Après les municipalités de Villebois, Beaucanton, Lebel-sur-Quévillon et Chibougamau, c’est au tour de Chapais d’accueillir la consultation publique Ensemble, vers l’autonomie alimentaire. Ces consultations visent notamment à mobiliser la population et les élus autour de cet enjeu devenu crucial à la suite des feux de forêt de 2023.
Les consultations sont organisées conjointement par l’organisme FaunENord, le Centre d’entrepreneurship nordique (CEN) et le Centre d’innovation sociale en agriculture (CISA). Des consultations ont déjà eu lieu depuis novembre dernier et la prochaine se tiendra à la salle des Chevaliers de Colomb de Chapais (14, 3e Avenue) de 12 h à 17 h le samedi 23 mars prochain.
L’ensemble de la population y est invité souligne le directeur du Centre d’entrepreneurship nordique, Papa Oumar Badji. « Il y a eu véritablement une belle participation lors des précédentes consultations. Bien sûr, des citoyens, mais aussi des élus, des entrepreneurs et du milieu communautaire. On y a même découvert des initiatives que je ne connaissais pas comme celle du poulailler de Lebel-sur-Quévillon ouvert quatre saisons et qui est géré par une famille différente par saison. »
Cartographie des besoins alimentaires
Ces consultations publiques visent à établir une cartographie des besoins du milieu en lien avec l’autonomie alimentaire. Selon monsieur Oumar Badji, il y a actuellement un manque de données disponibles sur l’agriculture nordique.
La première étape est de se poser des questions importantes. Comment se nourrit-on dans chaque communauté ? Comment s’approvisionne-t-on ? Quelle est la part de la chasse ou de la pêche dans cet approvisionnement ? Autant de questions auxquelles on aimerait avoir des réponses.
La seconde consiste à répertorier les initiatives qui ont fonctionné ou encore celles où l’acceptabilité sociale n’était pas au rendez-vous. Elles visent également à répertorier les sources d’approvisionnement sur l’ensemble du territoire.
Finalement, la cartographie des besoins en autonomie alimentaire qui sera publiée dans le rapport final vise à connaitre les souhaits de la population et des milieux sur cet enjeu devenu primordial dans notre société où l’autonomie alimentaire et l’approvisionnement en denrées ne sont plus seulement un enjeu territorial, mais également un enjeu provincial, national et international.
« La pandémie de COVID 19 et les feux de forêt ont soulevé deux enjeux majeurs. Bien sûr, celui des communautés qui doivent arriver à se nourrir, mais également celui de la décarbonation. À ces enjeux s’ajoutent les couts élevés d’accès aux denrées alimentaires ainsi que les couts reliés aux énergies fossiles dont l’essence et les grandes distances du territoire du Nord-du-Québec », ajoute le directeur.
Produire ce qu’on mange
Même si le travail de mise en place des consultations publiques a débuté il y a maintenant environ deux ans, celles-ci ont pris encore plus d’importance avec les feux de forêt dévastateurs de 2023.
« Les feux de forêt ont coupé les routes et arrêté la chaine d’approvisionnement pour plusieurs communautés. Alors la tenue de ces consultations publiques prend encore plus d’importance puisqu’il faut réfléchir à l’autonomie alimentaire de notre territoire et se poser la question suivante : pourquoi nous n’arrivons pas à le faire? »
Il ajoute que, pour ce faire, les communautés doivent être mobilisées et qu’il faut ensuite une volonté politique pour aller de l’avant. D’ailleurs, l’initiative a reçu le support des conseils municipaux de l’ensemble du territoire.
Rapport final
Concernant l’avenir du dossier, les élus seront interpelés notamment après la publication du rapport final pour l’ensemble des municipalités d’ici la fin du printemps. Des rapports seront produits également pour chaque communauté.
Ce rapport final inclura les consultations publiques des quatre municipalités visitées depuis novembre, mais également celles de Matagami et Radisson, dressant ainsi un portrait global pour tout le territoire.
« Il faudra voir par la suite qu’est-ce qui pourra être mis en place pour concrétiser nos démarches en autonomie alimentaire pour le territoire du Nord-du-Québec. Par exemple, cela pourrait prendre la forme d’un centre de recherche en agriculture nordique qui serait situé à Lebel-sur-Quévillon qui est au cœur du territoire. Mais il est beaucoup trop tôt pour parler d’échéancier d’implantation », souligne le directeur du CEN.
« Il faut stimuler encore plus l’entrepreneuriat avec des projets structurants, des projets qui peuvent être publics, privés ou encore coopératifs ou d’économie sociale. » Dans un premier temps, le premier secteur alimentaire visé sera celui du maraichage. « C’est la première ligne. Cela peut se faire par l’implantation de serres. Puis on pourrait y aller avec l’industrie des protéines comme les volailles. »
Soulignons en terminant que ces consultations publiques sont rendues possibles grâce au réseau des Société d’aide au développement des collectivités (SADC) du territoire ainsi qu’au Groupe Neurones.