Malgré la baisse radicale du prix du nickel, Raglan prend de l’expansion avec sa nouvelle mine Anuri.
Glencore annonçait le 27 février dernier l’ouverture d’Anuri, une mine souterraine dont l’exploitation combinée à celle de Qakimajurk, devrait allonger l’espérance de vie de Raglan au moins jusqu’en 2035. Le site minier se trouve au Nunavik, 90 kilomètres au sud de la baie Déception entre les baies Hudson et Ungava.
« On estime qu’il y a à Anuri 14 millions de tonnes de réserve, qui s’ajoutent aux réserves qu’on avait déjà, entre 20 et 40 millions de tonnes en tout, affirme le vice-président de Mine Raglan, Pierre Barrette. On croit que c’est conservateur comme chiffres […], parce qu’on n’a pas terminé de délimiter le gisement. Contrairement aux mines en général, on n’a pas affaire à un gisement unique. Ce sont des petites lentilles éparpillées sur notre propriété, généralement d’un à deux millions de tonnes. On fait encore du forage, […] la mine continue de grossir. »
Avec un pourcentage de nickel variant entre 2,5 % et 3,5 %, Raglan est un gisement de classe mondiale, souligne le vice-président. « Dans le camp de Sudbury, le camp minier de nickel le plus connu, c’est autour de 1%, 1,4 % », compare-t-il.
Un marché dans la tourmente
Selon le site spécialisé Mining.com, le marché du nickel, un minerai critique dans plusieurs pays, vit des heures de péril alors que plus de la moitié des mines sont non rentables. L’Indonésie, bénéficiant des plus grands gisements au monde, d’investissements chinois, d’une main-d’œuvre bon marché et d’une faible règlementation environnementale, a noyé le marché.
« Le nickel a perdu 50 % de sa valeur dans les derniers 12 mois, reconnait Pierre Barrette. C’est certain que ça a un impact sur nos marges. »
Les couts de production sont particulièrement élevés à Raglan avec l’hébergement des travailleurs et le transport. Le concentré de nickel est envoyé par bateau jusqu’au port de Québec, puis acheminé par train jusqu’à la fonderie de Glencore à Sudbury. Il est ensuite expédié en Norvège, où il est transformé en métaux.
« La richesse du gisement nous sauve, assure Pierre Barrette. […] On ne pense pas faire de mise à pied ou quoi que ce soit. On a toujours vécu des cycles de prix, […] On sait quoi faire pour s’adapter. »
Dans Anuri, Glencore a investi 320 M$, un des plus gros investissements miniers de la dernière décennie au Québec, selon la multinationale. Ainsi 130 M$ ont aussi été injectés pour la mise en opération d’une autre lentille reliée à Qakimajurk.
Expérience et amélioration continue
Pierre Barrette considère que, dans le contexte de baisse de prix du nickel, c’est une bonne chose que cet investissement et l’augmentation du nombre d’employés due à l’érection de la mine soient des choses accomplies.
« Nous n’aurons pas à réinvestir dans les prochaines années, dit-il. Nous sommes dans la phase où nous recueillons les bénéfices de cet investissement. Ça va amener un focus plus étroit sur la gestion de nos couts pour les prochaines années. On va y aller de prudence. Évidemment, tout projet d’expansion devra prendre en compte cette nouvelle réalité. »
Raglan met de l’avant plusieurs projets de réduction de couts, notamment du côté énergétique, ainsi que de l’amélioration continue qui vise le côté énergétique, etc.
L’entente
Avec Raglan, Glencore se targue d’être la première minière au Canada à signer avec un peuple autochtone un contrat de type Entente sur les répercussions et les avantages.
Du point de vue de l’emploi, l’entente ne cible pas un pourcentage d’employés inuits mais plutôt de maximiser leur embauche.
« Nous avons eu jusqu’à 20 % [d’employés inuits] avant la pandémie; nous sommes présentement à 17 %, indique Pierre Barrette. La pandémie nous a fait mal, le Nord a été fermé et plusieurs employés inuits ne sont pas revenus, pour toutes sortes de raison. La rétention est un enjeu. »
Glencore met beaucoup l’accent sur la formation, dans un modèle adapté à la culture inuite, qui se passe en partie à Raglan, non loin de la communauté de Salluit.
Le site possède une mine école réservée aux employés inuits en formation, qui apporte une certaine contribution à la production. Ils sont transférés dans les secteurs réguliers d’opération lorsqu’ils graduent. La démarche est sensiblement la même dans les autres corps de métiers, comme la soudure, la mécanique.