La minière BlackRock a fait les manchettes cette semaine encore, suite à la demande de la compagnie de se placer sous la protection de la Loi sur les arrangements avec les créanciers le 23 décembre dernier. Les deux seuls créanciers garantis, Investissement Québec et le groupe américain Orion, ont proposé au tribunal de prendre le contrôle de la minière en échange de la dette de BlackRock qui est de 90 M$.
Vendredi dernier, le tribunal a donné 60 jours pour le dépôt des offres. Et par la suite, ceux-ci voudraient relancer le projet. Ce qui aurait pour effet de laisser en plan tous les autres investisseurs qui, advenant cette éventualité, perdraient leurs investissements.
Contestation
Suite à l’annonce des intentions d’Investissement Québec et d’Orion de prendre le contrôle du projet, Radio-Canada nous apprenait que le groupe d’actionnaires et une société de Hong Kong ont entamé des procédures judiciaires pour bloquer cette prise de contrôle. La requête veut suspendre le processus de restructuration et demande une assemblée des actionnaires. L’ancien PDG de Métaux BlackRock, Jean Rainville, qui est à la tête du regroupement de ces actionnaires a aussi dévoilé que des investisseurs seraient prêts à injecter des sommes importantes pour relancer l’affaire. Il parle même d’une somme provenant du gouvernement fédéral, des investissements qui pourraient avoisiner les 300 millions de dollars.
Le milieu y croit encore
La mairesse de Chibougamau, Manon Cyr, est encore optimiste et croit au projet de mine sur son territoire. Ce n’est pas parce que la minière a été loin des projecteurs depuis quelques mois que le projet est enterré. Elle est plutôt convaincue que le projet peut encore se réaliser, mais elle croit que le plan d’affaires pourrait être revu puisque, la première fois, on a pu attirer les investisseurs pour compléter le montage financier.
« Les gens n’entendaient plus parler du projet, mais les membres du conseil au complet ont rencontré deux représentants de Métaux BlackRock pas plus tard qu’à la fin de novembre, début décembre pour faire un état de la situation dans le dossier. »
Selon la mairesse, une des solutions pour rendre le projet plus attrayant serait de construire l’usine de transformation du concentré sur le site même de la mine au lieu de Saguenay, tout ça afin d’éviter le transport par train sur un trajet de plus de 350 kilomètres. Idée que ne partage pas la nouvelle mairesse de Saguenay, Julie Dufour, qui croit que le projet de fonderie doit atterrir dans sa ville et que les retombées économiques seront bonnes pour les deux régions. La ministre des Affaires municipales et responsable du Saguenay-Lac-Saint-Jean, Andrée Laforest, est elle aussi en faveur de l’usine à Saguenay.
Même si la mairesse de Chibougamau demeure convaincue que le gouvernement doit investir dans le projet, l’usine doit être près de la mine. « Si on n’a pas réussi à séduire le privé, il faut peut-être changer des choses pour l’améliorer, pour plaire soit encore au privé ou du moins au public », lance-t-elle. Est-ce que le procédé choisi pour la transformation est le bon si on pense environnement ? Il faut se poser la question affirme Mme Cyr. Nous ne sommes pas près d’une pelletée de terre, mais il y a tellement de chemin déjà parcouru par la minière qui détient présentement tous les permis pour débuter la construction de la mine qu’il serait dommage de tout abandonner.
Appui du milieu
La Chambre de commerce de Chibougamau-Chapais (CCCC) a réitéré sa position dans le dossier du projet minier. Le milieu des affaires demeure favorable à la réalisation du projet minier de Métaux BlackRock dans un contexte où les conditions économiques et sociales sont favorables au développement de la région, lance-t-on dans un communiqué émis la semaine dernière.
Cependant, la CCCC doute qu’une usine au Saguenay soit le choix le plus viable économiquement et environnementalement pour la réalisation du projet. Le transport étant un enjeu monétaire et environnemental important, la chambres croit que le transport d’extrants d’une première transformation (prévision de 800 000T/AN) vers une usine au Saguenay serait beaucoup plus couteux et surtout plus néfaste pour l’environnement (gaz à effet de serre et rejets miniers transportés entre régions) que le transport d’un produit dont la deuxième transformation serait exécutée à proximité de la ressource.