Une dizaine d’employés philippins de Chantiers Chibougamau ont été logés au séminaire de Métabetchouan durant l’évacuation de Chibougamau, un séjour où leur inquiétude face à leur sort a été pondérée par l’hospitalité des citoyens.
65 travailleurs philippins ayant le statut de travailleurs étrangers temporaires sont engagés par l’entreprise qui les a sélectionnés et a commencé leur francisation avant même qu’ils n’arrivent au Canada. L’objectif est qu’ils obtiennent leur résidence permanente. Plusieurs sont à Chibougamau avec leur famille.
Lors de l’évacuation, Chantiers Chibougamau leur a offert un accompagnement particulier puisque leur connaissance du Québec et du français est parfois lacunaire.
Avec la Croix-Rouge
Native de Chapais, Rachel Durocher est devenue de manière informelle la « marraine » d’un groupe de 11 adultes sans enfants.
« Je travaille avec eux à l’aboutage, dit Mme Durocher, rejointe au téléphone le 9 juin dernier. Ils me connaissaient, ils parlent régulièrement avec moi, c’est rassurant pour eux. »
Lors de l’évacuation, les familles ont été envoyés dans des chalets et des maisons dans différentes municipalités du Lac Saint-Jean afin d’assurer leur confort.
« L’équipe de la Croix-Rouge a travaillé très fort pour nous garder ensemble. C’est plus facile de s’encourager », explique Mme Durocher.
Dans son groupe, les plus anciens sont au Canada depuis trois ans. « Quelques-uns ont appris le français; en général, ils parlent très bien anglais, c’est la seconde langue au Philippines, résume l’employée de Chibougamau. »
Au Séminaire, le groupe de travailleurs a bénéficié de chambres individuelles et de repas à la cafétéria.
« Les gens nous offrent plein de choses, on sent qu’ils ont à cœur notre confort, notre bien-être », avance Rachel Durocher.
Sécurité et inquiétude
Le groupe se sent en sécurité, note-t-elle, ses membres communiquent par Internet avec les autres travailleurs de Chantiers Chibougamau disséminés au Lac. Même s’ils sont logés, ils éprouvent néanmoins une certaine inquiétude face aux dépenses inhabituelles, à la semaine de travail perdue.
« La plupart sont venus ici [au Canada] pour envoyer de l’argent à leur famille, explique Rachel Durocher. Ils ont un budget à respecter. Ça ne fait pas 40 ans qu’ils travaillent à la même place, avec une maison payée. »
Le jeudi 8 juin, le groupe s’est divisé entre Chicoutimi et Québec pour faire un peu de tourisme, chercher des ingrédients culinaires propres à leur culture, ou encore accomplir des démarches administratives liées à leur immigration.
Une visite à la ferme
Vendredi dernier, Charles Côté-Potvin, un musicien et professeur au séminaire, a invité le groupe de réfugiés à visiter la ferme de son père, située tout près de l’école, et à y manger de la pizza.
« La terre où est situé le séminaire appartenait à ma famille avant, explique M. Côté-Potvin. Le directeur du séminaire m’a demandé d’aider à l’accueil, faire les lits, la traduction, etc. C’est normal, on avait la capacité d’accueil. »
L’enseignant souligne la gratitude du groupe d’employés qui a visité la ferme biologique de son père, Merci la terre. La ferme a une vocation agrotouristique on y fait des concerts, on y sert de la pizza et de la soupe sur la base d’une contribution volontaire
« On leur a fait faire un tour de la ferme. Certains veulent s’acheter un petit lot de terre quand ils seront de retour chez eux, raconte Charles Côté-Potvin. Ils devaient nous faire un souper philippin mais ils sont retournés à Chibougamau avant. Ils sont venus nous faire une accolade avant de partir. Ça a été un échange avec de la profondeur. »
Le groupe a quitté le séminaire à 8 h le 12 juin, à bord de voitures.