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Quand le feu s’incruste

Pour la docteure Catherine Dickson, il faut se préparer à composer avec les effets à long terme des feux de forêt. (Tatiana Philiptchenko/CCSSS

Alors que les feux de forêt continuent d’inquiéter les communautés d’Eeyou Istchee, le Conseil cri de la santé et des services sociaux de la Baie-James (CCSSSBJ) se prépare à faire la transition pour soigner leurs effets à plus long terme.

L’impact des feux pourrait se faire sentir après qu’ils soient éteints, par exemple sur la santé cardiaque et mentale, à cause du manque d’accès aux soins réguliers.

« Actuellement, nous sommes dans la planification, la logistique et les communications pour l’exposition à la fumée, explique le médecin de santé publique du CCSSSBJ, Catherine Dickson.  Mais nous aurons besoin de faire la transition de la réponse aux urgences à la préparation aux effets à plus long terme. Il faudra donner des services additionnels. »

La situation, ajoute-t-elle, complexifie les rendez-vous médicaux, ce qui pourrait avoir des répercussions à l’automne, quand on devrait revenir à la normale.

Contre les particules fines

La fumée émet des particules fines (PM2.5) qui vont dans les poumons et affectent particulièrement les personnes ayant des difficultés respiratoires, l’asthme par exemple. « Leur asthme pourrait être pire cet hiver, s’inquiète la docteure Dickson. Avoir les particules dans les poumons fait également travailler le cœur plus fort et peut faire augmenter la pression sanguine, spécialement chez ceux qui ont des maladies cardiaques ou font de la haute pression. »

On connait mal les effets à long terme de la fumée, admet Catherine Dickson. Mais on peut penser aux effets de la cigarette, propose-t-elle. […] On anticipe que la fumée des feux de forêt pourrait avoir des effets similaires à long terme. »

Les feux et la fumée peuvent générer de l’anxiété et de la peur, tout comme le fait d’être évacué sans savoir quand on pourra revenir. « Le gens se dépêchent de partir, note Mme Dickson. Ils peuvent oublier des choses dont ils ont besoin, comme des médicaments, même si on travaille, pour que ça n’arrive pas. Ensuite, ils se retrouvent séparés de leur maison, de leurs amis et de leur famille.  Les refuges sont parfois surpeuplés et bruyants, c’est difficile. »

Les pneumocoques

Le CCSSSBJ a déjà constaté cet été une augmentation du nombre d’infections dues à un pneumocoque, une hausse attribuée à l’exposition à la fumée et à un espace surpeuplé. « La bonne chose, précise le médecin de santé publique, est qu’il y a un vaccin pour ça.  Nous en faisons la promotion, particulièrement pour les jeunes enfants et les personnes âgées. »

Elle souligne par ailleurs que la fumée empêche la population de faire des activités estivales de plein air comme la natation, la randonnée, etc. « Ça va avoir un effet sur la santé physique, mais aussi mentale, avance-t-elle. Les gens comparent ça à la COVID, quand on était coincés et qu’on ne pouvait aller nulle part. »

Précautions

Le CCSSBJ préconise diverses précautions pour minimiser les impacts de la fumée. L’application PurpleAir peut être utilisée pour surveiller les particules fines et savoir quand sortir sans danger.

« Quand la qualité de l’air est bonne, sortez, ayez du plaisir et profitez de l’été, suggère Catherine Dickson. Autrement, restez à l’intérieur. Gardez la fumée hors de votre maison autant que possible; fermez les fenêtres et les portes et scellez-les avec une feuille de plastique. Fermez votre système de ventilation ou mettez-le sur le mode de recirculation et couvrez les fentes de ventilation. Prenez soin les uns des autres et de vous-même. Si vos voisins ont besoin de sceller leurs fenêtres, par exemple, ou de les rouvrir quand la qualité de l’air s’améliorera, aidez-les. »

Pour ceux et celles dont le logement n’est pas optimal, la docteure Dickson évoque les édifices publics comme les gymnases ou les auditoriums aménagés pour les gens ayant des problèmes avec la fumée. « Ils ont des purificateurs d’air, des places confortables pour passer du temps. C’est disponible dans certaines de nos communautés, dit-elle. Sinon, les sites Internet des communautés indiquent ce qui est ouvert et disponible. »

Enfin, elle recommande aux gens qui doivent rester à l’extérieur de porter un masque N95, qui filtre nombre de particules. Ils sont habituellement disponibles dans les bureaux de la sécurité publique.

BJ)

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