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Curieuse histoire : le célèbre héritage du marchand de la mort

Photo : Gösta Florman / The Royal Library via Wikimedia Commons

Une fois par mois, je vous propose une anecdote insolite, curieuse ou ridicule… mais bien réelle. Cette semaine : Alfred Nobel, le marchand de la mort qui voulait s’acheter une conscience.
10 décembre 1896, Sanremo, Italie. Un homme s’éteint, foudroyé par un AVC, dans les bras d’un de ses domestiques. Ce chimiste suédois a toutefois pris soin, avant son décès, de mettre ses affaires en ordre : sa fortune de 32 millions de couronnes suédoises doit servir à récompenser des bienfaiteurs de l’humanité, dans les domaines de la physique, la chimie, la médecine, la littérature et la paix entre les nations. C’était, dit-on, une manière de soulager sa conscience…

Alfred Nobel voit le jour le 21 octobre 1833, à Stockholm en Suède, au sein d’une famille d’ingénieurs et d’industriels aisés. * Suite à des revers financiers, la famille s’installe à Saint-Pétersbourg, dans l’Empire russe. La Russie se prépare alors à livrer la guerre en Crimée, et cherche à développer son armement. Les Nobel profitent de l’occasion pour mettre à profit leurs spécialité : les explosifs.

Si depuis des siècles, la poudre à canon a été le seul explosif utilisé, les découvertes en 1846 et 1847 de la nitrocellulose, puis de la nitroglycérine, vont changer la donne… et « révolutionner » le monde de l’armement. Alfred Nobel poursuit des études de chimie aux États-Unis, puis à Paris. Il se consacre à l’étude des explosifs… et, dans ce domaine, il sera prolifique.
Nobel se spécialise dans la nitroglycérine, multiplie les inventions qu’il produit à échelle industrielle. Le chimiste a d’ailleurs à son actif plus de 350 brevets ! Ses inventions les plus connues : la dynamite et le détonateur à distance. Ses découvertes et inventions dans le domaine de la pyrotechnie vont contribuer à lui bâtir une fortune colossale, mais aussi à la naissance des guerres modernes : industrielles et dévastatrices.

En 1888, un journal français publie accidentellement sa nécrologie, annonçant à tort, la mort d’Alfred Nobel. « Le marchand de la mort est mort. Le Dr Alfred Nobel, qui fit fortune en trouvant le moyen de tuer plus de personnes plus rapidement que jamais auparavant, est mort hier. » Nobel fut bouleversé de constater l’image et l’héritage qu’il laisserait à sa mort… Lui qui avait cru un moment que la dynamite contribuerait… à mettre fin aux guerres !
En 1895, il rédige son testament et lègue la quasi-totalité de sa fortune pour la création d’un fonds qui doit être redistribué « à ceux qui, au cours de l’année écoulée, auront rendu à l’humanité les plus grands services », peu importe leur nationalité. Le Prix Nobel était né.
Nous ne saurons jamais si le « marchand de la mort » souhaitait sincèrement apaiser sa conscience ou redorer l’image qu’il laissait. Pour ce qui est de l’image, il a réussi.

Le Prix Nobel est aujourd’hui le prix le plus prestigieux de la communauté scientifique. Il est remis chaque 10 décembre depuis 1901.

* Pour l’anecdote, le père d’Alfred Nobel, Immanuel Nobel, est l’inventeur du panneau de bois contreplaqué industriel.
Pour me contacter : MC.Duchesne@outlook.com

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