Même si les 160 M$ récemment investis dans Nemaska Lithium ne sont qu’une parcelle des 1,5 milliard de dollars nécessaires à mettre le projet en opération, son vice-président au développement durable, Denis Isabel, est confiant dans la suite des choses.
« Nous allons produire de l’hydroxyde de lithium et on a déjà des clients qui nous courent après pour l’acheter », assure M. Isabel, rejoint au téléphone à Nemaska alors qu’il sortait d’une conversation avec le chef de la Première Nation, Clarence Jolly.
« On vise le marché le plus payant, celui qui achète le lithium de la plus haute qualité pour faire les batteries pour les autos, dit M. Isabel. Les fabricants de batterie pour automobile ont des exigences de qualité extrêmement sévères. Nous avons un procédé et nous contrôlons notre source parce qu’on a la mine. Au lieu d’acheter du concentré […] dont on ne sait pas ce qu’il y a dedans, on le fabrique nous-mêmes à partir du minerai qu’on connait. On peut contrôler toute la chaine de production pour arriver à la haute qualité et avoir le meilleur prix. » Le bas cout de l’hydroélectricité avantage également la compagnie souligne-t-il.
Fluctuation des prix
M. Isabel, un ancien de Iamgold et de la division Mines, métallurgie et environnement de SNC Lavalin, concède qu’on ignore comment la demande pour le lithium évoluera.
À l’heure actuelle, observe-t-il, c’est la folie dans le lithium, les prix augmentent et la demande est exceptionnelle. « Mais, nuance-t-il, […] le prix des métaux, ça fluctue; le lithium, ça sera pareil. Il y a un gros boum, et le prix est presque multiplié par dix, mais ça ne va pas être tout le temps comme ça. Qu’est-ce que ce sera en 2025? On verra.»
De Nemaska à Bécancour
Nemaska Lithium appartient à parts égales au gouvernement du Québec et à la compagnie américaine Livent, installée dans plus de sept pays.
Sa future usine de Bécancour sera alimentée par la mine Whabouchi, près de Nemaska, pour laquelle tous les permis ont été obtenus selon le vice-président au développement durable. Toutes les ententes ont été conclues pour le partage des bénéfices, des emplois et autres.
La mine, en partie à ciel ouvert, en partie souterraine, produirait durant 26 ans avec 3 000 tonnes de minerai par jour, selon les chiffres fournis par le gouvernement. La mine ouvrira dès que l’usine sera opérationnelle. Son minerai sera acheminé par camion jusqu’à Matagami et, de là, par train jusqu’à Bécancour.
Un pôle batterie
À Bécancour se développe une impressionnante convergence des acteurs de la batterie pour les voitures électriques. Parmi les compagnies ayant annoncé qu’elles s’y installeraient, on retrouve le consortium GM-Posco et BASF. L’usine de Nouveau-Monde Graphite est déjà en construction. D’autres annonces sont attendues; de plus, l’Université du Québec à Trois-Rivières développe un projet appelé la Vallée de la transition énergétique, qui vise à favoriser l’innovation à Trois-Rivières, Shawinigan et Bécancour. « Notre projet va bénéficier de ça, mais nous sommes indépendants », commente Denis Isabel.
Il dit être en discussion avec différents acteurs du créneau de la batterie pour récupérer du lithium issu du recyclage de batteries.
Enlever des risques
« Tout le monde nous critique en disant que nous sommes lents, dit M. Isabel, mais c’est parce qu’on ne veut pas répéter les erreurs. Nous avons enlevé des risques du projet; on avait un procédé nouveau [pour fabriquer l’hydroxyde] qui n’avait pas été validé; nous sommes revenus avec des éléments conventionnels. […] On n’est pas sous une pression d’ouvrir, parce que c’est là que se font les erreurs. On veut faire un projet qui va arriver et va être robuste. »
Investissement Québec annonçait le 30 juin dernier investir 80 M$ dans Nemaska Lithium. Livent a investi la même somme.
On anticipe 410 emplois pour l’exploitation du site minier et des usines.
(Nemaska Lithium)