Le 15 septembre prochain, l’École de politique publique de l’Université de Calgary consultera virtuellement la population de Chibougamau et des environs sur le projet de Corridor nordique canadien de transports et de télécommunications.
Le projet, présenté initialement vers 2016, vise à constituer un réseau septentrional et pancanadien de transport routier, ferroviaire et pipelinier, de télécommunications et de distribution d’électricité, qui serait connecté au sud.
Projet de plusieurs milliards de dollars, le corridor permettrait d’accroitre les exportations vers l’Asie et l’Europe sans passer par les États-Unis. Ses promoteurs avancent en outre qu’il diminuerait le cout de la vie dans le Nord et favoriserait la souveraineté canadienne dans l’Arctique. L’École de politique publique de l’Université de Calgary a joué un rôle déterminant dans l’idéation du projet et est responsable du projet de recherche et des consultations.
En mode virtuel
La consultation qui se fera sur Zoom à Chibougamau le 15 septembre de 18 h à 20 h fait partie d’une tournée pancanadienne qui a commencé en février et se poursuivra jusqu’en octobre. Parallèlement, des tables rondes ont aussi réuni, jusqu’en juin passé, des acteurs sociaux et économiques des régions concernées. Les modes présentiel et virtuel ont été utilisés pour ces séries de rencontres. Un système de traduction simultanée sera utilisé à Chibougamau, l’équipe de l’école publique étant anglophone. La firme de consultation Transfert Environnement et Société assurera la liaison. « On voudrait aller dans toutes les communautés, mais nous sommes limités par le budget et les délais dus au protocole Covid, explique le directeur de programme du Corridor nordique canadien, G. Kent Fellows, qui est aussi cosignataire de l’étude initiale. On le fait plus en ligne qu’on voudrait. […] On a trouvé que ce n’était pas un mauvais substitut. […] La chose principale est d’avoir une rétroaction des gens, pour qu’on ne reste pas isolés dans notre espace académique à réfléchir à ces choses. »
La Grande Alliance
L’équipe du Corridor souhaite que les Chibougamois se prononcent sur les avantages et les impacts que pourraient avoir un tel corridor, sur les bénéfices qu’il pourrait apporter à des dynamiques locales. Le projet du Corridor nordique canadien s’arrime fortement avec le développement de réseaux de transports envisagés localement dans le cadre de la Grande Alliance. Cependant, il n’y a pas d’association concrète entre les deux démarches, affirme un porte-parole de la Grande Alliance.
« Le concept du Corridor nordique a déjà été soulevé en consultation parce que la remise en service de Grevet-Chapais a des objectifs communs, explique le porte-parole, mais nous n’avons pas été consultés dans le processus actuel. Dans tous les cas, on est heureux de voir qu’ils consultent la population puisque c’est un objectif central pour LGA. »
L’équipe de la Grande Alliance continuera d’ailleurs ses propres consultations à Chibougamau et Lebel-sur-Quévillon en septembre. Les dates restent à confirmer.
Ce qu’ils ont entendu
Lors des consultations à travers le Canada, beaucoup d’attention a été portée aux infrastructures de télécommunications et à l’Internet haute vitesse rapporte G. Kent Fellows. « C’est définitivement une priorité, observe le directeur du programme, en partie à cause de l’expérience de la COVID, mais aussi dans une perspective à long terme. »
Si les perspectives pouvaient varier d’une région à l’autre à propos des autoroutes ou des trains à haute vitesse, l’importance d’infrastructures de meilleure qualité pour les membres des communautés était généralement soulignée, particulièrement lorsqu’elles sont mal desservies et que les transports sont dispendieux. Les petites communautés ont également exprimé leur préoccupation pour la sécurité dans le cas d’une augmentation de la circulation.
Les informations colligées lors des consultations et des tables rondes sont utilisées dans le rapport final du Corridor nordique canadien, qui sera remis aux décideurs des secteurs privé et public, que ce soit local, provincial ou fédéral.
Consensus sur la concertation
Avec chacun son analyse bien sûr, des partis aussi dissemblables que les Conservateurs et les Néodémocrates se sont prononcés favorablement sur le corridor nordique, parfois présenté comme une seconde Transcanadienne. L’idée d’une stratégie globale pour penser les transports semble aussi faire consensus. « […] À un niveau fédéral et chez la plupart des contacts provinciaux à qui nous avons parlé, relate le docteur Fellows, il y a un support pour une planification plus stratégique des infrastructures et du transport. Le gouvernement fédéral a lancé une révision des infrastructures […] alors nous savons que c’est une priorité pour eux. Je ne pense pas que les partis se soient assis ensemble et se serrent la main, disant « Oui, nous allons bâtir le corridor » ou « Ça va aller ici », mais je pense qu’on perçoit plus d’intérêt à avoir une planification intégrée d’infrastructures à long terme […] plutôt que ce que nous avons maintenant, qui est une ici et une autre là. […]
Au niveau fédéral, les libéraux et les conservateurs sont intéressés par cela et plusieurs gouvernement provinciaux le sont aussi. Il y a un support très répandu pour changer la stratégie, bien que ce ne soit pas encore sur une proposition spécifique. »
Un concept en évolution
Au fil des années, justement, le concept de corridor nordique a évolué d’une proposition localisée et spécifique de tracés vers l’idée qu’importe avant une planification concertée. « Cela dit, je pense que le focus sur une construction nordique est très important, ajoute G. Kent Fellows. […] Nous ne promouvons plus l’idée d’un corridor qu’on commence à construire à Terre-Neuve et qui traverse le pays jusqu’à l’autre côte. C’est davantage à propos de comment nous planifions et connectons les infrastructures […]. »