La présence de renards arctiques dans le secteur de Radisson, aux environs de Matagami et des communautés cries, n’est vraiment pas commune, voire du jamais vu, selon Guillaume Szor, biologiste au MELFP. Des changements dans leur environnement expliquent leur présence.
« Il est vraiment rare de voir des renards arctiques aussi près des localités et des communautés cries. Leur territoire est plus au nord. Ce qui explique leur présence est tout simplement alimentaire », mentionne Guillaume Szor, biologiste à la Direction de la gestion de la faune Nord-du-Québec au ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs.
M. Szor précise que la principale proie du renard arctique est le lemming. « Quand il y a moins de lemmings sur le territoire, les renards arctiques cherchent d’autres sources d’alimentation, d’où leur présence. Ils peuvent alors se tourner vers d’autres aliments près des villes et communautés. »
Cycle de 3 à 5 ans
Le biologiste explique que les populations de renards arctiques et de lemmings ont des cycles de reproduction plus ou moins tous les trois à cinq ans. « Nous avons eu un pic de lemmings en 2023 ainsi qu’en 2024 en y ajoutant les campagnols, une autre proie des renards. Avec des proies plus nombreuses, la reproduction des renards arctiques a augmenté d’où un pic dans cette population également. »
Cet élément cyclique se voit également chez d’autres prédateurs des lemmings et campagnols comme des oiseaux de proie ou des hermines.
Il ajoute que le territoire habituel du renard arctique est le Nunavik et la toundra
Absence de glaces
Autre élément qui intervient pour expliquer la présence des renards arctiques plus au sud du Nord-du-Québec est l’absence de glaces à la baie d’Hudson. « On observe qu’il y a absence de glaces sur la banquise de la baie d’Hudson. Les conséquences de ça font que les renards arctiques n’ont pas accès à des carcasses de phoques morts pour leur alimentation par exemple. Comme il y a beaucoup de renards arctiques, ça fait que ces derniers se retrouvent plus au sud », mentionne le biologiste. Il ajoute que le renard arctique est une espèce animale assez téméraire, ce qui explique sa présence et sa proximité de l’humain.
Prévenir avec la vaccination
La santé publique du Nord-du-Québec a d’ailleurs émis, il y a quelques jours, un appel à la prudence alors que des renards arctiques ont été observés dans le secteur de Radisson et aux environs de Matagami et qu’un cas de rage a été testé positif au début de janvier 2025 à Whapmagoostui et Kuujjuarapik.
Guillaume Szor précise que le virus de la rage est présent continuellement dans la population de renards arctiques. « La meilleure prévention et la meilleure protection contre la rage sont la vaccination des animaux domestiques. S’il y a vaccination, il n’y a pas de contamination. Elle est donc très importante pour les chiens du territoire qui pourraient se faire mordre ou griffés par un renard arctique. »
Il ajoute que, le fait que la population de renards arctiques soit plus nombreuse, ça fait en sorte évidemment que les risque de contamination sont beaucoup plus élevées et que le territoire de contamination est bien plus grand. « Il est assez rare qu’une ville comme Matagami soit exposée à des possibilités de transmission de la rage. Il ne faut pas oublier non plus que l’on parle beaucoup du renard arctique, mais il y a également le renard roux qui peut transmettre le virus de la rage », conclut le biologiste du ministère.