L’autrice Anne-Marie Allard prépare un livre jeunesse en lien avec les feux de forêts de 2023

Le Conseil des arts et des lettres du Québec (CALQ) et l’Administration régionale Baie-James ont annoncé le 6 mars dernier un soutien financier totalisant 73 200 $ à six artistes. L’une des récipiendaires est l’autrice et illustratrice Anne-Marie Allard qui nous présentera cet automne son livre jeunesse L’arbre de Joanie.

Ces aides financières à la culture du Nord-du-Québec s’inscrivent dans le cadre du Programme de partenariat territorial pour la collectivité jamésienne. C’est la quatrième fois que l’artiste se voit octroyer une aide du CALQ depuis 2021.

« Concrètement la bourse de 5 000 $ va me permettre de travailler sur mon livre jeunesse L’arbre de Joanie pour une publication imprimée et une autre en version kamishibaï à l’automne prochain. L’histoire, se déroulant dans le Nord-du-Québec, raconte celle de la petite Joanie, 6 ans, qui doit être évacuée d’urgence en raison des feux de forêt et qui laisse derrière elle l’arbre planté pour elle à sa naissance, dans sa belle cour. Cet arbre, elle en prend soin en l’arrosant à tous les jours et elle s’inquiète pour lui avec tout ce qui arrive. Heureusement l’histoire finit bien », explique l’autrice et illustratrice, le sourire dans la voix.

Coffret kamishibaï

Le livre et ses illustrations seront également adaptés en coffret kamishibaï (théâtre de papier), une technique de narration d’origine japonaise basée sur des images qui défilent dans un butaï (théâtre en bois). Un coffret kamishibaï est composé d’un ensemble de planches plastifiées racontant une histoire. Chaque planche met en scène un épisode du récit, le recto pour l’illustration, le verso pour le texte.

« Cette façon de conter une histoire plait beaucoup aux jeunes. Il faut que j’adapte les illustrations à ce format pour les utiliser lorsque je présente un livre jeunesse. Les jeunes posent beaucoup de questions. Mes livres jeunesse s’adressent aux 3 à 7 ans. Le vocabulaire utilisé pour les jeunes est aussi très important pour moi. »

Faire œuvre utile

L’autrice ajoute que chaque livre demande de la recherche. Il est important pour elle que le livre apporte un côté éducatif et non seulement ludique. « Je souhaite que ça touche les enfants. Les feux de forêt ont eu des impacts sur les jeunes. Les évacuations ont été rapides et sur plusieurs jours. C’est une manière de dédramatiser et aussi, d’une certaine façon, d’accepter ce qui s’est passé l’été dernier avec les feux de forêt et de parler des changements climatiques » ajoute madame Allard.

Créer un livre, qu’il soit pour enfant ou pour adulte, n’est pas chose simple. Il y a l’étape des recherches, celle de la rédaction, celle des illustrations, celle de la correction et enfin celle de la publication. Les prochains mois de madame Allard seront donc consacrés à la création de cette œuvre littéraire.

« L’an dernier, j’ai présenté un premier livre pour enfants : Mission : caribou. J’avais obtenu une bourse du CALQ à cet effet. J’écris également des romans pour adulte. Je suis à peu près tout le temps en processus d’écriture ou en arts visuels. Ça m’occupe et j’adore ça », ajoute celle qui fait des lectures en garderie, entre autres.

Autres récipiendaires

Cinq autres artistes ont reçu des montants qui varient entre 5 000 $ et 20 000 $ pour leurs projets artistique et littéraire. En plus de madame Allard, on y retrouve l’artiste Julien Brault (8 030 $) pour présenter une exposition comprenant dix sculptures de masques d’argile locale, mettant en valeur la nature du Nord-du-Québec, accompagnées d’œuvres de pastels secs et de courtes vidéos.

Le soutien financier à l’artiste Judy Dimentberg (9 320 $) permettra à celle-ci de créer un corpus d’œuvres ayant pour thématique la préservation de la biodiversité et des écosystèmes alors que madame Marianne Dumas obtient 20 000 $ pour la création d’un livre à colorier représentant des caractéristiques du Nord-du-Québec et un cahier de cueillette de produits forestiers non ligneux de la région.

Finalement, l’artiste Maurane Paradis reçoit 10 850 $ pour réaliser un projet de recherche et de création architecturale qui explore une voie alternative de représentation du territoire quévillonnais, en fusionnant des données satellites abstraites avec l’expérience vécue et la mémoire du territoire, alors que Stacey-Ann Oliver obtient 20 000 $ pour réaliser un projet de recherche explorant la mémoire collective de la communauté jamésienne à la suite des feux de forêt de 2023, pour ensuite créer une œuvre à la Biennale de la sculpture de Saint-Jean-Port-Joli.

Processus de sélection

Les demandes, qui ont été accordées, ont d’abord été analysées par un comité composé de pairs, réunis par le Conseil, œuvrant dans différents secteurs artistiques. Les projets ont été sélectionnés au mérite, sur la base de leur excellence, de leur adéquation aux objectifs du programme, et en fonction des disponibilités budgétaires des partenaires.

Une chose est sûre, ces aides financières permettent de voir émerger des œuvres littéraires et culturelles très variées, des œuvres qui dépeignent les réalités du territoire du Nord-du-Québec, mais surtout qui permettent de faire rayonner cette culture jamésienne propre à ce vaste territoire.