Radisson – DES COUPES PRÉVENTIVES CONTRE LES FEUX ENFLAMMENT LES DISCUSSIONS

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Une opération préventive de coupe de résineux, visant à réduire la vulnérabilité de la localité de Radisson face aux feux de végétation, crée la controverse au sein de la population.

La localité a dû suspendre temporairement ses travaux d’abattage d’arbres sélectif, mardi le 19 septembre, après que des citoyens aient exprimé leur mécontentement.

Les coupes préventives devaient se concentrer sur les terrains appartenant à la localité et au ministère de la Sécurité publique, mais des citoyens soutiennent que des coupes d’arbres ont dépassé les limites prévues par Radisson, s’étendant sur des terrains privés.

On rapporte également que des arbres centenaires, avec un diamètre à hauteur de la poitrine de plus de 10 cm ont été coupés. « Ces arbres ont pratiquement 150 ans. Pour les gens, c’est un peu comme un patrimoine », a déploré un citoyen lors de la rencontre d’information du 21 septembre dernier.

Cette séance a permis de stimuler la discussion entre les citoyens et la localité. De plus, deux membres de la Société de protection des forêts contre le feu (SOPFEU) y étaient pour répondre aux questions.

UN SECTEUR SENSIBLE

La localité base ses coupes sur une analyse de risques élaborée par la SOPFEU. Dans son rapport de mars 2023, le groupe d’experts définit six zones d’interventions prioritaires où des travaux d’éclaircissement de la forêt permettraient de freiner la propagation des flammes en cas de feu et, optimalement, de protéger les infrastructures des menaces incendies.

« L’idée, c’est de retirer des éléments de la chaine de combustion pour éviter que le feu se transfère de la forêt aux bâtiments », a expliqué le coordonnateur à l’atténuation des risques de la SOPFEU, Simon Massé, lors de la séance d’information. Les résineux sont une importante source de combustibles.

C’est la coupe d’une grande quantité de conifères près des maisons le long des rues Albane, Belleau et Couture qui est la source des dissensions dans la population. Un citoyen a d’abord sonné l’alarme sur les réseaux sociaux. « Ce serait dommage que Radisson devienne un parking », peut-on lire sous sa publication.

« La forêt, on en a en masse dans le village. On est entourésde forêt, c’est ça le problème », lance le résident de Radisson, Robert Dallaire, en entrevue avec le journal. Quant à lui, il faudrait couper encore plus d’arbres. « Ils font des travaux qui sont tellement nécessaires », croit-il.

Le pompier de formation utilise l’exemple des feux de forêt de Fort McMurray pour défendre l’efficacité des coupes d’arbres préventives. Certaines maisons avaient péri, alors que d’autres pas du tout. « L’environnement immédiat de la maison était dénué de tout combustible; il n’y avait pas de conifères, il n’y avait pas de bois entreposé autour de la maison. Certaines de ces maisons ont été épargnées, alors que leurs voisins immédiats ont été affectés. »

LES RECOMMANDATIONS DE LA SOPFEU

Parmi les recommandations de la SOPFEU pour la zone problématique, l’organisation encourage « d’éliminer complètement les conifères de petite taille dans toute la zone de 0 à 30 mètres, tout en gardant les essences d’arbres feuillus; d’élaguer tous les conifères restants sur une hauteur de 2 mètres; d’éliminer tous les débris de coupepour réduire au minimum la charge de combustible au sol, soit en les enlevant manuellement ou en les déchiquetant sur place; de réduire légèrement la densité des ilots de conifères de grande taille dans la zone d’intervention ».

« Il y a quelque chose qui ne fonctionne pas dans l’application des recommandations, a critiqué une citoyenne durant la séance d’information. Il faut faire [les travaux] sans appliquer à la lettre les recommandations […] pour donner une plus-value à la localité en même temps [de gérer les risques]. »

Le président de la localité, Sébastien Lebrun, remet en question l’application des recommandations de la SOPFEU par le mandataire du projet. « Il fallait les avoir à l’œil et on s’en rend peut-être compte malheureusement trop tard », a-t-il regretté.

Pour la suite des choses, il souhaite mieux identifier les arbres qui seront abattus. « On veut que ça soit visible par la population […] L’entreprise a son plan et, nous, on veut le voir avant que la coupe débute, a-t-il affirmé. Si c’est pour sauver deux arbres centenaires, on est là. On va changer un peu le petit ruban de place. »

Les citoyens ont été invités à visiter la zone d’intervention le 26 septembre pour y constater les arbres qui seront conservés. Les travaux ont repris le 28 septembre.

L’INEFFICACITÉ DU COUPE-FEU

Un autre citoyen aurait préféré que la localité améliore la zone coupe-feu plutôt que d’opter pour des coupes préventives. Un rapport de 2013 de la SOPFEU démontre que le coupe-feu de Radisson n’empêchera pas les flammes d’atteindre le village en cas de menaces de feux de forêt.

Or, la SOPFEU remet en question l’efficacité des coupe-feux. « Maintenant, autant pour nous à la SOPFEU que partout au Canada et ailleurs aux États-Unis, ce n’est plus recommandé parce qu’on s’est rendu compte que, dans plusieurs cas, ce n’étaient pas efficace », explique l’expert de l’organisation, Simon Massé. Les études démontrent que le coupe-feu, malgré sa superficie, n’empêche pas les tisons de circuler au-delà de ses limites.

L’expert précise que les coupes préventives ne permettent pas seulement de protéger contre les incendies qui se déclarent à l’extérieur de la localité, mais également ceux qui se déclenchent à l’intérieur de Radisson.

Dans 60 % des cas, les principales causes de feux de végétation sont reliées « aux feux de camp, au brulage de rebuts et aux articles de fumeurs ».

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