Les gens ont marché à la mémoire de Sandy Michel, vendredi après-midi dans les rues de Lac-Simon, mais aussi contre l’alcool et la drogue, un fléau qui, de l’avis même de ses citoyens, fait beaucoup de ravages dans cette communauté algonquine d’environ 1800 âmes.
De 130 à 150 personnes – des enfants, des adolescents, des adultes et des aînés – ont pris part à cette marche qui a arpenté à peu près toutes les rues du village. Douglas Penosway était du nombre. «Mon but, en venant ici, est que ma communauté élimine la drogue et l’alcool sur son territoire. Oui, je crois que ça peut faire une différence. C’est le début de notre combat», a-t-il mentionné, plein d’espoir.
En les côtoyant avant cette marche, à la salle communautaire, on sentait chez les gens de Lac-Simon une réelle volonté de prendre la situation en main pour éviter un autre drame comme celui du 6 avril, où Sandy Michel, un jeune homme de 25 ans, a été tué par balle dans une opération policière qui a mal tourné alors qu’il était intoxiqué et qu’il se serait montré menaçant avec une machette, ont rapporté divers médias.
«C’est assez, la drogue dans la communauté. Tous ensemble, nous allons être capables de lutter contre ce problème», a déclaré la vice-cheffe de Lac-Simon, Pamela Papatie, aux participants de la marche.
Dénominateur commun
Le dénominateur commun de cette marche se voulait les nombreuses affiches réclamant l’éradication de la drogue à Lac-Simon. Louise Pien, elle-même une ancienne consommatrice, tenait à faire sa part.
«En participant à ce mouvement, je veux aider les jeunes à se relever, a-t-elle signalé. J’ai connu l’alcool et la drogue, mais je m’en suis sortie après avoir failli y passer. J’ai une belle vie aujourd’hui et je souhaite transmettre le message qu’on est beaucoup mieux sans drogue et alcool. J’aimerais aussi qu’on occupe davantage les jeunes de Lac-Simon avec des activités, qu’elles soient culturelles, sportives ou autres», a ajouté Mme Pien.
Cellule de crise
Au lendemain de la tragédie (la veille de la marche), le Conseil de la nation Anishnabe de Lac-Simon a fait savoir par voie de communiqué avoir mis sur pied une cellule de crise afin d’établir un plan d’action, avec des rencontres entre des ressources externes et des gens du milieu, pour soutenir la famille éprouvée et la communauté.
«Notre conseil et les intervenants prennent tous les moyens pour assurer la sécurité des gens et tenter de trouver des pistes de solution», a indiqué Pamela Papatie.
Le cri du coeur de Samian
C’est un véritable cri du cœur qu’a lancé le rappeur Samian, autochtone originaire de Pikogan, à la suite des événements de Lac-Simon. Disons que le message pourrait difficilement être plus clair. «J’en ai marre de voir à quel point l’alcool et la drogue ravagent nos communautés, a-t-il exprimé sur Facebook.
«J’entends tellement de jeunes se plaindre que les Blancs nous font ci, nous font ça, alors qu’on se fait plus mal entre nous. Ce n’est pas une question de couleur, mais d’honneur. J’en ai marre de voir des adolescents briser leurs rêves avec du poison. On se dit fiers de notre culture, mais on ne le montre pas. L’alcool et la drogue embrouillent l’esprit. Pensez-vous vraiment que nos ancêtres seraient fiers de nous? Un Amérindien, ça se tient debout, pas à quatre pattes! Vous voulez voir du changement? Soyons le changement et arrêtons de nous apitoyer sur notre sort», a écrit Samian en substance.
Plus de soutien réclamé
Au conseil de bande de Lac-Simon, on souligne que depuis le décès du policier Thierry Leroux, plusieurs démarches ont été faites auprès des gouvernements afin d’obtenir plus de soutien, mais sans résultats. «Nous sommes conscients que ce n’est pas seulement avec du financement que nous allons tout régler, mais au moins, si nous pouvons avoir des ressources, nous pourrons nous attaquer aux vrais problèmes, a affirmé la vice-cheffe Pamela Papatie.
«Actuellement, nous consacrons nos énergies à tenter de répondre à des exigences, notamment du ministère (fédéral) des Affaires autochtones, qui veut un plan de redressement financier alors que nous n’avons même pas les moyens de répondre à des besoins de base comme la sécurité publique et l’habitation. C’est très difficile à vivre et franchement déconnecté de la réalité», a-t-elle déploré.
Vente d’alcool suspendue
À la suite de la tragédie du 6 avril et considérant la situation actuelle, le conseil de bande a adopté une résolution interdisant la vente d’alcool à l’épicerie de Lac-Simon pour la fin de semaine du 8 au 10 avril. La situation sera réévaluée par la suite, peut-on lire sur les écriteaux affichés dans les vitrines de la salle communautaire et du BoniChoix de l’endroit.