Le directeur général du gouvernement de la nation crie, Bill Namagoose, fait partie des 49 personnes intronisées dans l’Ordre du Canada le 13 décembre dernier.
M. Namagoose a été investi au sein de l’ordre pour « sa contribution importante à la nation crie Eeyou Istchee et pour avoir promu les droits des Autochtones d’un bout à l’autre du pays ».
L’Ordre du Canada célèbre une contribution extraordinaire à la nation. Sa hiérarchie compte trois niveaux : membre, officier et compagnon. Les nominations sont proposées à la gouverneure générale par un comité, à partir des candidatures soumises par le public.
Pour la réconciliation
M. Namagoose est directeur général du gouvernement cri depuis 35 ans. Il a pris sa retraite le 9 janvier dernier. Il a été gestionnaire de bande de la Première Nation crie de Waskaganish de 1978 à 1988, chef de celle-ci en 1983-1984. « Ils m’ont appelé le 14 novembre pour me dire que […] j’avais été sélectionné par le comité de sélection, présidé par le juge en chef du Canada, Richard Wagner. […] Ils m’ont demandé si j’accepterais, j’ai dit oui. »
C’est dans l’optique de la réconciliation que Bill Namagoose dit avoir accepté l’honneur. « Je sais que le Canada est l’état qui a essayé de mettre fin à ma culture et à ma langue, explique-t-il, mais j’ai accepté au nom de la réconciliation. Je regarde l’histoire du Canada, tout le monde sait ce que c’est. La réconciliation prend du temps. Ça veut dire reconnaitre notre histoire et les choses que le Canada a faites et déterminer quelles sont les solutions pour le futur. »
Accomplissements
Avoir contribué à développer les rapports entre la nation crie, le Québec et le Canada est un des accomplissements dont M. Namagoose est le plus fier. À ce titre, il cite également sa participation à l’opposition au projet hydroélectrique Grande-Baleine, aux négociations de la Paix des braves, à la création du Gouvernement régional Eeyou Istchee Baie-James et la prise de position des Cris face au référendum de 1995, qui a aidé à mettre son peuple « sur la carte ».
« Ils voulaient faire un barrage sur quatre rivières, inonder 3000 kilomètres carrés de terre [1700 selon d’autres sources] rappelle Bill Namagoose, à propos de Grande-Baleine. Ce n’était pas vraiment pour le Québec, mais pour exporter aux États-Unis. Ça aurait eu un gros impact sur la culture et le mode de vie des Cris. »
Une délégation crie et inuite se rendit à New-York en 1990; le gouverneur de l’État, Mario Cuomo, annula le contrat et le premier ministre Parizeau mit fin au projet.
Vers la Grande Alliance
Avec la Grande Alliance se profilent dans le futur des transformations majeures du territoire. Le directeur sortant du gouvernement de la nation crie n’hésite pas à comparer cette éventuelle transition à celle qui a fait passer son peuple de chasseurs à trappeurs il y a quelques centaines d’années. « La société change et les Cris doivent s’adapter, affirme M. Namagoose. L’Alliance est à propos de ça, de ce qu’est le futur. […] Tu dois te préparer ou le futur va te passer dessus. […] On ne veut pas que ce soit comme en 1972 quand Robert Bourassa a envoyé les bulldozers sans nous le dire. »
Autres nominé
Parmi les autres nouveaux membres, on remarque l’auteur et chroniqueur Stéphane Laporte, le réalisateur Martin F. Katz, la chercheuse Lori Haskell et la professeure et pédopsychiatre Patricia Garel. Les personnes nommées à l’Ordre du Canada seront invitées à prendre part à une cérémonie d’investiture à une date ultérieure.
(Yves Lacombe)