Fièvre pour la cueillette des champignons – la prudence est de mise

Septembre s’annonce prometteur dû à la météo humide des dernières semaines. Crédit photo : Courtoisie FaunENord

Par Laurence Trahan, Initiative de journalisme local

L’autocueillette de champignons sauvages est en vogue cette année dans le Nord-du-Québec. Si cette activité attire de plus en plus de curieux, les mycologues amateurs s’exposent à des risques potentiels.

« On sent un engouement et un désir d’en apprendre davantage sur les champignons chez les locaux et les visiteurs », acquiesce Pascale Masson-Trottier, directrice générale de FaunENord. Depuis les trois dernières années, elle observe une croissance significative, autant pour l’achat des produits de la forêt que pour les activités de cueillette de champignons sauvages.
FaunENord est une entreprise d’économie sociale qui œuvre dans le secteur de l’environnement. Depuis dix ans, l’organisation gère sa microentreprise qui fait la vente de produits forestiers non ligneux et qui facilite l’initiation à la pratique de l’autocueillette auprès d’amateurs.

L’entreprise nord-québécoise offre notamment des activités éducatives sur les plantes et les champignons. Cette année, FaunENord compte plusieurs demandes pour la tenue d’activités de la sorte. « On a organisé des activités à Lebel, à Matagami, à Mistissini, à Chapais et à Chibougamau. » « Il y a de plus en plus d’intérêts pour la cueillette de champignons sauvages », confirme à son tour le mycologue d’expérience Roger Larivière. « Je le vois, c’est assez incroyable. » Les ateliers en mycologie de l’auteur et conférencier débordent aussi. « Les gens se promènent dans la forêt et trouvent que les champignons sont beaux. Ils veulent savoir leurs noms et s’ils peuvent les manger. »

L’inventaire du Nord-du-Québec

« Quand on commence à s’intéresser aux champignons, on s’intéresse au territoire qu’on habite, on se l’approprie », soutient Roger Larivière. Le Nord-du-Québec regorge de champignons sauvages. Plusieurs espèces y poussent en abondance comme le champignon crabe, le champignon tortue ou la chanterelle en tube.

Encore cette année, les mycologues attendent impatiemment le mois de septembre qui s’annonce prometteur dû à la météo humide des dernières semaines. Si la fin de l’été promet souvent un inventaire colossal d’espèces de champignons, chaque saison a sa propre couleur. « C’est un peu comme les fruits. Ce ne sont pas tous les fruits qui sont prêts en même temps. Pour les champignons, c’est la même chose », précise Pascale Masson-Trottier.

Roger Larivière a l’habitude de cueillir en forêt boréale. Selon lui, pour dénicher des champignons sauvages, « il faut aller lentement, il faut observer ». Cette stratégie ne lui assure pas seulement une chasse fructueuse, mais surtout une récolte sécuritaire.

Les risques

L’amanite vireuse, la galérine marginée, l’amanite tue-mouches et le gyromitre commun ont tous des caractéristiques communes: ces champignons sont toxiques et germent dans la région.
La consommation de champignons peut avoir de graves conséquences sur la santé humaine.

L’amanite vireuse, aussi connue sous le nom de l’ange de la mort, se propage de la fin aout à la fin de septembre. À première vue, ce champignon blanc partage des similitudes avec la lépiote lisse, un champignon répandu qu’on peut même apercevoir sur la pelouse des maisons pavillonnaires. Si la lépiote lisse est un champignon qui a bon gout, l’indigestion de son cousin malin, l’amanite vireuse, est fatale.

D’autres champignons, comme le gyromitre commun, empoisonnent lentement celui qui le consomme. « La toxine qui est à l’intérieur du champignon s’accumule dans le corps de la personne qui le consomme », explique Roger Larivière. C’est ce qu’on appelle un empoisonnement par bioaccumulation.

Les précautions à prendre

Lors de la pratique de cette activité, la prudence est de mise. Avant de s’enfoncer dans la forêt, la directrice de FaunENord souligne l’importance d’assister à des ateliers d’initiation. « On encourage la cueillette, mais il faut qu’elle soit bien encadrée », nuance-t-elle.

Roger Larivière recommande l’achat d’un livret d’identification. « Un guide d’identification qui est adapté, qui parle des champignons du territoire où l’on se trouve. On n’achète pas de guides européens par exemple, qui n’ont pas toujours les mêmes champignons », clarifie-t-il.

Malgré ces précautions, Roger Larivière insiste, « il faut toujours faire vérifier notre cueillette par un expert ». FaunENord reçoit régulièrement des photos d’amateurs de cueillette. « En cas de doute, c’est important de demander à une personne compétente de valider les champignons de façon sécuritaire avant de les manger », affirme la directrice générale, Pascale Masson-Trottier.

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