Un vaste chantier, en cours, permettra de raconter l’histoire des femmes à la Baie-James. Pour la Société d’histoire de la Baie-James (SHBJ), ce projet de recherche qui a débuté le 21 mai dernier et qui dispose d’un budget de 36 500 $ permettra de combler un vide majeur de l’histoire jamésienne : celle de l’histoire des femmes.
« Au cours de l’été, pendant quatre mois, Alexandrine Langlois, une stagiaire en histoire de l’Université du Québec à Chicoutimi, travaillera à retracer les grandes lignes de l’histoire de celles qui sont restées dans l’ombre de nos habituels récits de prospecteurs, de mineurs ou de bucherons », explique Marie-Claude Duchesne, directrice archiviste par intérim à la SHBJ.
Le projet s’inscrit dans le cadre d’un stage rémunéré « Mitacs », un programme qui stimule la recherche grâce à des collaborations entre le milieu universitaire et le secteur privé.
Les femmes oubliées
« Elle aura à effectuer des recherches pour, par la suite, rédiger l’histoire des femmes à la Baie-James. Il faut se rappeler qu’au Québec, l’histoire des femmes est étudiée depuis les années 1970. Toutefois, ça n’avait jamais été fait dans le secteur. »
La DG rappelle que la Baie-James est une région ressource et que l’histoire le rappelle abondamment en oubliant toutefois les femmes qui ont soutenu le développement économique.
« Souvent les références historiques sont celles des prospecteurs, des mineurs, des industries et des villes de compagnie. Les femmes ont toujours été mises de côté dans les travaux de recherche. Le projet permettra de pallier ce manque. »
Elle avoue cependant qu’en quatre mois il sera difficile de faire le tour de la question. « Certes, on ne pourra produire une thèse de doctorat qui requiert sept années d’étude sur le sujet. Nous allons nous attarder sur l’histoire des femmes à partir de 1900 jusqu’à 1980. C’est ce qu’on vise. » On y racontera les conditions de vie des femmes de cette époque. « Souvent, elles vivaient dans des villes en construction qui n’avaient pas nécessairement été pensées pour elles ou leurs enfants. Par exemple, à Matagami, les femmes ne pouvaient compter sur une épicerie. Elles allaient s’approvisionner à la mine de l’endroit et elles n’avaient pas le droit d’y aller seules. »
Ces travaux vont permettre également de retracer des parcours de femmes qui ont marqué l’histoire de la région. « Les entreprises minières et forestières ont fondé des villes de compagnie. Ces villes qui servaient d’hébergement ont été transformées par les femmes, en communautés vivantes. »
Le rapport de recherche pourra être consulté à la SHBJ. Par la suite, une exposition virtuelle sera produite. Les entrevues réalisées auprès d’une dizaine de femmes seront également disponibles. Même chose pour la collecte d’archives.
Femmes exemplaires
Saviez-vous que la célèbre infirmière Blanche Pronovost (série Les Filles de Caleb) avait œuvré à Villebois ? Que la première institutrice de Chapais, Yvonne Francoeur, s’est retrouvée en 1953 à enseigner dans un dortoir de mine, à une classe de la 1re à la 8e année, en anglais et en français. Comment les ménagères qui arrivaient dans des villages de compagnie sans eau courante et sans épicerie s’organisaient-elles ?
« Le projet sera l’occasion de lever le voile sur les conditions de vie de ces invisibles », ajoute-t-elle.
Suivre l’avancement des travaux
« Au cours des prochains mois, vous pourrez suivre l’avancement de nos recherches et nos découvertes, qui vous seront partagées sur notre blogue et sur nos pages Facebook et Instagram. Gardez l’œil ouvert et abonnez-vous pour ne rien manquer. »
Ce projet est possible grâce au soutien de l’Administration régionale Baie-James (ARBJ), du programme Mitacs, de l’Université du Québec à Chicoutimi, et de Denis Lamothe, député d’Ungava.
Cette chronique a été rédigée par Marie-Claude Duchesne.