Une centaine de personnes écoutaient attentivement Adriaan Bakker, le président de VandiumCorp, à l’hôtel de ville de Chibougamau, présenter le projet minier de son entreprise le 2 février.
C’est en anglais seulement que s’est déroulée la présentation de M. Bakker, bien qu’un représentant du ministère des Ressources naturelles traduise par quelques interventions les propos du président. L’homme d’affaires de Vancouver a d’ailleurs indiqué à l’assemblée qu’il aurait le temps d’apprendre le français puisqu’il serait souvent dans la région durant les prochaines années.
L’entreprise minière publique veut développer la plus grande production de vanadium en Amérique du Nord, grâce au marché des batteries à longue durée faites à partir d’électrolyte du minerai extrait. C’est un projet audacieux puisque le Canada et les États-Unis représentent les plus grands consommateurs de ce produit alors qu’ils importent 100 % de leur électrolyte de vanadium, principalement contrôlé par le marché de l’acier.
La mine qui serait située à une trentaine de km de Chibougamau, tout près du projet de Métaux BlackRock, serait en compétition avec les autres pays producteurs de vanadium : la Chine, la Russie ainsi que l’Afrique du Sud. «Je veux mettre Chibougamau sur la carte», a-t-il annoncé à l’audience.
Il a d’ailleurs mis toutes les chances de son côté, puisque l’inventrice de la batterie d’oxydoréduction au vanadium (batterie longue durée qui peut être utilisée dans des éoliennes par exemple), Maria Skyllas-Kazacos, fait partie de son équipe.
Le président mise aussi sur le fait que son entreprise est publique, ce qui lui permet d’être en partenariat avec une chaire de recherche d’une université de Colombie-Britannique qui travaille sur lesdites batteries. Cette particularité assure aussi à la société plus de transparence, ce qui peut favoriser l’acceptabilité sociale du projet.
M. Bakker n’a pas voulu avancer de date par rapport au démarrage du projet. «Je ne suis pas ici pour vous dire quand débutera le projet, mais pour vous démontrer le potentiel de celui-ci.»
L’entreprise doit compléter son étude économique avant de se lancer dans son étude de faisabilité. On parle donc d’au moins une dizaine d’années avant de pouvoir débuter la construction. Questionné par des membres de l’assemblée, M. Bakker a indiqué que l’entreprise n’avait pas commencé à faire ses demandes de permis et n’était pas en contact avec Métaux BlackRock depuis environ un an et demi, précisant que son projet et modèle d’affaire était complètement différent de celui de la mine de fer, titane et vanadium.
Rappelons que, depuis une soixantaine d’années, ce gisement de vanadium a tenté bien des entreprises minières, comme Dominion Golf et Mackenzie Bay, bien qu’aucun de ces projets n’ait fonctionné. Pour M. Bakker, ces échecs s’expliquent par un mauvais «timing» de ces entreprises. Il estime que le marché des batteries est en croissance exponentielle.
«Le marché commence à être d’accord avec moi et à me donner confiance», a affirmé le président.
Selon le diaporama de M. Bakker, la construction de la mine pourrait créer entre 400 et 600 emplois.