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Entente Cris-Innus pour le caribou

« C'est une première, une entente de nation à nation autochtones, sans la province et le fédéral », s'enthousiasme le chef de Uashat mak Mani-utenam, Mike McKenzie, porteur du dossier de la chasse au caribou pour la nation innue.

Les Cris et les Innus du Québec ont signé le 24 janvier une entente permettant aux derniers de chasser le caribou sur le territoire de Chisasibi jusqu’au 1er mars de cette année.

L’entente n’est valable que pour la harde de la rivière aux Feuilles, afin de ne pas surexploiter d’autres hardes en déclin, celle de la rivière George par exemple. Les membres des neuf communautés innues pourront récolter jusqu’à 300 caribous, un nombre soustrait du quota de la nation crie de 830 caribous fixé par la Convention de la Baie-James et du Nord québécois.

Modalités

La harde de la rivière aux Feuilles se chiffrerait aujourd’hui à 186 000 têtes, selon des données de 2019, alors qu’elle en comptait plus de 600 000 à la fin du XXe siècle. En vertu de l’entente, seules les chasses communautaires sont autorisées. Conformément aux coutumes et valeurs traditionnelles, toutes les parties de l’animal récolté seront utilisées. Aucun déchet ne sera laissé sur place, aucune poursuite inutile ou prolongée de l’animal ne sera acceptée.
Les chasseurs innus devront être accompagnés par une personne déterminée par l’autorité locale de Chisasibi ou le maitre de trappe concerné; leur chasse devra faire l’objet d’une déclaration.

Une entente historique

La signature de l’entente s’est déroulée de manière virtuelle mais solennelle. Elle a été précédée et conclue par des prières et du tambour d’ainés cris et innus. À plusieurs reprises durant la cérémonie, les intervenants ont qualifié l’entente d’historique. « C’est une première, une entente de nation à nation autochtones, sans la province et le fédéral », approuve le chef de Uashat mak Mani-utenam, Mike McKenzie, porteur du dossier de la chasse au caribou pour la nation innue.

Selon M. McKenzie, les Innus chassaient déjà le caribou il y a plus de mille ans à la rivière aux Feuilles ainsi qu’à la rivière George.
« Quatre communautés innues ont un chevauchement territorial avec les Cris, explique-t-il. Dans nos coutumes, il n’y avait pas de frontières quand on allait chasser le caribou. Il y avait des rassemblements où nos ainés innus rencontraient des ainés cris., Ils partageaient de cette façon. »

Un long processus

Interrogé quant à savoir si les Innus ont continué à chasser le caribou dans ce secteur durant les dernières années, le chef McKenzie n’a pas répondu directement mais a concédé qu’il y avait eu des « problématiques » et souligné que les Innus ne font pas partie de la CBJNQ.
Il a rappelé que l’entente est le fruit de longues discussions liées au déclin des hardes.

Les Innus et les Cris faisaient partie des sept nations qui ont créé en 2013 la Table ronde autochtone sur le caribou de la péninsule d’Ungava (TRACPU).
« On s’est dit que ça faisait tellement d’années que le gouvernement provincial gérait la harde que, s’il y avait un déclin, c’était peut-être dû à sa gestion, rappelle Mike McKenzie. […] Alors nous avons signé une convention sur la conservation, basée sur nos savoirs traditionnels. En 2017, la stratégie mettait de l’avant cinq actions prioritaires. » La première de celles-ci était le partage du caribou entre nations autochtones en temps de pénurie.

Une première étape

« Hier, deux nations se sont réunies, s’enthousiasme le chef McKenzie. Nous sommes très fiers. C’est une première étape. La confiance va s’établir […] et on va peut-être développer d’autres tables pour les chevauchements territoriaux, pour régler les litiges qu’on a depuis des années avec la nation crie. Je pense qu’il y a une bonne coopération qui est donnée par la nation crie au moment où on se parle. C’est un prélèvement qui est donné par Chisasibi. Nous sommes très, très contents de l’ouverture de Daisy House [cheffe de Chisasibi] et de la grande cheffe [Mandy Gull-Masty]. »

Maitres de trappe

Cette dernière, par voie de communiqué, a rappelé que l’entente signée le 24 janvier est la concrétisation d’un dialogue amorcé en 2013 avec la TRACPU.
« Je suis ravie de voir les résultats de ces efforts et je suis fière de me tenir aux côtés de nos chasseurs, de nos maitres de trappe et des utilisateurs des terres qui ont soigneusement guidé nos discussions », a dit la cheffe Gull-Masty. « L’Eeyou et l’Innu s’engagent dans un voyage qui ravivera la compréhension et le respect mutuels afin d’assurer que le caribou soit préservé et soutenu pour prospérer », a de son côté affirmé Daisy House.

La santé des populations de caribous déterminera les modalités de toute entente future entre les parties.

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