Le lac Rouge se vide mystérieusement

Les causes de l’assèchement du lac Rouge, près de Waswanipi, restent à déterminer. Photo fournie par le ministère des Ressources naturelles et des forêts.

Le lac Rouge, au sud-est de Waswanipi et au sud du lac Father, s’est vidé sans qu’on en comprenne la raison.

« C’est un utilisateur du territoire qui m’a appelée pour me le faire savoir », rapporte la cheffe de Waswanipi, Irene Neeposh. « Ça a commenté le 29 avril, on va dire. Puis là, le 5 mai, c’était complètement déversé. »

Le lac, d’une surface d’environ 3 km², s’est déversé dans le lac Doda, ce qui n’est pas sa trajectoire habituelle, selon la cheffe. « Ce n’est pas quelque chose qu’on voit à tous les jours, dit Irene Neeposh. Il n’y a pas de place où tu peux prendre une formation qui dit quoi faire. […] Ma mère a 86 ans, elle est née dans le bois, elle y a passé une bonne partie de sa vie et elle n’a jamais vu quelque chose comme ça. »

Aucun incident

Le lac Rouge est situé sur la ligne de trappe W26. Mme Neeposh dit que la famille du maitre de trappe était ailleurs lorsque l’évènement s’est produit et qu’il n’y a eu ni blessure ni perte de vie.

Les membres de la Première Nation ont été avertis d’être vigilants dans le secteur, de prévenir leurs proches de leurs déplacements et de signaler au leadership tout phénomène sortant de l’ordinaire.

« C’est très important comme citoyen de la région d’être ouvert à observer un peu plus les changements qui arrivent dans le territoire, considère la cheffe. […] Autochtones, non autochtones, on a tous besoin de jouer notre part là-dedans. »

Waswanipi a établi une équipe de surveillance pour notamment s’occuper des niveaux de minéraux – mercure, cuivre, etc.- et de la santé des poissons. La communauté a aussi tenu une réunion d’urgence avec le Grand Conseil des Cris et ses ressources dans le domaine de la foresterie, de la santé et de la toxicologie.

Communication

Des représentants du ministère des Ressources naturelles et des Forêts (MRNF) du Québec et d’un autre ministère, non identifié, se sont rendus sur place pour sécuriser les routes forestières. Ils ont pris contact avec les villégiateurs du secteur afin de s’assurer de leur sécurité, selon un porte-parole du MRNF.
« Dans la mesure où les routes forestières ont été sécurisées, dit-il, le MRNF n’a émis aucune contre-indication d’aller dans cette région. Le MRNF ne dispose pas de l’expertise pour déterminer la cause de l’évènement. »

Le ministère aurait établi un lien avec les membres du groupe de travail conjoint de Waswanipi. « Il est prévu d’aborder la question lors de rencontres à venir prochainement à laquelle participeront des représentants cris », ajoute le porte-parole.

De son côté, la cheffe Neeposh dit ne pas avoir eu de contacts avec le gouvernement québécois et le déplore. « C’est vraiment triste, énonce—t-elle. Québec, c’est une grosse province, c’est vrai. […] mais j’aimerais qu’ils soient plus présents. »

Hypothèses

Au moment d’écrire ces lignes, le ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs étudie, entre autres, l’hypothèse d’un glissement de terrain. À Waswanipi, on est aussi dans le questionnement. Le réchauffement global est surement un facteur, selon Irene Neeposh. Mais comment? Elle évoque aussi les feux de forêt et les abondantes précipitations de l’hiver et du printemps dernier. « Il y a aussi les activités de l’industrie forestière à considérer. Plusieurs ainés n’aiment pas la scarification. […] It’s a bloody mess. […] On essaie d’étudier toutes les possibilités. On n’a pas de conclusion encore. Puis, on espère développer des recommandations. »

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