.] viennent de l’extérieur; il y avait déjà des listes d’attente importantes, mais dépassant rarement les délais. Ça va être exigeant pour eux, mais on pense qu’ils peuvent augmenter la cadence. »
La présidente-directrice générale admet qu’il y aura de la pression pour le service ambulatoire et pour le soutien à domicile, avec un besoin accru pour les personnes vulnérables.
Une analyse analogue
À la section 899 du Syndicat canadien de la fonction publique, qui représente notamment les agents administratifs, les préposés aux bénéficiaires et le personnel de la buanderie, on n’entrevoit pas de situation insoutenable.
« Il y a eu une bonne collaboration pour gérer la crise, assure la présidente des employés de catégorie 2 et 3, Bianca Boulanger. Le lien était constant durant les évènements. […] Les autres délégués ne nous ont pas rapporté de problématiques particulières. »
La réponse est analogue du côté du Syndicat des intervenantes et intervenants de la santé du Nord-Est québécois, qui protège les droits des infirmiers, infirmiers auxiliaires et inhalothérapeutes.
« L’employeur nous tient au courant, on n’a pas eu l’information qu’il y aurait des retards, rapporte la présidente, Karine Moreau. Ça a duré une semaine; ça n’a pas été trop long; ça n’a pas trop d’impact pour l’instant. »
Besoins psychosociaux
Le CRSSSBJ devra aussi composer avec une augmentation des besoins psychosociaux de la population, des besoins qui pourraient aussi se manifester chez ses employés.
« On fait un rappel sur notre programme d’aide disponible, élabore Nathalie Boisvert. Notre équipe psychosociale va visiter notre personnel. Des interventions vont se faire, comme pour le reste de la population. »
Le plan de rétablissement prévoit des rencontres avec les citoyens et pour les employés des entreprises, à leur demande.
Mme Boisvert explique que le CRSSSBJ pourrait éventuellement recevoir du soutien d’intervenants psychosociaux supplémentaires provenant d’ailleurs dans la province.
Reprise graduelle
Dispersés en Abitibi, à Québec et au Saguenay-Lac-St-Jean, les usagers du service de santé de Chibougamau ont commencé à revenir le 14 juin et, au moment d’écrire ces lignes, les derniers doivent arriver le vendredi 16 juin.
« Depuis mardi le 13 juin, précise Mme Boisvert, on donne des services à la population sur place. Le fait que les gens reviennent progressivement nous aide à tout mettre en place. »
La majorité des employés sont revenus mardi mais,dimanche et lundi, certains étaient là pour
repartir la machine, depuis l’inspection du service alimentaire jusqu’au scanner en passant par les laboratoires et la buanderie.
Six employés ont tenu le fort durant l’évacuation.
Remerciements
La présidente-directrice générale et son adjointe, Julie Pelletier, tiennent à remercier les équipes d’évacuation, ceux qui sont restés sur place, les équipes impliquées dans l’hébergement ou en télétravail, le ministère de la Santé, le personnel paramédical et la « population qui a ouvert ses portes et a aidé ».
« En mesures d’urgence, c’est vraiment un travail de collaboration », résume Nathalie Boisvert.
Mobilisation
Elle-même et son assistante, en plus de l’évacuation et du retour, ont dû gérer l’accueil des patients de Lebel-sur-Quévillon, qui auront été évacués deux fois, et l’approvisionnement en fournitures des services de santé de Matagami, alors que la route habituelle était fermée.
« On a travaillé comme des damnées, révèle Mme Pelletier. On est fatiguées, mais c’était mobilisant et utile. »
Sa collègue met en relief le travail des infirmières, des intervenants, des chauffeurs qui ont transporté des patients jusqu’à très tard le 6 juin avant d’aller faire leurs bagages et de s’occuper de leur famille.
Raffiner l’évacuation
Bris de communication, routes fermées, le CRSSSBJ avait déjà vécu des états d’urgence, mais rien de cette ampleur.
Y a-t-il des choses à améliorer dans le cas où une situation semblable se répéterait?
« Entre l’évacuation de Lebel-sur-Quévillon et celle de Chibougamau quelques jours après, il y a déjà eu des améliorations », assure Julie Pelletier, qui donne comme exemple le perfectionnement du transfert de la liste de patients.
« Il y a une culture d’amélioration continue dans la sécurité civile, commente Nathalie Boisvert. Le ministère voudra nous débriefer. On va faire une analyse de la situation, qu’est-ce-qui a bien été, qu’est-ce qui pourrait être amélioré.