Alors que les Cris d’Eeyou Istchee se choisiront un grand chef et un chef adjoint le 14 juillet prochain, un nouveau venu en politique, le journaliste, musicien et traducteur Pakesso Mukash sollicite les faveurs de ses concitoyens.
M. Mukash rivalisera avec les chef et cheffe adjointe actuels, Abel Bosum et Mandy Gull.
Advenant son élection, Mme Gull serait la première femme de l’histoire à occuper le plus haut poste d’Eeyou Istchee.
Originaire de Whapmagoostui, musicien, animateur du programme Maamuitaau à CBC North depuis huit ans, M. Mukash est également traducteur au ministère de la Justice pour les cours de justice cries.
Sa candidature a été moussée par la diffusion d’un Grand Conseil des Cris où on le voit s’opposer à certains comportements et certaines paroles faisant la promotion de la Grande Alliance. « Il a été vu 10 000 fois et je pense que les gens ont commencé à se rallier à moi, dit Pakesso Mukash. […] Mon père [l’ancien grand chef Matthew Mukash] m’a appris que, lorsque les gens te demandent de les représenter, tu ne dis pas non. »
Plus de démocratie
M. Mukash affirme vouloir amener plus de démocratie et d’imputabilité au sein du Grand Conseil des Cris, ainsi qu’un plus grand respect des traditions. « Je veux juste donner aux gens qu’on n’a pas écoutés durant les 20 dernières années une chance d’être écoutés et amenés au centre de notre gouvernement : les femmes, les ainés, les jeunes et les trappeurs, et qu’ils se sentent validés », affirme Pakesso Mukash.
« C’est le temps que les minorités traditionnelles soient représentées avec une plus forte vision, ajoute-t-il, parce que maintenant, tout ce qu’on entend, c’est : « Les Cris sont pour le Plan Nord, les Cris sont pour la Grande Alliance », mais ce sont toujours les mêmes qui parlent. »
La Paix des Braves, souligne l’animateur de radio trilingue, devait se faire au bénéfice de tous mais n’a renforcé que certaines personnes. Il souligne que le gouvernement cri n’est doté d’aucun code d’éthique, d’aucun code de conduite. « Il n’y a pas de système en place pour défier certaines des actions qu’ils posent », déplore le candidat à la chefferie.
Traditions
La critique de Mukash du manque de représentativité du gouvernement va de pair avec une perte de respect pour les occupations traditionnelles.
« Le savoir des trappeurs et des chasseurs n’est plus pris au sérieux », s’insurge celui qui participe à de nombreuses consultations sur les projets miniers et forestiers. « On ne reconnait pas l’expertise des trappeurs sur leur propre ligne de trappe », souligne-t-il.
« Est-ce que notre gouvernement est modelé d’après les valeurs traditionnelles ou c’est juste un autre département fédéral-provincial? questionne M. Mukash. Quels principes nous guident? Est-ce de maintenir et de développer notre propre culture ou c’est du pur développement économique, qui se fait toujours au détriment de la famille et de la ligne de trappe de quelqu’un? On a trop longtemps ignoré une grande partie de l’identité qui nous donne la force d’exister. »
M. Mukash parle un excellent français et fait valoir que cette aptitude améliorera la qualité du dialogue avec les Jamésiens.
Les candidats au poste de chef adjoint
Ashley Iserhoff, Donald Nicholls et Norman A Wapachee sont en candidature pour le poste de chef adjoint.
M. Iserhoff, qui est actuellement directeur adjoint à la direction de la jeunesse, a occupé le poste de chef adjoint à deux reprises dans le passé. Donald Nichols est actuellement directeur du ministère de la Justice et des services correctionnels des Cris. Quant à M. Wapachee, Il est directeur des ressources naturelles à Oujé-Bougoumou.
La liste des candidats a été dévoilée le 11 juin.
Les bureaux de vote sont en place dans les communautés; les gens qui seront à l’extérieur d’Eeyou Istchee pourront voter par téléphone, selon la directrice des élections, Robin Pachanos.
Les élections pour les postes de chef et de chef adjoint ont lieu à tous les quatre ans.
Abel Bosum et Mandy Gull n’étaient pas disponibles pour des entrevues au moment d’aller sous presse.