L’expo virtuelle Mon cœur est au Nord vise à remédier à l’absence de représentation des femmes dans les récits d’exploration du Québec.
La Société d’histoire de la Baie-James (SHBJ) utilise le mode virtuel pour présenter les voyages de Thérèse Bernier (1905-1964) qui accompagna son mari arpenteur, Jean-Baptiste Gaudreau, dans nombre d’expéditions en Eeyou Istchee Baie-James. « Il y a beaucoup de mouvements de population dans la région, explique l’archiviste de la SHBJ, Marie-Claude Duchesne. Le fait que l’expo soit en ligne permet à ceux qui ont quitté la région de la voir, tout comme ceux qui demeurent à Lebel-sur-Quévillon ou à Matagami. […] J’ai reçu beaucoup de commentaires positifs de gens de tous les âges, plus que je ne pensais. »
L’exposition est en ligne, de manière permanente, depuis le 1er mai. La plateforme Google Arts et Culture est facile d’utilisation et d’accès, considère Mme Duchesne, qui annonce qu’il y aura dorénavant des expositions virtuelles mensuelles.
Une jupe pour la dernière fois
L’exposition Mon cœur est au Nord est constituée d’un film, de 20 photos (sépia) et de tout autant de textes explicatifs sur les voyages et la vie de Thérèse Bernier et de son mari Jean-Baptiste Gaudreau. Sa première expédition date de 1928 et on l’aperçoit, souriante, avec un groupe de canoteurs sur les rives d’un cours d’eau non identifié. « La première et la dernière fois qu’on la voit en jupe », s’esclaffe Mme Duchesne.
Avec parfois les Cris pour compagnons, les expéditions menèrent l’arpenteur et sa femme, sur les lacs Opinaka et Mistassini, sur les rivières Eastmain et Rupert, et dans bien d’autres lieux encore. Après l’incendie de la maison familiale du sud du Québec, en 1951, Thérèse et Jean-Baptiste décident de vivre avec leurs enfants dans la forêt. « C’est là que l’une de ces derniers, Françoise, a rencontré son futur mari, le célèbre pilote de brousse Thomas Fecteau », dit Mme Duchesne.
Des photos remarquables
M. Fecteau et son épouse ont donné leurs archives à la SHBJ en 2013. « C’était formidable, se souvient l’archiviste, à propos du don. Les photos d’archives de la région, ce sont souvent des mineurs, des hommes. Les femmes sont sous-représentées. Mais des Thérèse Bernier, il y en a probablement eu plein. » Les photos sont remarquables et Thérèse Bernier est resplendissante, considère Marie-Claude Duchesne.
« Choisir les photos a été difficile, crève-cœur. Il y en avait 400 et nous en avons pris 20 », confie-t-elle.
P171, S1, SS2, SSS3, P5 : Thérèse Bernier à sa première expédition d’arpentage en forêt (1928). (Fond P171 Thomas Fecteau et Françoise Gaudreau, SHBJ)
P171, S1, SS2, SSS11, D3, P4 : Thérèse Bernier, son fils Gilles et un groupe cri au lac Neokweskaw (1937). (Fond P171 Thomas Fecteau et Françoise Gaudreau, SHBJ)