Les coulisses de l’information durant les feux – Manon Cyr a vécu la pire épreuve de sa vie

Durant la semaine d’évacuation des Chibougamois, Manon Cyr a été dans le feu de l’action. Elle passait la majeure partie de ses journées de travail à répondre aux demandes d’entrevues médiatiques.

Annoncer à sa population qu’elle devait évacuer Chibougamau aura été pour la mairesse Manon Cyr, de loin, la pire épreuve de sa vie. Une décision prise après que le feu ait parcouru une distance de plus de 20 kilomètres en direction de la ville en une seule journée.

« Annoncer aux citoyens le mardi 6 juin, en début de soirée, qu’ils devaient prendre la route dans un contexte où il était impossible de savoir ce qui se passerait le lendemain fut une décision très difficile à prendre », explique Manon Cyr, mairesse de Chibougamau. Dans un contexte où il fallait prévoir une dizaine d’heures pour procéder à l’évacuation, la pression fut énorme sur la première magistrate de Chibougamau.

Dans les heures qui ont suivi, il fallait faire vite et tenir informée la population. En l’espace de quelques heures, la mairesse a dû gérer un grand nombre de demandes d’entrevues en provenance de médias de partout au Canada. « Il fallait leur répondre. Les médias nous permettaient de transmettre les mises à jour à nos concitoyens qui vivaient à l’extérieur de Chibougamau. Nous devions leur donner les bonnes informations dans le but de les rassurer, ce qui n’était pas évident », raconte-t-elle.

Doser l’information

Manon Cyr avoue qu’il fallait « doser » l’information afin d’éviter les mauvaises interprétations dans un monde où les discussions sur les réseaux sociaux s’emballent facilement. « Tout en utilisant le bon ton, je devais dire aux citoyens l’état de la situation qui changeait constamment. Pendant plus de deux semaines et demie, ce fut très intense. Ça faisait partie de mon quotidien. »
Pour la mairesse, les journées de travail débutaient très tôt pour se terminer en soirée.

« Parfois j’accordais mes premières entrevues à partir de la maison et j’arrivais au bureau un peu avant 7 h. Répondre aux demandes des médias occupait 70 % de mon temps. C’était fou », avoue-t-elle.

On la reconnait partout

Devenue une figure médiatique dominante pendant cette période, elle confirme que partout où elle se retrouve on la reconnait. « Récemment, j’ai pris quelques jours de vacances à Montmagny et on m’interpellerait, peu importe l’endroit où je me trouvais. Les gens sont sympathiques envers moi. Les Chibougamois le sont également. Ils ont apprécié le travail que j’ai fait. Je reçois régulièrement des témoignages élogieux et des remerciements. »

Un suivi au quotidien

Manon Cyr salue le travail du directeur général de Chibougamau qui agissait comme coordonnateur des mesures d’urgence et qui veillait au grain pendant qu’elle assistait aux rencontres avec les autorités civiles. « Lui, il gérait les affaires de la municipalité. De temps à autre, on se consultait parce qu’on avait à prendre des décisions sur des enjeux municipaux. Au quotidien, j’assistais à toutes les rencontres avec la SOPFEU, la Sureté du Québec et les différents partenaires. Ce qui me permettait de suivre ce qui se passait et de mieux comprendre les enjeux autant sur la progression des feux ou encore sur la sécurité dans les transports. »

Elle qualifie la semaine d’évacuation comme une période « rock and roll ». « J’étais au cœur de l’action sans en faire la gestion. J’ai déclaré les mesures d’urgence. Je faisais ce que je devais faire en répondant aux demandes des médias. Il fallait également répondre aux demandes du gouvernement pour apporter des nuances. »
Elle salue au passage le travail de Guy Lafrenière, le maire de Lebel-sur-Quévillon. « Mes citoyens ont été évacués une semaine alors que les résidents de Quévillon l’ont été à deux périodes. Une première fois pendant 16 jours et une seconde fois, 9 jours. Lui, il l’a eu dur. »

Ville désertique

Manon Cyr a trouvé difficile de voir sa ville « désertique ». « Me retrouver seule avec environ 150 personnes (services d’urgence), ce n’est pas évident. Chibougamau était devenue une ville fantôme. Les quelques personnes présentes se rencontraient à l’aréna où l’on avait aménagé une cafétéria. »

Son pire cauchemar fut celui de ne plus croiser quotidiennement ceux et celles qui l’entourent. « Quand je me rends travailler, je vois les jeunes qui attendent l’autobus et des personnes qui prennent une marche sur le trottoir. Pendant la période d’évacuation, je ne voyais plus cela. Même chose le soir, lorsque j’entre chez moi. Je sais qu’il y a des voisins. Ils n’y étaient pas pendant une semaine. Tout le monde était parti », conclut la mairesse.

Facebook
Twitter
LinkedIn
Imprimer

ARTICLES SUGGÉRÉS