Manon Cyr, la mairesse de Chibougamau, n’y va pas de main morte pour qualifier la désuétude de réseau ferroviaire dans la région. Pour elle, il s’agit d’un dossier prioritaire qui doit faire partie des discussions avec les candidats, dans le cadre de la présente campagne électorale fédérale. Dans certains secteurs, le train est tellement lent qu’elle n’hésite pas, pour commenter la situation, d’affirmer: « À certains endroits, un orignal va plus vite que le train. »
« Ça fait des années qu’on en parle. Le tronçon ferroviaire entre le Lac-Saint-Jean et Chibougamau demeure primordial. Dans le contexte de vouloir diminuer les GES avec une croissance du transport routier, le train devient une belle alternative. Il faut également trouver le moyen de consolider les voies ferroviaires existantes et rétablir la ligne Grevet, dans le secteur de Lebel-sur-Quévillon, à Chapais », explique Manon Cyr.
La réouverture de l’usine à Lebel-sur-Quévillon ajoute des transports pour la pâte qui y est fabriquée. « Le camionnage est énorme, occasionnant une pression supplémentaire sur nos infrastructures routières. »
Contexte international
Ce qui se passe au niveau international avec l’arrivée de Donald Trump comme président des États-Unis inquiète la mairesse de Chibougamau.
« Les agissements de notre nouveau voisin… pas fiable, qu’est monsieur Trump, risquent d’affecter notre région. Que ce soit pour les mines, la forêt ou encore le développement énergétique, ça demeure inquiétant. On se prépare pour le pire », avoue-t-elle.
Si la menace des tarifs douaniers se concrétise, l’effet pourrait être catastrophique pour de nombreuses entreprises du Nord-du-Québec, dont plusieurs gravitent autour des produits qui pourraient être lourdement taxés.
« S’ajoutent les menaces du président sur l’intégralité de notre territoire canadien et la protection de nos frontières au nord. On pensait tous, ne jamais à devoir discuter de ces sujets, mais tel n’est pas le cas. Nous n’avons pas le choix, comme Canadien, de se préparer. Je pense qu’on doit se demander quel est celui, comme premier ministre, qui pourrait le mieux nous protéger, nous défendre et négocier avec nos voisins. »
Baisse de la TECQ
Manon Cyr rappelle que l’annonce par Ottawa de réduire de 27 % le montant à verser dans le cadre du Programme de la taxe sur l’essence et de la contribution du Québec (TECQ) va lourdement affecter le budget de la municipalité.
« C’est un enjeu d’importance pour Chibougamau. Pour les quatre dernières années, nous avons obtenu 3 506 060 $ alors que, pour 2024-2028, on nous alloue un montant de 2 132 827 $. Il s’agit d’une perte nette dans notre budget », commente la première magistrate. Elle soutient que cette situation demeure paradoxale en égard aux grands besoins de restauration de plusieurs infrastructures municipales. « On a beaucoup de travaux à faire avec des couts qui ont grandement augmenté, au cours des dernières années. Pour nous, il s’agit d’un enjeu à ne pas négliger. »
Chibougamau a besoin d’immigrants
Plusieurs entreprises, dont Chantiers Chibougamau, ont grandement besoin de travailleurs étrangers pour pourvoir les postes vacants. « Avec les nouvelles règles gouvernementales qui visent à restreindre le nombre d’immigrants, ça devient un enjeu dans le cadre de la présente campagne électorale. »
Elle explique que les décideurs doivent, en plus de protéger le territoire, bénéficier de la main-d’œuvre nécessaire pour préserver les services que l’on donne à la population. « En Jamésie, il manque de travailleurs. On aimerait que le gouvernement fédéral, par le biais d’une entente avec Québec, nous accorde une exception pour qu’on puisse, dans le nord du Québec, avoir des mesures particulières pour favoriser l’immigration et regrouper, ici, leur famille. Il en va du maintien de nos services minimaux », conclut-elle.