Plan d’action sur les minéraux critiques et stratégiques – Le Québec doit faire des choix, dit la Coalition QMM

Le co-porte-parole de la Coalition Québec meilleure mine, Rodrigue Turgeon. (Courtoisie)

La Coalition Québec meilleure mine (QMM) considère qu’en termes de main-d’œuvre et d’environnement, la province, en accord avec les régions minières, doit faire des choix sur les minéraux à privilégier.

Il s’agit d’une réaction au Plan d’action 2023-2025 pour la mise en œuvre du Plan québécois pour la valorisation des minéraux critiques et stratégiques, rendu public le 23 janvier dernier, par le ministère des Ressources naturelles et des Forêts. « À partir du moment où le gouvernement établit une liste des minéraux prioritaires, il faut se demander ce qu’on fait avec les autres, dans un contexte de rareté de main-d’œuvre et avec la capacité des régions à accueillir plusieurs autres projets d’envergure », questionne le co-porte-parole de l’organisme, Rodrigue Turgeon.

M. Turgeon base son affirmation sur un récent rapport de l’Institut national des mines du Québec, Estimation des besoins du secteur minier au Québec.

Des minéraux comme l’or et les diamants, avance M. Turgeon, ne seront jamais considérés comme critiques et stratégiques, n’ayant que peu d’utilité dans la réduction des gaz à effet de serre. « Ils occupent une grande part des économies du Nord-du-Québec et de l’Abitibi-Témiscamingue, note M. Turgeon. Il faut commencer à se demander ce qu’on fait pour les économies locales, quelle transition on leur offre dans un contexte où il faudra choisir entre or et minéraux critiques. Il ne faudrait pas que ce soit les populations locales qui en paient les frais. Considérant le difficile accès au logement, c’est une question qui déborde largement du plan qui nous a été présenté, mais c’est justement pour ça qu’on appelle le gouvernement à faire ses devoirs sur ce point. Considérant l’urgence climatique dans laquelle on se retrouve, l’effondrement de la biodiversité, il faut reconsidérer la place qu’on accorde à l’industrie aurifère, mais il faut que ça se fasse dans le dialogue et en incluant les communautés locales. »

Pollueur payeur

La Coalition QMM revendique une application plus poussée du principe pollueur-payeur tout en reconnaissant la mise en œuvre, depuis le 1er janvier 2024, du nouveau règlement sur la redevance exigible sur l’utilisation de l’eau et l’importance accordée au recyclage des minéraux critiques et stratégiques. « Le Plan d’action ajoute 18 M$ au budget sur les minéraux critiques et stratégiques, rappelle Rodrigue Turgeon. Cet ajout ne change pas la donne, cependant, le gouvernement a fort à faire pour s’assurer que ce ne soit pas les contribuables, les générations futures qui paient pour les dommages créés par les minières. […] Il y aurait lieu d’augmenter les sommes prévues pour compenser les impacts sur l’environnement. Ensuite, le gouvernement pourra éventuellement en investir une partie pour favoriser le développement de certains minéraux vraiment utiles pour répondre à la crise climatique. »

De nouveaux minéraux critiques

Avec son Plan d’action 2023-2025, le ministère des Ressources naturelles et des Forêts fait passer sa liste des minéraux critiques et stratégiques de 22 à 28 par l’ajout de l’aluminium, l’apatite, le germanium, le manganèse, le fer de haute pureté et la silice de haute pureté.

Le Canada en compte 31 et les listes varient d’un pays à l’autre; pour l’Inde par exemple, le lithium n’est pas un minerai critique, et les États-Unis sont le seul pays à placer l’iridium dans cette catégorie. « Il y a eu des pressions exercées par l’industrie pour que la liste s’allonge », note le porte-parole de la Coalition QMM, soulignant leur « intérêt à bénéficier des programmes de subvention, de formation et d’éducation.
« Les compagnies sont aussi avantagées dans la rhétorique dite verte qui vise à faire passer les minéraux comme étant la solution désignée à la crise climatique.

Il ne faudra pas s’étonner de voir des pressions s’exercer pour voir la liste s’allonger. […] C’est une liste critique et stratégique d’un point de vue économique. Sur le plan écologique, les mesures pour rendre les mines plus responsables ne devraient pas se résumer à avoir plus de mines de certains métaux, mais plutôt à mieux encadrer toutes les activités minières quelles qu’elles soient. »


Plan d’action 2023-2025 pour la mise en œuvre du Plan québécois pour la valorisation des minéraux critiques et stratégiques 2020-2025
Les nouvelles actions déployées serviront, entre autres, au soutien à la formation de la main-d’œuvre, à l’accompagnement dans la transformation numérique des mines et à l’optimisation de l’encadrement environnemental, Le plan d’action prévoit aussi certaines mesures phares visant à soutenir des projets en économie circulaire, notamment dans le recyclage des résidus miniers. On planifie de mettre en œuvre une vision intégrée en vue de consolider des corridors économiques régionaux par la réalisation progressive de projets relatifs à un réseau de transport, d’énergie renouvelable et de télécommunication en territoire nordique
Au 31 mars 2023, 41,1 % du budget initial de 90 M$ était investi. Avec la bonification de 18 M$ issue des budgets 2022-2023 et 2023-2024, il s’agit d’un investissement quinquennal total de 108 M$.

@Turgeon : Le co-porte-parole de la Coalition Québec meilleure mine, Rodrigue Turgeon. (Courtoisie)

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