Feux de forêt – Des dommages d’une ampleur à appréhender

Alors même que les ravages se poursuivent, des acteurs de l’industrie forestière considèrent déjà que les dommages ont atteint un niveau historique et que le gouvernement québécois devra faire preuve de rapidité et d’agilité pour l’aider à passer à travers.

Chez Barrette-Chapais, les opérations sont complètement arrêtées depuis le 31 mai. Une équipe est chargée d’examiner les différentes options pour rémunérer les travailleurs. Une partie des forêts brûlées est habituellement exploitée par l’entreprise, qui attend la levée de l’interdiction d’aller dans la forêt pour aller faire un inventaire.

Au niveau des impacts financiers sur l’entreprise elle-même, la coordonnatrice logistique forestière, Julie Boilard, concède qu’il y a un défi de taille auquel faire face. « On est habitués à gérer les arrêts de la SOPFEU, rappelle-t-elle. On fait ça chaque année. Mais ce qu’on vit présentement est exceptionnel et historique. On y va un peu au jour le jour. Barrette-Chapais a su s’adapter à toutes sortes de situations et de défis. On a une solide équipe en place, on va trouver une solution pour pallier tout ça. »

Des impacts durables

Les forêts exploitées par Chantiers Chibougamau, qui a notamment des installations à Chibougamau et Lebel-sur-Quévillon, sont également en proie aux flammes.

« C’est astronomique, d’une portée inédite », dit le directeur exécutif, développement corporatif de la compagnie, Frédéric Verreault. On n’a aucune idée de la hauteur des impacts, de leur portée et de leur durée. Ce que l’on sait, c’est qu’ils sont majeurs et qu’ils vont se faire sentir pour longtemps. »

Le complexe de bois d’ingénierie de Chibougamau fabrique des produits de bois sur mesure pour des constructions un peu partout en Amérique du Nord.

« Des chantiers étaient en cours […] qui attendent notre bois fabriqué sur mesure, explique M. Verreault. On a interrompu la production et les expéditions pour quelques jours. C’est un exemple des implications de la situation. »

Agilité et rapidité

« Ça brûle dans le Nord-du-Québec, au Saguenay-Lac-Saint-Jean et sur la Côte-Nord, partout où il y a des vieilles forêts attaquées par la tordeuse depuis des décennies, partout où il y a énormément de bois mort », analyse le président-directeur général du Conseil de l’industrie forestière (CIFQ), Jean-François Samray. […] Le dernier grand incendie qu’a vécu le Québec de cette ampleur était en 1871. »

« La ressource est attaquée, ajoute-t-il. Il va falloir faire un bilan. C’est sûr que si on regarde le nombre d’hectares brûlés, c’est un très, très grand volume. »

La priorité du CIFQ est que le ministère des Ressources naturelles et des Forêts émette rapidement des plans spéciaux de récoltes.  « C’est une course contre la montre pour créer le maximum de valeur avec ce bois, explique M. Samray. Plus les semaines passent et plus les insectes font des trous dedans. […] Dans un premier temps, on demande de l’agilité et de la rapidité d’action au ministère. »

Le CIFQ veut s’assurer que le gouvernement comprend bien la situation des opérateurs et des transporteurs forestiers dont les conditions sont actuellement précaires.

« Ce sont les plus vulnérables pour le moment, avance M. Samray. Ils ont des paiements à faire, qu’il y ait le feu ou non, donc ils ont besoin des semaines de récolte. Sans eux, il n’y a pas de récolte, pas de valeur ajoutée. C’est un secteur de l’industrie qu’on va suivre de très très près. »

Ressources humaines et prévention

Chez Barrette-Chapais comme chez Chantiers Chibougamau, quelques employés demeurent sur place pour sécuriser les infrastructures et prêter un coup de main à la SOPFEU.

Chantiers Chibougamau a encadré l’évacuation de ses travailleurs philippins, arrivés de fraîche date au Canada.

« Pour eux, qui sont des néo-Chibougamaois, c’est un premier épisode de feu de forêt, note Frédéric Verreault. Dans les minutes qui ont suivi l’avis d’évacuation, on s’est assurés que chacun de nos 65 travailleurs philippins et leur famille établis à Chibougamau aient un accompagnement pour que tout se passe bien dans leur départ et leur hébergement de transition. »

Ces travailleurs sont répartis dans différentes municipalité du Saguenay Lac-Saint-Jean.

Chez Barrette-Chapais, dans l’optique d’une éventuelle évacuation, les travailleurs provenant de l’étranger sont jumelés avec des travailleurs locaux qui vont les aider dans la transition.

Protection des sites

Personne ne demeure sur le site de l’usine de pâte Nordic Kraft de Lebel-sur-Quévillon, précise M. Verreault, de Chantiers Chibougamau.

« Nous avons des présences très restreintes d’une équipe de foresterie de Landrienne qui vient relever la sécurité du site et réduire les risques, on a quelques personnes pour faire des interventions ciblées, par exemple le traitement des eaux usées et contaminées. »

À Chibougamau, ajoute le directeur exécutif, près d’une quarantaine d’employés sont demeurés sur place à la demande de la SOPFEU pour réaliser des travaux d’appui : une équipe d’opérations forestières et une autre pour la protection de l’usine.

« On a aménagé un réseau d’arrosage préventif extrêmement robuste, dit-il encore, avec des citernes de dizaines de milliers de litres d’eau, qu’on a déployé sur les bâtiments pour les protéger dans le cas où le feu atteindrait le site de l’usine. On a des centaines de mètres de boyau, des pompes déployées pour être extrêmement agressives dans les interventions de protection et de défenses du site. »

Formation

Même dans le cas d’une évacuation, il est prévu qu’un petit groupe d’employés de Barrette-Chapais reste sur place pour assurer la sécurité et l’entretien des infrastructures de la compagnie à Chapais et Oujé-Bougoumou, par exemple par l’installation de lignes de protection mécanisées.

« Des employés de la compagnie participent également à la lutte contre les incendies, par de la formation, relève Julie Boilard. Des travailleurs participent aux tranchées, aux coupe-feux. Et nous sommes en discussion avec la SOPFEU pour héberger les pompiers français venus travailler ici.

À travers le Québec, rapporte Jean-François Samray, les travailleurs de l’industrie forestière supportent la SOPFEUpour arrêter les feux en cours.

« Les gens se mettent à l’œuvre pour protéger leur communauté. La mobilisation est là. »

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