Exploration minière – Un état des lieux

Le site du projet Troilus.

Plusieurs sites d’exploration minière ont été épargnés par les flammes; il reste aux gouvernements à être indulgents face à des échéanciers fiscaux difficiles à respecter dans les circonstances.

Le projet aurifère Troilus est situé à 172 kilomètres au nord de Chibougamau. Au stade d’exploration avancé, le site comprend plusieurs infrastructures dont un camp qui peut contenir une centaine de personnes, une sous-station électrique, etc. « Les opérations sont arrêtées depuis environ deux semaines », rapporte le vice-président senior projets spéciaux et opérations gouvernementales, Daniel Bergeron, soulignant que quelques personnes restent sur place pour la sécurité et la permanence. « On roule sur les génératrices depuis une douzaine de jours parce que le feu a passé sur les lignes d’Hydro-Québec. Ils m’ont dit que les réparations seraient finalisées d’ici une semaine ou deux. »

M. Bergeron dit que les infrastructures ont été épargnées, mais que le feu s’est arrêté à cinquante pieds d’une importante tour de communications située sur le flanc du mont de Maurès.
« C’est un actif très important, explique M. Bergeron. Juste à côté, au lac de Maurès, le camp Beaver a passé au feu. »

Windfall, Azimut et Bonterra

Le projet aurifère Windfall de Minière Osisko est situé au sud de la 113 sur des terres de la Première Nation de Waswanipi. « Le feu a contourné notre site parce qu’il n’y avait pas de vent, relève le président de la compagnie, Minière Osisko, Mathieu Savard. […] Beaucoup de gens ont tout perdu, leur camp de chasse, etc. On a donc décidé de continuer à payer nos salariés. »

Azimut Exploration possède quatre sites d’exploration de lithium le long de la route Transtaïga et un autre entre Eastmain et le relai routier 381. Là aussi, le travail est arrêté, mais on ne déplore aucune perte matérielle », relate le président de la firme, Jean-Marc Lulin.

Même son de cloche chez Ressources Bonterra, dont les propriétés aurifères Gladiator, Barry et Bachelor ont aussi été épargnées. « Le feu est passé proche de Barry au début des incendies, révèle le président Marc-André Pelletier. Mais à ce moment-là, la Sopfeu avait pas mal de ressources, et elle a fait un bon travail. » Au moment d’écrire ces lignes le feu est à 5 à 10 kilomètres de Barry et Gladiator, selon M. Pelletier.

Un bilan à venir

À l’heure actuelle, étant donné l’interdiction d’aller en forêt, il n’est toutefois pas possible d’avoir une idée précise de l’état global des infrastructures minières dans la région.
« On n’a pas beaucoup de détails de ce côté, dit le directeur général de l’Association de l’exploration minière du Québec (AEMQ), Guy Bourgeois. Il est trop tôt pour faire un bilan de la situation. Il y en a qui ont réussi à sortir leurs équipements des sites lors de l’évacuation, mais ça n’a pas été le cas pour tous. Mais ça ne veut pas dire que l’équipement a été détruit même si le feu a passé dans un secteur. Ce qui est clair, c’est que les gens sont préoccupés. Il y en a dont l’équipement est assuré, d’autres non. »

Respect des agendas

Le directeur général de l’AEMQ évoque les impacts des retards sur les minières. « On est actuellement dans le meilleur temps pour faire les travaux, souligne-t-il. Est-ce qu’on va être capable de réaliser les travaux à la hauteur de ce qui était prévu en début de saison? Ça va durer combien de temps ? » Les minières interrogées à ce propos ne semblent pas inquiètes, dans la mesure où la situation se normalise rapidement.

« On est sur le hold, avoue M. Bergeron, chez Troilus. Aussitôt que la route du Nord va rouvrir et que l’endroit va être sécuritaire, on va recommencer. On est là pour valoriser le gisement. On prend du retard sur notre programme de forage, mais on va pouvoir le rattraper. On va forer plus longtemps à l’automne quand tout sera plus calme. Toute l’équipe de géologues fait des analyses, du traitement d’images et de la planification en télétravail. »

Même position chez ses collègues. « On ne croit pas que ça va créer des délais, analyse Mathieu Savard. Quelques semaines, ce n’est pas significatif. »

Les programmes gouvernementaux

Toutefois, certaines minières financées par l’État sont assujetties à des échéanciers. Avec le programme d’actions accréditives, explique M. Pelletier, de Ressources Bonterra, les minières ont un retour d’impôt de 37 % sur ce qu’elles dépensent. Mais elles doivent dépenser dans un terme fixe au risque de perdre cet allégement fiscal.

Un autre programme gouvernemental possède des contraintes liées à un échéancier. « On doit faire des travaux statutaires sur nos claims, explique M. Lulin, d’Exploration Azimut.

Ne pas avoir accès au territoire ne me permet pas de faire mes travaux. Je pourrais perdre cet avantage fiscal. On a une obligation de dépenses; si on ne dépense pas dans les temps, on doit payer en argent le double de ce qu’on aurait dû dépenser pour conserver le claim ou on perd le claim. »

M. Lulin reconnait toutefois que le gouvernement est favorable au développement minier et se veut une aide à l’industrie. Pendant la COVID, rappelle Guy Bourgeois, il a été compréhensif pour les retards sur les actions accréditives. « Mais on a besoin d’un signal de leur part pour être sûr qu’ils ont compris l’enjeu, affirme-t-il. Il faut une extension de la période de dépenses. S’il n’y a pas cette écoute, ça lance un mauvais message aux actionnaires, qui peuvent se dire qu’ils vont attendre que la situation soit réglée avant d’investir.

Les hélicos

M. Bourgeois souligne qu’actuellement, tous les hélicoptères sont réquisitionnés par la Sopfeu pour ses opérations. Un décret lui donne le pouvoir d’agir ainsi. Il préconise l’établissement d’un modèle plus souple permettant une entente de gré à gré avec les propriétaires d’hélicoptère, qui leur permettrait de les utiliser quand la situation le permet.

Notons en terminant que la mine Casa Berardi, appartenant à Hecla, a momentanément cessé ses opérations à cause des incendies.

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