Tout comme les consommateurs, les restaurateurs doivent jongler avec l’augmentation du panier d’épicerie. La Sentinelle a rencontré deux restaurateurs et une boucherie.
Le restaurant Louka n’a pas un menu très élaboré. Malgré cela, la propriétaire Valérie Cardinal, souligne qu’elle n’a pas le choix de vérifier de plus en plus les prix avant d’acheter les aliments dont elle a besoin pour son commerce. Cette dernière opère le restaurant depuis deux ans. Avec les prix des aliments qui ne cessent de monter, elle a dû changer certaines habitudes comme acheter un peu plus de produits congelés. Elle souligne qu’à certaines occasions, lorsque les prix sont trop exorbitants, pour le brocoli ou le chou-fleur par exemple, pas question de faire des crèmes. « Ils disparaissent tout simplement du menu. Je préfère attendre qu’ils viennent en spécial. Je n’ai pas le choix. Je ne veux pas jouer avec les prix sur mon menu. Il ne faut pas oublier que depuis janvier, ma commande coute de plus en plus cher », dit-elleLorsqu’elle a débuté comme propriétaire, Valérie faisait attention, mais sans exagération. Elle avoue qu’aujourd’hui, elle magasine ses achats. « Avant d’acheter mes produits, je vérifie avec mes fournisseurs, mais aussi chez IGA et Maxi. Je n’ai pas le choix pour offrir un bon prix à ma clientèle. Nous servons beaucoup de déjeuner et c’est incroyable comme le prix du bacon a augmenté. Je dois vivre avec ces augmentations en essayant de ne pas toucher au prix de mon menu.Augmenter les couts du menuPropriétaire du restaurant Chez Raymonde depuis 8 ans avec son épouse, Sylvain Tellier n’aura plus d’autres choix que d’augmenter les couts de son menu : « Je ne peux pas changer les prix de mon menu à chaque mois, mais là, nous n’aurons plus le choix ».Le restaurateur n’y va pas par quatre chemins : « Les augmentations dans l’alimentation me touchent au même titre que tout le monde et peut-être un peu plus. Je dois moi aussi acheter mes légumes et mon bœuf et faire face aux couts qui ne cessent de grimper. Nous gérons très serré notre restaurant et nous avons été obligés de couper à plusieurs endroits.»Au cours des huit dernières années, ce dernier estime que les couts ont doublé : « Depuis que nous sommes propriétaires, les couts des achats ont surement doublé. Nous payons présentement 45 $ pour une caisse de tomates. Va falloir que cela se stabilise. Si j’étais propriétaire d’un steak house, je ne saurais plus quoi faire. Heureusement, ma blonde s’occupe des recettes et elle est une « top » dans le domaine.»La situation que vit présentement Sylvain Tellier n’est pas propre à notre région. Il explique : « Je suis membre de l’Association des restaurateurs du Québec et tout le monde vit le même problème que nous. Celle-ci nous aide à trouver des bons prix pour certains produits, mais nous favorisons tout le temps le local à moins qu’il y ait une énorme différence. Selon les dernières informations, il faut envisager une autre hausse de 5 % dans les prochains mois ». Finalement, ce dernier, tout comme les consommateurs, a hâte de respirer un peu.Du jamais vu en 30 ans comme boucherSi les hausses ne sont pas faciles pour les consommateurs, les restaurateurs et les grandes surfaces, imaginez ce que cela peut être pour une petite entreprise comme la Boucherie du chasseur. Mario Pearson et Chantale Mailhot sont propriétaires de la Boucherie du chasseur depuis 9 ans. Un commerce comme cette petite boucherie semble la cible principale des augmentations que vit le Québec depuis plusieurs mois. Dès le début, Mario Pearson apporte une précision qu’il juge très importante : « Nous achetons en très petite quantité, car nous visons avant tout la qualité de notre produit. Au cours de 2015, nous avons subi plusieurs augmentations et je dirais qu’en un an, le cout du bœuf a augmenté d’environ 30%. C’est énorme! En 30 ans comme boucher, je n’ai jamais vu cela ». La qualitéLa Boucherie du chasseur n’a pas le choix, elle doit suivre les prix du marché. « Nous n’avons pas le choix de nous soumettre aux prix du marché et d’essayer de les maintenir le plus bas possible. Nous ne jouerons jamais sur la qualité de nos produits, car c’est cette qualité que vient chercher notre clientèle. Heureusement, l’augmentation a été plus petite dans le poulet et le prix du porc est stable. Nous avons remarqué que certains clients achètent moins de bœuf haché pour leur sauce à spaghetti et plus de porc », mentionnent Chantale et Mario.Les fruits de mer n’ont pas échappé à la hausse comme le précise Chantale : « À l’automne, les fruits de mer ont subi des hausses importantes. Cependant depuis Noël, cela semble assez stable. Nous ne pouvions plus commander certains poissons ainsi que du homard frais. Nous en avons demandé sans succès ».Les deux propriétaires ont aussi remarqué que certains clients achetaient un peu moins que d’habitude et faisaient un peu plus attention à leurs choix de viande.