Le Gouvernement de la nation crie veut ajouter divers dossiers à la Convention de la Baie-James et du Nord québécois. C’est un des éléments significatifs qui ressort de l’allocution prononcée par la grande cheffe Mandy Gull-Masty lors du diner-conférence autochtone du 19 mars dernier. Cette activité mensuelle est organisée par l’École d’études autochtones de l’UQAT et animée par la professeure Suzy Basile.
Dans une présentation intitulée 50e anniversaire de la Convention de la Baie-James et du Nord québécois, bilans et défis à venir, la grande cheffe a décrit celle-ci comme un document vivant. « C’était signé, a-t-elle expliqué, mais nous autres, on utilise notre convention comme un document vivant, […] ouvert. On a ajouté des choses, on a fait des changements. C’est quelque chose que chaque grand chef apprend à travailler avec cette convention. […] Chaque grand chef, même les chefs élus qui sont au conseil, nous aident à […] reconstruire la Convention. »
Dans ce cadre, le gouvernement de la nation crie se penche actuellement sur le dossier de l’énergie, évaluant sa collaboration avec Hydro-Québec pour contribuer au plan économique de la province. Elle se penche également sur le dossier de l’éolien, une filière énergétique qui pourrait être développée dans Eeyou Istchee si la population s’y montre favorable.
Mode de consultation
Le Gouvernement de la nation crie est à élaborer un nouveau processus de consultation pour ce type de projets, après avoir reçu nombre de commentaires en ce sens. « Je pense que ça va prendre un peu plus de temps, mais ça donne vraiment confiance dans le projet parce que tu mets toutes les grandes questions sur la table en premier, affirme Mandy Gull-Masty. Puis, tu donnes le ownership du projet aux membres de la nation. […] l y a du monde dans la nation qui veut du développement, de l’emploi, et il y a aussi du monde qui ne veut pas de développement du tout. Ils pensent qu’on est déjà trop impactés, qu’on devrait prendre une pause. Trouver la balance entre ces deux niveaux de pensée, c’est dur. Mais quand t’inclus le monde dans cette conversation, c’est moins dur. »
Mandy Gull-Masty considère qu’il ne faut pas mettre la population devant des ententes déjà accomplies. « On commence avec le monde, puis on leur demande où est-ce qu’ils aimeraient voir leur nation dans 50 ans. Parce qu’on est vraiment une nation qui pense à long terme, parce que la moitié de notre population a en-dessous de 18 ans. […] Il faut faire du planning. Ça va prendre des maisons, de l’emploi, plus de place aux garderies, plus de place dans les écoles. Ça va faire une pression sur les services médicaux, etc. »
Cheminement personnel
Mandy Gull-Masty a été la première femme à être élue à la tête de la nation crie. Lors de la conférence, elle a partagé son cheminement, parlant notamment de l’équilibre à trouver entre force et douceur pour une femme exerçant un rôle de leadership. Elle a travaillé avec l’Association des femmes cries de Eeyou Istchee à créer un évènement où les femmes cries peuvent se connecter, partager, apprendre et développer leur leadership.
« J’ai été touchée par cette conférence parce qu’on a décidé de faire ça avec peu de temps de planning. On avait, je pense, trois mois. On s’est dit, si de 30 à 40 personnes viennent, c’est correct, on aura fait un travail pour 30 à 40 personnes. On a reçu plus que 300 femmes. […] J’ai vu qu’il y avait vraiment un besoin. »
Cette rencontre, dit la grande cheffe, l’a transformée et motivée à s’inscrire à une formation universitaire dans un domaine connexe.
*Les propos de Mme Gull-Masty ont été retravaillés pour répondre aux besoins de l’écrit.