POLITIQUE. Candidate à la direction du Parti québécois (PQ), Martine Ouellet a déjà formulé la question qu’elle posera à la population si elle devient chef, puis première ministre du Québec: «Acceptez-vous que le Québec devienne un pays souverain et indépendant suivant la Constitution initiale proposée par l’Assemblée nationale? OUI ou NON.»
Mme Ouellet s’est engagée à tenir un référendum sur le statut constitutionnel du Québec durant le prochain mandat, si, dans un premier temps, les péquistes lui font confiance en octobre, puis si les électeurs portent le PQ au pouvoir à l’occasion des élections générales de 2018.
En conférence de presse, lundi, Mme Ouellet a rendu publics sa question référendaire et son projet de constitution initiale d’un Québec souverain, un document qui compte neuf pages et 44 articles.
Lors du référendum, les Québécois seraient amenés à se prononcer sur l’avenir du Québec, en se fondant sur ce projet de constitution rendu public lundi.
La députée de Vachon y propose notamment de conserver le dollar canadien. Dans son esprit, les Québécois pourraient aussi conserver le passeport canadien. Ceux qui le désirent auraient donc deux passeports, un québécois et l’autre canadien.
L’État québécois souverain serait officiellement laïc, l’égalité entre hommes et femmes y figurerait, le français serait sa seule langue officielle et les droits historiques des peuples autochtones «sur leurs terres traditionnelles» seraient respectés. Un Conseil sur les droits des peuples autochtones serait aussi créé.
Le gouvernement aurait la responsabilité de faire rayonner la langue française, «dans le respect des droits des nations autochtones et de la communauté québécoise d’expression anglaise».
Le Québec conserverait ses limites actuelles et formerait sa propre armée.
L’accès à une eau de qualité, «ressource patrimoniale», serait garanti dans la constitution.
La fonction de lieutenant-gouverneur serait abolie et remplacée par un président, qui deviendrait le chef de l’État. Le régime politique d’un Québec souverain serait à définir durant la période de transition, mais le Québec formerait une république démocratique dotée d’un régime parlementaire ou présidentiel, ou encore «un hybride entre les deux».
Le Québec deviendrait officiellement un pays souverain un an après la tenue d’un référendum gagnant. Et après quelques années à peaufiner le document initial en assemblée constituante, il adopterait sa propre constitution «définitive».
Mme Ouellet prévoit aussi la conclusion éventuelle d’une union économique et monétaire avec le Canada, voire d’autres négociations sur le partage des biens et des dettes, «à l’avantage des deux partenaires».
La députée de Vachon soutient qu’elle est la seule des cinq candidats en lice à avoir la détermination nécessaire pour mener à bien le projet d’indépendance du Québec, pourtant le principe fondateur du PQ.
«Je suis la seule qui prend l’engagement à réaliser l’indépendance dans le prochain mandat. Les autres candidats proposent tous un gouvernement provincialiste», a commenté Mme Ouellet.
Elle estime que 40% des Québécois sont actuellement disposés à voter oui au prochain référendum. Malgré l’écart à combler pour atteindre la majorité requise, «les Québécois sont prêts à assumer leur liberté», selon elle.
La candidate ne dit pas craindre une éventuelle résistance, voire un refus, de la part du gouvernement fédéral de reconnaître la victoire du camp du oui au prochain référendum.
«Ce n’est pas au gouvernement canadien à reconnaître ou non l’indépendance du Québec», a fait valoir la candidate, rappelant le principe international de l’autodétermination des peuples. Elle fera donc appel à l’ensemble de la communauté internationale, au lendemain d’un référendum gagnant.
«Même (le premier ministre canadien) Justin Trudeau a reconnu (le principe) du 50% plus un (vote). Ce serait de très mauvaise foi que de ne pas le reconnaître pour le Québec», a ajouté Mme Ouellet, en faisant référence à la victoire du Brexit, en juin, en faveur de la sortie de la Grande-Bretagne de l’Union européenne.
Cloutier promet 1 milliard $ par an en éducation
Le candidat à la direction du PQ Alexandre Cloutier promet par ailleurs d’investir massivement en éducation, s’il devient chef du parti, puis premier ministre du Québec.
Il s’engage à consacrer un milliard de dollars de plus par année à l’éducation et à l’enseignement supérieur, dans les écoles, cégeps et universités.
Un tel investissement serait financé notamment par le rétablissement de la taxe sur le capital des institutions financières, l’abolition de l’incorporation des médecins et la fin de l’optimisation fiscale par l’entremise des fiducies familiales.
L’annonce de cet engagement a été faite lundi par le député de Lac-Saint-Jean, considéré comme un des favoris de la course qui prend fin le 7 octobre.
M. Cloutier dit vouloir donner «un électrochoc» au système d’éducation après des années et des millions de dollars de compressions budgétaires sous le gouvernement actuel.
Un des objectifs poursuivis serait d’augmenter le taux de diplomation.
La Presse Canadienne