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Agrandissement de Chapais: le GREIBJ devra voter

Pour la mairesse de Chapais, Isabelle Lessard, il est impératif que la Ville sécurise sa source d'eau potable et ses revenus.

L’étude du projet d’annexion de Chapais de 103 kilomètres carrés de terres limitrophes de catégorie III devra être approuvée par le Gouvernement régional Eeyou Istchee Baie-James.

C’est ce que le ministère des Affaires municipales et de l’Habitation a répondu à la municipalité lorsque mis au courant de la demande de celle-ci, formulée lors d’une résolution du conseil municipal le 19 juillet dernier. C’est bien l’étude du projet d’annexion et non l’annexion elle-même qui devra être approuvée par le Gouvernement régional Eeyou Istchee Baie-James (GREIBJ), qui gère ces terres. Et il faudra pour cela un vote favorable des deux tiers des membres cris du Conseil et tout autant de ses membres non cris, selon la mairesse de Chapais, Isabelle Lessard.
Le sujet n’étant pas à l’ordre du jour de la réunion du 16 aout du GREIBJ, on ignore pour l’instant si le vote aura lieu à ce moment ou lors d’une réunion ultérieure.

Beaucoup d’inconnues

La mairesse de Chapais est consciente que la barre est très haute pour avoir un vote favorable. Les terres visées sont incluses dans la Convention de la Baie-James et du Nord québécois, qui devrait être amendée pour qu’une superficie de terrain en soit retirée.

La mairesse concède que, à prime abord, les Cris n’ont aucun intérêt à permettre l’annexion. « C’est dans une optique d’entraide, de régionalisation, plaide-t-elle. La survie de chaque communauté est dans l’intérêt de tout le monde. Sans appui de nos confrères et de nos voisins, Chapais va mourir. »

La Ville de Chapais peut-elle offrir une contrepartie aux Cris, au GREIBJ qui récolte des taxes sur le territoire visé? Rien n’a pour l’instant été identifié.
« Nous sommes vraiment à l’étape de comprendre, concède la mairesse. On pourrait se rendre compte que ce [l’annexion] n’est pas profitable. On ne connait pas la réponse. »
Vers 2017, alors que des pourparlers avec le GREIBJ avaient été esquissés, des éléments d’études d’ordre financier, administratif et environnemental avaient été identifiées.

Eau potable et taxes

En agrandissant son territoire, la Ville de Chapais vise à sécuriser sa source d’eau potable, qui se trouve au lac Presqu’île, mais aussi à ajouter des revenus de taxe, notamment ceux de Barrette-Chapais et des résidences des lacs Opémiska et Cavan.

Actuellement, les résidents de ces lacs paient des taxes au GREIBJ. Les services d’incendie et de déchets sont assurés par Chapais, qui reçoit en retour une compensation du GREIBJ. Celle-ci pourrait-elle être plus élevée advenant une annexion? « On l’ignore, concède la mairesse. C’est pas juste pour les taxes [qu’on veut annexer], dit-elle, c’est pour faciliter le développement. On aurait plus de place pour attirer des industries. On est limités. »

Le conseiller municipal de Chapais, Jacques Fortin qui, comme tous ses collègues, a approuvé la résolution pour continuer les démarches d’annexion, abonde dans le même sens.
« C’est pas juste pour les revenus, précise-t-il, c’est pour le développement de la communauté. C’est primordial pour nous. Même en ville, certaines terres appartiennent au ministère des Ressources naturelles. Chaque fois qu’on veut faire un projet, on doit se tourner vers eux. On pourrait s’occuper des déchets jusqu’à l’aéroport. »

D’un autre côté, Jacques Fortin acquiesce toutefois qu’un ajout de taxes serait bienvenu. « Ce seraient des revenus garantis, note-t-il. Les ententes qu’on a avec le GREIBJ, c’est avec le gouvernement: s’ils décident de couper, on n’a pas un mot à dire. Depuis sept ou huit ans, on a eu des coupures d’au-dessus de 250 000 $. On n’a pas beaucoup de compagnies qui nous versent des taxes. Barrette-Chapais, c’est un gros revenu. Il faut aller chercher quelque chose à quelque part. Le GREIBJ, lui, est en gros surplus. »

Avantages méconnus

Une copie de la résolution a été envoyée à l’Association des propriétaires de chalets du lac Cavan. Le président de celle-ci, Steeve Boissonneault, dit avoir eu de l’information sur le dossier il y a plusieurs années. Mais comme sa compagne et trésorière de l’Association, Nancy Gervais, M. Boissonneault affirme manquer d’information pour jauger l’intérêt de devenir Chapaisien. « Ils ne nous ont pas fait miroiter les différents avantages », souligne-t-il.

Le MAMH, le GREIBJ, Barrette-Chapais et l’Association des propriétaires de chalets du lac Opémiska n’étaient pas disponibles pour commenter.

Un vieux dossier

Selon la mairesse de Chapais, l’agrandissement du territoire de Chapais était en discussion dès 1981. En 2013, une demande d’annexion « de plus de 650 km2 » a été produite. En 2017, selon la résolution du 19 juillet, Chapais a demandé au GREIBJ de former un comité conjoint pour se pencher sur le dossier. Si ce comité existe, il ne s’est jamais réuni. « Ça a toujours été remis aux calendes grecques, observe M. Fortin. Ça presse. Ce serait important qu’on s’assoie et qu’on se parle. »

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