Réjean Lessard : un pilier de Chapais tire sa révérence

Lors de la soirée de reconnaissance organisée par le Comité social des pompiers de Chapais, Réjean Lessard (à droite) a remis un prix de distinction à Sylvain, son fils, au nom des pompiers. Au centre, Lorraine Boucher, qui agissait à titre de conseillère pour le service incendie. Photo : Courtoisie

Ancien chef des pompiers de Chapais, Réjean Lessard laisse derrière lui le souvenir d’un homme engagé, rassembleur et profondément attaché à sa ville. À travers un témoignage de son fils, nous découvrons (ou redécouvrons) l’empreinte durable qu’il a laissée dans la vie communautaire.

Par Morgane Gauvin

Nouvellement arrivée à Chapais, j’ai à cœur de comprendre l’histoire de cette communauté nordique, de découvrir les visages qui l’ont façonnée. Il y a quelques semaines, j’ai remarqué les drapeaux en berne devant la mairie. Ce geste solennel honorait la mémoire de M. Réjean Lessard, ancien chef des pompiers de la Ville. Je ne le connaissais pas, mais je l’avais peut-être déjà croisé sans savoir que, derrière ce regard tranquille, se cachait un homme profondément engagé envers sa communauté.

Pour mieux comprendre l’empreinte qu’il a laissée, j’ai eu la chance de m’entretenir avec son fils, Sylvain Lessard. Notre conversation m’a permis de découvrir non seulement une page importante de l’histoire locale, mais aussi l’humanité et le dévouement d’un homme pour qui servir était un mode de vie.
Réjean Lessard est arrivé à Chapais avec sa famille pour travailler à l’ancienne mine Falconbridge Copper. Très vite, il s’est engagé comme pompier volontaire à temps partiel. Ce qui n’était au départ qu’un engagement parallèle est devenu une véritable vocation. M. Lessard croyait profondément à l’importance de la prévention. Il allait dans les écoles, expliquait aux enfants les règles de sécurité incendie puis leur remettait une petite carte d’assistant-pompier que certains conservent peut-être encore aujourd’hui dans leur boite à souvenirs.

Mais au-delà de la sécurité, c’est la camaraderie et l’esprit de communauté qui l’animaient. Son fils m’a raconté avec joie des moments de rassemblement qui ont tissé des liens durables entre les habitants de la ville comme les barbecues organisés par la caserne, les fêtes de quartier, et même un combat de lutte orchestré par les pompiers. Ces traditions de se rassembler grâce aux pompiers ont d’ailleurs survécu à son passage et continuent d’exister.
Dans la nuit du 31 décembre au 1er janvier 1980, Chapais a connu un drame qui a marqué son histoire. M. Lessard, directeur des pompiers à cette époque, était présent sur les lieux, au cœur des opérations. Malgré l’ampleur de la catastrophe, il est resté fidèle à sa mission : aider, soutenir, intervenir. Il a accompagné les forces de l’ordre, épaulé les médecins, et soutenu ses collègues pompiers… tous touchés de près par cette tragédie.

Même après avoir quitté son poste de chef des pompiers, M. Lessard continuait à s’impliquer. On le voyait encore dans les rues, portant fièrement sa casquette aux couleurs de la caserne. Il s’intéressait aux nouvelles pratiques, posait des questions sur les équipements, les protocoles, toujours curieux, toujours impliqué. Sa passion pour la sécurité publique ne s’est d’ailleurs jamais éteinte, puisque nous pouvions encore le voir endosser des rôles de gardien de sécurité.

Selon son fils, il était un homme de principes. Il croyait en la valeur de la parole donnée, en l’importance de rester droit, fidèle à soi-même. Ces valeurs, il les a transmises à ses enfants. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle Sylvain a suivi ses traces en devenant à son tour pompier volontaire, puis chef des pompiers. Une relève née d’un exemple. Une vocation transmise par la passion qu’il a également su transmettre à son petit-fils Jeffrey qui a, lui aussi, fait partie du service d’incendie lorsqu’il vivait encore à Chapais. C’est d’ailleurs Jeffrey qui a eu l’initiative de demander aux pompiers une haie d’honneur en hommage à son grand-père, haie qui a eu lieu devant la mairie.

En tant que nouvelle Chapaisienne, j’espère rendre justice à la mémoire de M. Réjean Lessard par ces quelques lignes. Je ne l’ai pas connu, mais à travers les mots de son fils, à travers les échos laissés dans les rues et dans les cœurs, j’ai l’impression de l’avoir un peu rencontré. Un homme humble, courageux, profondément humain. Un homme de feu et de cœur.

Merci à Sylvain Lessard pour sa générosité. Et merci à M. Réjean Lessard, pour avoir tant donné à notre ville et ses citoyens.

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