Le CRSSS de la Baie‑James a dévoilé la semaine dernière, les résultats d’un sondage d’impact des feux de forêt sur la population, sondage mené par la direction de la santé publique au cours de l’été.
C’est que la direction de la santé publique voulait connaitre l’état de santé de la population autant au niveau physique que psychologique suite aux évènements du printemps dernier et des feux de forêt. Quel impact auront eu les évacuations? Les épisodes de fumée ont-ils causé du tort à la population?
« Nous étions très intéressés de voir l’impact de ce que nous avons vécu cet été, des évènements d’ailleurs hors du commun, autant pour comprendre l’état de santé de nos communautés et aussi voir si les besoins de base ont été répondus », mentionne le Dr Éric Goyer, directeur de la santé publique pour le Nord-du-Québec. Le sondage qui est assez important a demandé deux mois de collecte de données.
Population affectée
Quand la direction de la santé publique étudie les données qu’elle a recueillies, elle voit quand même des choses intéressantes à retenir et pas seulement du négatif. « Dans l’analyse, il y a des points positifs à retenir, nous dit le Dr Goyer, comme par exemple que 90 % des gens ont réussi à subvenir à leurs besoins essentiels lors de l’évacuation, que ce soit le fait d’être en sécurité, avoir accès à de la nourriture, à des soins de santé. »
Une autre constatation, c’est que les gens ont, pour la plupart, un réseau social et familial important puisque la majorité des gens évacués ont été hébergés chez de la parenté ou des amis. Mais de l’autre côté, il faut rester attentif, car ça veut dire qu’il y a quand même 10 % de gens qui n’ont pas réussi à répondre à l’ensemble de leurs besoins. Il faudra donc, dans une situation similaire, penser à eux pour ne pas les laisser pour compte.
Pour ce qui est des impacts sur la santé, directement de la population, le Dr Goyer et son équipe ont fait deux constatations. Une première au niveau des problèmes respiratoires : un tiers des gens sondés a mentionné avoir éprouvé des difficultés respiratoires, soit qu’ils avaient déjà des problèmes de base qui se sont aggravés ou qu’ils en ont développé. La deuxième constatation touche la santé mentale de la population. « Les trois quarts des gens dans la région ont vécu du stress, que ce soit des problèmes de sommeil, alors que d’autres ont développé des comportements différents. On a pu le remarquer dans la consommations d’alcool, de tabac ou même de vapotage. » Ce sont les deux plus grands aspects qui ressortent du sondage.
Parmi les répondants qui ont indiqué consommer de l’alcool, des produits du tabac ou de la drogue, 18 % disent avoir augmenté leur consommation d’alcool, 26 % leur consommation des produits du tabac et 10 % leur consommation de drogue. Plus de la moitié des répondants ont indiqué avoir augmenté de façon importante leur temps d’écran.
Pas une surprise
Les professionnels de la santé et des services sociaux de la région n’ont pas été surpris par les résultats de cette enquête. Le Dr Goyer et son équipe, avec ce sondage, ont des résultats tangibles. « On s’en doutait mais, avec ce sondage-là, nous en avons le cœur net. Au moins avec des chiffres à l’appui, nous pouvons mieux documenter ce que les gens ont vécu et mieux aussi cibler où il peut y avoir des améliorations potentielles. » Une donnée a cependant surpris son équipe et c’est au niveau respiratoire. Les résultats sont plus élevés que ceux anticipés selon les données de qualité de l’air qui avaient été récoltées par les stations de qualité de l’air installées dans la région durant l’été. Le Dr Goyer n’est pas inquiet pour les effets à long terme. C’est plus pour les effets aigus à court terme qu’il y avait lieu de s’inquiéter. « Oui, ce sont plusieurs journées d’exposition à la fumée mais, si l’on regarde sur une année, c’est une petite exposition, donc beaucoup moins inquiétante pour les effets à long terme mais c’est suffisant pour les gens plus vulnérables. »
Parmi les répondants, 80 % ont indiqué être satisfaits des recommandations émises par la santé publique quant à l’indication de la qualité de l’air et les activités extérieures pouvant être réalisées en présence de fumée.
Dans le sondage, plusieurs suggestions ont été proposées et seront évidemment analysées, soit l’amélioration des communications et la diffusion de l’information par et pour l’ensemble des impliqués. Aussi obtenir plus rapidement une aide financière mieux adaptée aux besoins et améliorer la gestion lors de l’évacuation.
La collecte de données a été réalisée par voie de sondage électronique, téléphonique et en personne et ce sont 775 personnes âgées de 14 ans et plus qui ont participé. Ces personnes ont été interrogées sur leurs préoccupations et comportements relatifs aux composantes suivantes : le logement lors de l’évacuation, la santé physique et psychologique, la consommation, les recommandations de la santé publique et la satisfaction de leurs besoins.