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Matagami s’allie à Washaw Sibi

La cheffe de Washaw Sibi, Annie Mapachee-Salt. (Courtoisie)

Le maire de Matagami, René Dubé, perçoit d’une manière positive l’établissement de la communauté crie de Washaw Sibi près de sa ville.

Groupe oublié lors des négociations de la Convention de la Baie-James et du Nord québécois (CBJNQ), la communauté de Washaw Sibi, qui regroupe aujourd’hui quelque 500 membres de tous âges, a voté à 87 % en faveur de la fondation d’un village près de Matagami le 12 aout dernier.
« Je vois ça d’un œil positif, prudent et constructif, dit René Dubé. Tout le monde cherche à attirer des gens. Un boom de 500 personnes, ça apporte un potentiel de travailleurs et d’implication, un impact économique. On peut penser à Oujé-Bougoumou et Mistissini dans le secteur de Chibougamau; ça a des impacts dans le commerce, dans le social. […] Nous sommes habitués de côtoyer les communautés cries le long de la côte. On va s’assoir, travailler pour que ce soit bon pour les gens de Matagami, mais bon aussi pour les gens de Washaw Sibi. Il y a une volonté de faire en sorte que ça réussisse, dans le respect des uns et des autres. »

Près de la rivière Bell

Le maire de Matagami décrit le site convoité par Washaw Sibi comme étant près de l’ancienne mine Orchan. « C’est environ à deux kilomètres du village sur le côté ouest, près de la rivière Bell, précise de son côté la cheffe de la Première Nation, Annie Mapachee-Salt. Le lac Matagami n’est pas loin; c’est très important pour nous d’être près d’un cours d’eau. Il y a une route de gravelle. »

Le site, en partie forestier, est en terre de catégorie III, dit Mme Mapachee-Salt. Il est trop tôt pour dire quelle sera la superficie du territoire. Mais en vertu de dispositions de la CBJNQ, en 2022, Oujé-Bougoumou, Wemindji, Whapmagoostui et Waskaganish ont accepté de transférer à Washaw Sibi un kilomètre carré de terre de catégorie 1. Les terres de catégorie I sont attribuées aux Autochtones pour leur usage exclusif. En contrepartie, explique Annie Mapachee-Salt, une partie des terres de ces communautés deviendront de catégorie III.

Washaw Sibi a demandé aux autres Premières Nations d’Eeyou Istchee de lui transférer aussi un km² de catégorie I. « Ce n’est pas réglé, elles ont encore des démarches à faire », précise la cheffe. Des terres de catégorie 1 nous donneraient des assises plus solides. Oujé-Bougoumou est devenu une bande il y a quelques années. Plusieurs de leurs terres de catégorie I leur ont été transférées par la bande de Mistissini. Nous allons emprunter cette voie. »

Agenda

Une fois ces démarches terminées, le travail ne sera pas fini. La cheffe souligne qu’il y aura des aspects politiques, techniques et financiers à régler, un plan à formaliser.
« J’espère que, dans les prochaines semaines, nous pourrons avancer dans la planification, dit-elle. C’est très délicat et en même temps très excitant. Dans deux ou trois ans, j’espère que la construction va commencer. »
De son côté, le maire de Matagami, René Dubé, rappelle qu’il faut prendre le temps de bien faire les choses.
« Il y aura des négociations avec le gouvernement, des discussions à avoir sur l’endroit exact, commente le maire. Il y a des chalets proches du lac. C’est embryonnaire. Beaucoup de questions sont à régler, beaucoup de travail doit être fait. Ça peut prendre deux ans, cinq ans, je ne sais pas. Ça peut aller vite, mais faut que ça se fasse bien. Il faut mettre des bonnes bases pour le présent et pour le futur. »
Les pourparlers entre Washaw Sibi et Matagami doivent reprendre cet automne et devraient porter en partie sur le partage d’infrastructures, de programmes et de services.

Les alternatives

Lorsque les membres de la Première Nation de Washaw Sibi se sont réunis à Amos le 12 aout dernier, ils ont eu à choisir entre quatre sites présélectionnés au mois de novembre précédent : un endroit près de Villebois, un autre près de la mine Fénelon, un troisième vers le kilomètre 183 de la route 109 près de Matagami et, enfin, le lieu choisi.

Des groupes de travail analysaient les propositions en fonction des couts, de la viabilité du site, de la vitesse à laquelle le processus pourrait se conclure, etc. Le site sur la 109 bénéficiait d’un intérêt, mais il se trouverait sur le territoire des Algonquins. « On ne voulait pas aller dans un conflit, dit Annie Mapachee-Salt, alors le meilleur choix était à côté de Matagami. Je suis heureuse. La Ville de Matagami a beaucoup soutenu notre décision. Nous avons rencontré le maire quelques fois dans le passé et il était très ouvert. C’est une bonne région pour les opportunités et construire des coentreprises. C’est une situation gagnante pour tout le monde. »

Oubliés par la Convention

Le Grand Conseil des Cris n’a pas répondu à notre demande de commentaires. Mais il reconnaît depuis 2003 Washaw Sibi comme la 10e communauté de la nation crie.
« Ils nous supportent, affirme la cheffe Mapachee-Salt. Plusieurs d’entre eux se sont exprimés depuis que nous avons fait une tournée l’an passé pour présenter qui nous sommes, d’où nous venons, où nous vivons et où nous voulons être. Depuis, iIs nous comprennent mieux. »
Selon elle, les membres de sa communauté vivaient au nord de La Sarre et jusqu’à Waskaganish quand la convention a été signée en 1975.
« Plusieurs de nos gens n’étaient pas conscients de ça et personne n’a rien fait. Nous avons été négligés. C’est dans les années 90 qu’un groupe de nos ainés, dont plusieurs sont aujourd’hui décédés, ont dit qu’ils voulaient vivre dans une communauté crie. »
Un bon nombre des membres de Washaw Sibi vivent aujourd’hui à Pikogan.

Élections

Des élections pour les postes au conseil de bande, dont ceux de chef et de chef-adjoint, auront lieu le 12 octobre prochain à Amos, lors de l’assemblée annuelle.
Mme Mapachee-Salt préfère ne pas révéler pour l’instant si elle va se représenter.

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