La perspective de voir une société chinoise mettre la main sur la mine Québec Lithium et son usine n’inquiète pas outre mesure Glen Eagle Resources, qui avait annoncé en décembre dernier son intention d’en racheter les actifs.
À la suite de la faillite de RB Energy, qui n’avait opéré la mine de lithium de La Corne que pendant quelques mois en 2014, les installations avaient été placées sous séquestre. En décembre 2015, Glen Eagle avait manifesté l’intérêt d’en faire l’acquisition, avec des partenaires, dans le but de relancer les activités de la mine Québec Lithium et de faire progresser son propre projet de lithium, Authier, situé entre La Motte et Preissac.
«Ça fait environ deux mois que nous savons qu’une société chinoise a déposé un projet de rachat. Nous savons aussi que leurs négociations sont assez avancées. Les principaux joueurs impliqués, dont Investissement Québec, ont cependant aussi manifesté beaucoup d’intérêt envers notre projet. Pour le reste, on ne peut pas en dire plus, étant donné que les démarches sont confidentielles», a raconté Jean Labrecque, président de Glen Eagle.
Le nerf de la guerre
La différence majeure entre les deux projets, c’est que là où la société chinoise disposerait déjà des fonds nécessaires au rachat de Québec Lithium, Glen Eagle aura besoin de financement.
«Nous avons calculé qu’une centaine de millions de dollars seraient requis pour redémarrer les opérations de la mine, a indiqué M. Labrecque. Nous avons des partenaires intéressés à financer une nouvelle compagnie, dont nous détiendrions des parts, qui se chargerait de la relance de Québec Lithium et du développement de notre projet Authier. Cela nous permettrait de nous concentrer sur la production d’or. Reste à voir quel projet Investissement Québec, qui demeure un des principaux créanciers garantis de RB Energy, décidera de favoriser.»
Gisement satellite par excellence
Peu importe l’issue des négociations, Jean Labrecque croit que Glen Eagle et son projet à La Motte en sortiront gagnants. L’évaluation économique préliminaire d’Authier a en effet révélé que le projet pouvait jouer un rôle intéressant comme dépôt satellite pour Québec Lithium. C’est d’ailleurs pour cette raison que Glen Eagle a envisagé le rachat de la mine et de son usine.
Une des causes de la fermeture de la mine de La Corne, c’est qu’à 5,4 tonnes de roche pour 1 tonne de minerai, le ratio était trop élevé pour garantir une rentabilité à court terme. De plus, même si Québec Lithium disposait de 17 millions de tonnes de minerai avant sa fermeture, le gisement est situé en profondeur. Son exploitation est donc coûteuse.
Authier dispose pour sa part d’un potentiel plus modeste de 7,6 millions de tonnes de minerai, mais le gisement est situé plus proche de la surface. Son ratio est également moins élevé, soit 2,5: 1 pour les cinq premières années.
«Même si nous ne rachetons pas Québec Lithium, le nouveau propriétaire n’aura pas le choix de considérer notre projet comme complément par excellence. Avec une durée de vie de 10 ans et une production de 29 500 tonnes de lithium métal, le projet sécurisera la rentabilité de la mine et de l’usine», a fait valoir M. Labrecque.