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Contacts sans frontières

Claudit Bilodeau et Dominique Maguy Pandi échangent sur leur culture respective, notamment en matière de cuisine.

Sam, Jean-Michel, Claudit et Maguy sont les premiers jumeaux assemblés dans le cadre du programme de jumelage interculturel du Service externe de main-d’œuvre (SEMO). Cette initiative du ministère de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration a pour objectif de faciliter l’intégration socioprofessionnelle des nouveaux arrivants, de briser l’isolement.

Du côté de la communauté d’accueil, c’est l’empathie et l’intérêt pour les autres cultures qui ont motivé Claudit Bilodeau et Jean-Michel Desbiens. « J’ai toujours eu une vie multiculturelle, affirme Mme Bilodeau, adjointe à la direction des soins infirmiers au CRSSSBJ. J’aime la diversité. »

Il y a plusieurs années déjà, elle a accueilli dans sa famille des immigrants originaires du Moyen-Orient et d’Amérique du Sud.
Ayant vécu la solitude lorsque expatriée dans la région montréalaise, elle sympathise avec ceux et celles qui sont confrontés à la difficulté de se construire un cercle social dans un nouveau milieu.

Exotisme et entraide

« J’ai toujours eu un intérêt pour les autres cultures », dit de son côté Jean-Michel Desbiens, un conseiller pédagogique au Centre de services scolaire de la Baie-James qui a déjà travaillé à la francisation des immigrants. « C’est une façon de voyager culturellement et d’aider à l’intégration des nouveaux arrivants », considère-t-il.

Les candidats au programme de jumelage devaient remplir un questionnaire portant sur leurs intérêts dans la vie afin d’identifier le bon alter ego. C’est notamment sur la base d’un intérêt commun pour la musique que M. Desbiens a été associé à Samuel Komoe, un Ivoirien d’origine qui étudie actuellement au Centre de formation professionnelle de la Baie-James. Ils ont d’ailleurs assisté ensemble au Festival en août. Pour l’instant, les jumeaux apprivoisent leur français respectif, le sens qu’ils donnent aux mots n’étant pas toujours le même. « J’ai comme objectifs de lui faire découvrir des coins de la nature d’ici et de l’emmener pêcher », prévoit Jean-Michel Desbiens.

Marche et cuisine

De son côté également, Claudit Bilodeau n’a rencontré que deux fois sa jumelle, Dominique Maguy Pandi. Mais il faut dire que leur jumelage ne date que de deux semaines. « On s’entend bien », dit néanmoins Mme Bilodeau.
Originaire de la République du Congo, Dominique Maguy Pandi est arrivée au Canada voilà trois ans, directement à Chibougamau, où elle étudie en comptabilité et gestion.
« Quand je suis arrivée, j’avais trois ans de retard dans mes études, dit Mme Pandi. Je n’ai pas eu le temps de m’intégrer, de faire autre chose. Je travaillais durant mes vacances. »
Sororiser avec Claudit Bilodeau l’aidera à mieux connaitre la région et la culture québécoise, croit-elle. Mais elle aussi partage des éléments de sa propre culture. « On va faire des marches et je vais lui apprendre la cuisine de chez moi, dit l’étudiante. Elle aime apprendre et cuisiner. »

En développement

Au moment d’écrire ces lignes, 14 personnes s’étaient inscrites au programme de jumelage. Mais l’écart d’âge et de situation n’a pas permis d’aller plus avant.
Du côté de la communauté d’accueil, ce sont des quadragénaires, vivant en famille, qui se sont inscrits, rapporte Eswald Dieuboue, intervenant communautaire au Semo, qui note qu’ils sont à la recherche de familles. Les nouveaux arrivants, eux, sont plutôt des célibataires dans la vingtaine.
Eswald Dieuboue et le coordonnateur à l’immigration du SEMO, Lamine Gueye, comptent sur la rentrée d’automne au Centre d’études collégiales à Chibougamau pour dynamiser le processus.
« Nous allons communiquer avec les étudiants et leur faire connaitre les bénéfices pour eux et pour les nouveaux arrivants », explique M. Dieuboue.

Rencontres mensuelles

Pour ceux et celles qui sont intéressés à connaitre les nouveaux arrivants sans nécessairement s’investir dans une relation spécifique, le SEMO organise des soirées mensuelles dans ses bureaux de la 3e Rue. Le 14 aout, tout en dégustant une pointe de pizza, les convives ont eu l’occasion de regarder et de discuter du documentaire Briser le code, du réalisateur Nicolas Houde-Sauvé, qui traite de la discrimination.

« L’objectif de la projection était de rassembler les gens de la communauté d’accueil et les nouveaux arrivants, de dialoguer, de dire Lamine Gueye C’est notre moyen de construire le vivre ensemble. C’était une belle activité, on a parlé des codes culturels. La participation [des gens d’ici] était nécessaire et importante. »
Sans que des statistiques soient disponibles, il semble que la population issue de l’immigration ait augmenté récemment à Chibougamau.
« Nous sommes dans un mode de prévention contre le racisme, fait savoir M. Gueye. On ne nous a pas signalé d’incidents, mais c’est sûr que ça va arriver. On en parle quand même. »

Apprivoiser le froid

La rencontre du Semo du 7 septembre prochain sera axée sur l’adaptation au climat nordique d’un point de vue pratique, mais aussi d’un point de vue mode vie. S’habiller, donc, préparer sa voiture, son logement… et avoir du plaisir dans la neige.

Selon M. Dieuboue, les nouveaux arrivants manquent d’informations fiables et précises sur la région. Dans leurs réseaux, on leur dit qu’il fait trop froid pour y vivre. « C’est important qu’ils communiquent avec la communauté d’accueil pour se rassurer, poursuit-il. Il y a des activités qu’on peut mettre en place, comme des marches dans la montagne, des randonnées en motoneige. »

À noter que le Groupe interculturel du Nord propose la 2e Édition de son souper interculturel le 17 septembre à 18 h, au sous-sol de l’église.

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