Ce qu’il reste des feux se veut une œuvre mettant en lumière la mémoire collective et la résilience des Jamésiens et Jamésiennes à la suite des feux de forêt de 2023. Et quoi de mieux que d’aller puiser au cœur même de la forêt, par le biais du land art, pour créer cette œuvre artistique surement très émouvante.
Stacy-Ann Oliver et Camille Lescarbeau ont choisi d’utiliser le land art comme méthode artistique afin de faire réagir les personnes touchées par les feux de forêt afin qu’elles expriment leur sentiment face à ce qu’elles ont vécues.
Le land art est une tendance de l’art contemporain utilisant le cadre et les matériaux de la nature (bois, terre, pierre, sable, eau, etc…). Les œuvres sont souvent en extérieur, exposées aux éléments et soumises à l’érosion naturelle. On peut donc dire de ces œuvres de land art qu’elles sont éphémères, même si parfois certaines résistent plus longtemps que d’autres aux aléas de la nature.
Les ateliers créatifs auront lieu dans les tranchées devant le golf à Lebel-sur-Quévillon (14 mai, 19 h), au parc de la Chute à Chapais (15 mai, 19 h), à la plage du sentier du lac Gilman (16 mai, 19 h), au Carrefour communautaire de Val-Paradis (21 mai, 19 h), à la salle communautaire de Radisson (23 mai, 19 h) et à la galerie AU de Matagami (25 mai, 13 h).
Vivre la forêt
Les ateliers de médiation culturelle des deux artistes sont d’une durée d’environ 90 minutes et sont ouverts à toute la population. En déambulant dans une zone boisée, les participants sont invités à faire la cueillette d’éléments organiques en vue de réaliser une petite œuvre de land art. Le thème de la régénération est bien présente dans la démarche des deux artistes.
Une discussion informelle sur l’art, les feux de forêt et l’environnement en général s’intègre aux ateliers. « La préparation de ces ateliers depuis les derniers mois est très stimulante. Notre créativité à Stacy-Ann et à moi s’est très bien complétée même si, à l’origine, nous avons des démarches artistiques différentes », explique Camille Lescarbeau.
« La forme d’ateliers land art a très bien répondu à notre démarche. En fait, ça rejoignait nos deux pratiques dans la vie. C’est une forme d’art accessible qui permet de créer une œuvre tout en recueillant des témoignages. On s’attend à une quinzaine de participant.es à chaque atelier », ajoute Stacy-Ann Oliver.
Filet de sécurité
Comme les feux de forêt de 2023 sont encore frais à la mémoire de la population du Nord-du-Québec, les deux artistes sont accompagnées, à chacune des rencontres, par une intervenante qui agit comme filet de sécurité. Ainsi, des gens, ressentant le besoin de se confier face aux évènements qu’ils ont vécus à l’été 2023, pourront le faire dans un cadre d’intervention sociale en étant accompagnés par une professionnelle de la santé du Centre régional de la santé de la Baie-James.
« Nous sommes conscientes que parler des feux de forêt peut raviver des émotions douloureuses pour certaines personnes. C’est pour cela que nous serons accompagnées d’intervenants formés, prêts à offrir écoute et réconfort si nécessaire. »
Retour aux sources
Pour l’artiste Camille Lescarbeau qui vit à Montréal, ces ateliers sont une forme de retour aux sources. « J’ai de la famille à Lebel-sur-Quévillon. C’est un lieu qui m’est familier et avec lequel j’ai un sentiment d’appartenance et beaucoup d’affinités. Je trouve ça très emballant de travailler ce projet dans le Nord-du-Québec avec les gens du Nord-du-Québec.
Est-ce que ce projet pourrait donner naissance à des collaborations futures entre les deux artistes ? « Je pense que oui, que la collaboration pourrait se poursuivre. Une chose est certaine, il y a un beau potentiel. Nous avons toutes les deux le gout de créer et nous avons les mêmes valeurs environnementales », mentionne Camille Lescarbeau qui travaille le papier fait à la main.
Biennale de Saint-Jean-Port-Joli
L’expérience qui émergera de ces ateliers servira aux artistes à conceptualiser leur œuvre lors de la Biennale de sculpture de Saint-Jean-Port-Joli qui aura lieu du 24 au 28 juillet. Cette œuvre éphémère saura certainement émouvoir les gens présents à la biennale.
Mentionnons que les artistes ont reçu une subvention de 20 000 $ du Conseil des arts et des lettres du Québec (CALQ) pour la réalisation de ce projet artistique.