Radon et santé : sensibilisation dans le Nord-du-Québec

Dominique Massie, directrice générale de l'Association pulmonaire du Québec, et Mathieu Brossard, spécialiste en rayonnement chez Santé Canada, avec à l’avant-plan la chambre à brouillard. (Crédit Association pulmonaire du Québec)

L’Association pulmonaire du Québec a tenu, le 12 février dernier, une séance d’information virtuelle dans le Nord-du-Québec afin d’informer les citoyens des risques du radon sur la santé humaine. Une cinquantaine de participants.es ont pu en apprendre davantage sur cette « menace invisible », comme le décrit l’association.

« Le radon est invisible et inodore. C’est un gaz radioactif naturel qui provient de la désintégration de l’uranium présent dans le sol et les roches. Il peut s’infiltrer dans les maisons par les fissures dans les fondations et les murs, les joints de construction, les ouvertures autour des tuyaux et des câbles ou encore par les puits de drainage et les vides sanitaires », explique en entrevue Maude Riout, coordonnatrice aux communications de l’Association pulmonaire du Québec.

Elle ajoute que, à l’extérieur, le radon se dissipe rapidement et n’est pas dangereux, mais qu’à l’intérieur, « il peut s’accumuler à des niveaux dangereux, surtout dans les espaces clos comme les sous-sols. Dans les demeures québécoises, les bureaux ou les salles de jeux des enfants se trouvent généralement au sous-sol. C’est d’autant plus important de mesurer ces pièces-là quand on y passe plus de 4 h par jour. »

Les mesures en question sont effectuées grâce à un détecteur qui mesure la concentration de radon dans une maison ou un bâtiment. D’ailleurs, il est possible d’acquérir un détecteur sur le site Internet de l’Association pulmonaire du Québec.

Peu de tests pour le Nord-du-Québec

Cette rencontre découle d’un projet du ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) du Québec. Et pourquoi une rencontre destinée aux citoyens et citoyennes du Nord-du-Québec ? « Il y avait peu de mesures qui avaient été faites dans la région. Nous collectons depuis 18 ans les résultats des mesures de radon faites par les Québécois. Sur notre cartographie disponible sur notre site Internet, on peut voir qu’il y a seulement 11 demeures qui ont fait le test de radon dans le Nord-du-Québec, d’après la mise à jour en septembre 2024. »

L’objectif était de sensibiliser les citoyens aux dangers du radon et de les inviter à mesurer la concentration de radon dans leur maison. Est-ce que le Nord-du-Québec représente une situation particulière avec le radon pour les villes, les entreprises et les citoyens ? « On ne peut répondre à cela étant donné le peu de mesures faites à ce jour dans cette région. »

Risques réels

L’association mentionne que le radon tue près de 1 000 Québécois chaque année, affectés par un cancer du poumon. « La compilation récente de ces données permet d’affirmer que 18 % des demeures québécoises mesurées dépassent la directive nationale sur le radon soit 200 Bq/m3 d’air, exposant leurs habitants à des risques de développer un cancer du poumon », peut-on lire sur le site Internet de l’association.
La coordonnatrice aux communications mentionne que l’exposition au radon représente un risque pour la santé. « Le radon est la deuxième cause de cancer du poumon après le tabagisme (1re cause chez les non-fumeurs). L’inhalation de particules radioactives émises par le radon endommage les cellules des poumons, augmentant ainsi le risque de cancer. »

Le risque est également accru pour les fumeurs exposés au radon qui courent un risque beaucoup plus élevé de développer un cancer du poumon par rapport aux non-fumeurs exposés au même niveau de radon.
« Nous n’avons pas senti d’inquiétude particulière (lors de la rencontre), mais plutôt une prise de conscience des risques du radon pour la santé, car les questions posées montraient l’intérêt pour les mesures d’atténuation et les entrepreneurs spécialisés. »

Chambre à brouillard

La rencontre animée par Dominique Massie, directrice de l’Association pulmonaire du Québec, a permis à trois intervenants de présenter les risques causés par le radon. Le Dr Dessau, médecin-conseil sur le radon au MSSS, le spécialiste en rayonnement chez Santé Canada Mathieu Brossard, et le Dr Trépanier, médecin-conseil en Santé publique Abitibi-Témiscamingue et Nord-du-Québec, ont informé les gens sur différents aspects du radon et ses conséquences.

Notons que M. Brossard a fait une expérience avec une chambre à brouillard, où l’on voyait à quoi ressemble les radiations du radon et que le Dr Stéphane Trépanier a présenté le projet de prêt de détecteurs de radon numériques (dosimètres) dans les bibliothèques qui devrait voir le jour prochainement.

Le chauffage en hiver, un danger potentiel

L’Association pulmonaire du Québec est satisfaite de la participation citoyenne. « Cinquante personnes, c’est satisfaisant pour une première édition. Les participants sont restés jusqu’au bout et ont posé de nombreuses questions par écrit, ce qui montre leur intérêt », ajoute Mme Riout.

Elle souligne qu’elle aimerait que le concept soit offert à d’autres villes du Québec.« La rencontre s’est tenue en collaboration avec le MSSS et les villes de Chibougamau, Chapais et Matagami. La ville de Lebel-sur-Quévillon, a été invitée, mais n’a pas souhaité participer à cette première édition », explique Maude Riout.

Elle ajoute que le radon est présent partout à la surface du globe. « À l’extérieur, il ne représente pas de danger pour la santé, car sa concentration est peu élevée. En revanche, à l’intérieur, il peut représenter un danger pour la santé, surtout durant les mois de chauffage, lorsqu’on ferme portes et fenêtres », conclut la coordonnatrice aux communications de l’Association pulmonaire du Québec.

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