La réévaluation de la limite nordique au-delà de laquelle l’exploitation des forêts ne peut plus se faire en respectant les principes du développement durable pourrait avoir un léger impact positif sur les entreprises forestières de l’Abitibi-Témiscamingue et du Nord-du-Québec qui œuvrent au-delà du 49e parallèle.
Adoptée en 2002, cette limite a tout de suite été assortie d’une recommandation d’être révisée dans un délai de 10 ans, lorsque la sensibilité du sol, la densité et la fragmentation des habitants, l’impact des incendies et plusieurs autres facteurs auraient été mieux connus.
Le 10 mars 2016, Sylvie Gauthier, chercheuse scientifique à Ressources naturelles Canada et membre du comité scientifique chargé de cette analyse, a exposé au Centre de foresterie des Laurentides, à Québec, les résultats de cette vaste opération, dont les travaux se sont échelonnés sur plus de cinq ans.
Des améliorations au nord de l’Abitibi
«Nos travaux ont démontré qu’il n’y a pas beaucoup de changements par rapport aux constats de 2002. Dans le cas des forêts du Nord-du-Québec situées au nord de l’Abitibi-Témiscamingue, par contre, il y a eu des améliorations à certains endroits, alors que des territoires considérés comme ne respectant pas les critères de durabilité ont été ramenés à des territoires de sensibilité moyenne à élevée. Ceux-ci pourraient donc faire l’objet de travaux d’aménagement forestier, mais en respectant plusieurs contraintes», a expliqué Mme Gauthier, en entrevue.
Territoires à exclure
Les travaux du comité scientifique ont déterminé que 354 districts analysés sur les 1114 que compte le territoire forestier qui s’étend du 49 au 53 parallèle devraient être protégés de toute forme d’exploitation parce que trop sensibles.
«Pour la région qui s’étend au nord de l’Abitibi-Témiscamingue, ces districts sont principalement concentrés dans la plaine du nord-ouest de l’Abitibi, qui commence à une centaine de kilomètres au nord-ouest de Matagami, pour se rendre jusqu’aux rives de la baie James, et au-delà du 51 parallèle où, de toute manière, on ne retrouve pas d’unités d’aménagement forestier (UAF) à l’heure actuelle. Le tracé de la limite nordique devra toutefois être modifié en conséquence», a mentionné Sylvie Gauthier.
Aménager, mais avec prudence
Quant aux territoires qui s’ajouteront aux UAF existantes, le comité scientifique a recommandé d’en réaliser une cartographie détaillée et un inventaire afin d’en évaluer la quantité d’arbres qui pourraient être coupés chaque année sans compromettre la santé de la forêt.
«Il faudra aussi mettre en œuvre des stratégies d’aménagement adaptées aux contraintes particulières des territoires de sensibilité moyenne à élevée afin, justement, d’en réduire la sensibilité», a souligné Mme Gauthier.