Compagnonnage fructueux pour les Jardins du 53e Taïga à Radisson

Pendant l’évacuation des résidents de Radisson, le système automatisé a pris soin des cultures. (Courtoisie)

Le principe de l’autonomie alimentaire a pris tout son sens durant les feux de forêt et la fermeture de la route Billy-Diamond alors que les légumes des Jardins du 53e Taïga ont nourri les pompiers, les employés d’Hydro-Québec et d’autres travailleurs essentiels.

« Pendant l’évacuation [du 14 au 28 juillet], il y avait 150 pompiers, 60 résidents en plus des travailleurs de la SOPFEU. Les Jardins du 53e Taïga ont permis à ces gens de se nourrir de légumes frais pendant presque un mois en comptant le temps où la route a été fermée, dit avec fierté le président de l’organisme, Robert Gagnon. L’autonomie alimentaire qu’on recherchait, on l’a vue avec ça. »

Des propos corroborés par le conseiller aux relations avec le milieu d’Hydro-Québec, Patrick Compartino. « Pendant les feux, il y avait vraiment des difficultés de livraison et le fait de pouvoir s’approvisionner localement nous a sauvés, ça nous a permis de mettre des légumes et de la salade dans l’assiette des pompiers forestiers et de tous ceux qui mangeaient chez nous », dit-il.

Vers une entente étoffée

Aux côtés de l’Auberge de Radisson, de l’épicerie, des restaurants et d’Air Inuit, Hydro-Québec est devenu un bon client de l’organisme communautaire. « Ils achètent nos légumes et ensuite ils commandent ce qui leur manque, c’est un super beau partenariat avec eux et un beau changement de cap », se réjouit Robert Gagnon.

« Depuis la fin de mai, explique M. Compartino, on achète environ une fois par semaine leurs produits, concombres, tomates, échalotes, etc. C’est dans le cadre d’un projet-pilote, mais on s’en va vers une entente plus étoffée. On a eu beaucoup de discussions très positives pour avoir éventuellement des champignons et des patates. Kathy Lacasse, la cheffe gestion des services alimentaires et hébergement, est vraiment stimulée. Nous sommes intéressés à aller encore plus loin avec eux. »

En plus de l’alimentation, une collaboration s’est développée au niveau du compostage alors que la compagnie d’état envoie aux Jardins du 53e ses résidus végétaux de table ainsi que du papier et du carton déchiquetés. Une matière précieuse quand on connait, le prix pour commander du compost au bout de Billy-Diamond.

Une bonne année

Au bilan, dans des circonstances pourtant difficiles, le président des Jardins du 53e Taïga considère que 2023 a été une année extraordinaire. Les serres et les jardins n’ont presque pas souffert de l’évacuation, grâce à un système automatisé qui sert entre autres à l’irrigation. « André Walsh avait eu le temps de brancher tout le système d’irrigation, même dehors, explique Robert Gagnon. On contrôlait la serre de Montréal. L’arrosage était programmé, les panneaux se levaient quand il faisait trop chaud. On a perdu le contrôle avec certains insectes parce qu’il n’y avait personne pour les voir, mais ça n’a pas été grave. » « Ça a poussé dans la serre de manière incroyable et à l’extérieur aussi, poursuit-il. Ça a été une année d’expériences et elles ont été très concluantes. Au niveau des cultures, c’est super et au niveau des marchés, c’est tout aussi intéressant, les gens achètent beaucoup. »

Les ventes ont beaucoup augmenté avec l’ouverture d’un kiosque temporaire en avant de l’église. Les Radissoniens sont peu portés à se rendre au bout du village, où la serre est située. « On a vendu en une journée ce qu’on vend en une semaine », affirme M. Gagnon. Seul bémol, la faiblesse du nombre de jardiniers et de bénévoles. La mauvaise qualité de l’air a pu jouer un rôle dans ce manque d’implication.

Étapes de croissance

Alors que les cultures d’automne se poursuivent jusqu’à la fin d’octobre, les Jardins du 53e Taïga anticipent sur le futur; une demande de subvention a été faite afin d’acquérir la maison où logent déjà les employés de l’organisme communautaire, le jardinier Gabriel Simard et sa nouvelle assistante, Sophie Cormier.
Les Jardins cherchent aussi des subsides pour l’acquisition d’une roulotte qui servirait pour la transformation des légumes et serait munie d’une chambre froide et d’un espace pour les semis.

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