On a déjà vogué sur des eaux moins troubles à Lac-Simon.
La communauté algonquine éprouverait des difficultés à rencontrer ses obligations financières, ce qui a incité le ministère fédéral des Affaires autochtones à vouloir y appliquer ce qu’il appelle la cogestion – l’une des étapes avant la tutelle – en y dépêchant deux fonctionnaires pour l’aider à régulariser la situation.
Selon ce que rapportait Radio-Canada, Ottawa en était venue à cette proposition car le conseil de la nation Anishinabeg de Lac-Simon n’a pas remis certains rapports financiers à temps. D’après le député d’Abitibi – Baie-James – Nunavik – Eeyou, Romeo Saganash, Lac-Simon devrait être en mesure de remettre les rapports en question d’ici le 1 mai.
Pour M. Saganash, la situation de Lac-Simon s’explique non pas par une administration déficiente, mais bien par un manque de ressources. «C’est uniquement une question de remettre les rapports, pas une question de mauvaise gestion, soutient-il.
«C’est sûr qu’avec des ressources limitées, ils (les gestionnaires de Lac-Simon) ont été contraints de jouer avec les différents fonds. Cela a retardé le dépôt des rapports, ce qui a sonné l’alerte au ministère des Affaires autochtones, ajoute le député fédéral. Et comme les ressources ont dû être étirées pas mal à Lac-Simon avec la crise vécue récemment, la situation est compréhensible dans les circonstances», mentionne-t-il.
Financement insuffisant
À Lac-Simon comme dans d’autres communautés autochtones au pays, le financement provenant du gouvernement fédéral n’est pas suffisant pour répondre à des besoins criants, selon Romeo Saganash. «À cause de ce manque de ressources pour livrer tous les services, des communautés doivent piger dans d’autres fonds pour subvenir à l’éducation, la police et la santé mentale, par exemple», souligne-t-il.
Une solution à court terme
Si la cogestion pourrait aider dans l’immédiat, elle ne réglerait rien à long terme, fait remarquer Romeo Saganash. «Le financement n’a pas suivi la croissance du taux de natalité des communautés autochtones, indique-t-il. À Lac-Simon justement, il y a présentement une école primaire pour 200 élèves, mais dans cinq ans, ils seront 500 élèves. Les fonctionnaires du ministère des Affaires autochtones ont du mal à comprendre ce genre de choses. J’ose espérer que M. Trudeau va livrer ses promesses de combler les besoins», raconte M. Saganash.
De l’impact 20 ans plus tard
Selon le député Saganash, le manque de financement pour les communautés autochtones comme Lac-Simon découle d’une décision prise en 1996 par l’ancien gouvernement libéral fédéral. «Paul Martin (alors ministre des Finances) avait imposé à 2% maximum par année la hausse du financement. Cette mesure est encore en vigueur 20 ans plus tard et on en voit l’impact, signale Romeo Saganash. C’est à souhaiter que M. Trudeau va remplir sa promesse de retirer cette mesure.»